Ce matin Onirym est réveillé par un raffut de tous les diables venant du couloir.
Il a à peine le temps de se lever et enfiler une chemise que la porte de ses appartements vole en éclat !
Il regarde, surpris, une bande d’orcs plutôt énervés entrer.
Il n’a pas le temps d’ouvrir la bouche pour réagir que le premier de la bande lui balance une mandale qui l’envoie direct dans les bras de Morphée (1) …
Lorsqu’il se réveille, plusieurs heures plus tard, avec un vrai bon gros mal de tête, il est ligoté comme un saucisson à un gros poteau en bois, au centre d’une tente en peau.
Il entend pas mal de raffut et de grognements venant de l’extérieur. Apparemment il est au beau milieu du campement des orcs !
Onirym essaye de gigoter pour tenter de se libérer de ces liens. Mais ils sont très serrés !
Il entend alors une voix provenant de sa droite. Il tourne la tête et voit un guerrier orc, dans l’ombre …
Orc : toi pas bouger, rester là sinon moi gourpif sur ton nez !
Onirym : merci pour le conseil mais qu’est ce qui se passe ?
Orc : vous être notre prisonnier, dit l’orc avec un grand sourire satisfait !
Onirym : oui je vois bien … Mais pourquoi ?
Orc : nous faire révolte parce que nous pas content ! Chef dire vous fichez tronche des orcs et ça pas gentil alors nous botter petit cul à vous pour avoir considération et honneur !
Onirym : ha mais il y a méprise … Je vous considère beaucoup !
Orc : ça pas vrai ! Sinon toi donner à nous femme or et alcool !
Onirym : oui bien heu … c’est à dire que chez nous il y a pleins d’autres manières de montrer sa considération alors …
Orc : pas chez orc ! Nous vouloir çà ! Et chef à nous super intelligent, lui négocier avantages avec votre roi !
Onirym : heu … Techniquement c’est moi qui suis ce qui ce qu’il y a de plus proche d’un roi par ici … Et comme je suis ligoté ici je ne sais pas avec qui votre chef va négocier ?
Orc : lui parti négocier avec gens du château !
Onirym : ha … mes ministres … Et bien je ne suis pas sorti d’affaire moi …
(1) Dans le panthéon divin, Morphée est la déesse des boissons chaudes. Et particulièrement du café. Mais comme les humains ne l’ont pas encore découvert, pour le moment elle ne sert à rien … Donc elle passe son temps à dormir ! Du coup dans l’esprit des gens, c’est la déesse du sommeil.
Au même moment dans la grande salle du palais d’Onirym …
Pépette : hé ! me laissez pas seule !!!!
Robert : vous inquiétez pas je suis là …
Pépette : mais où sont les autres ?
Robert : Sir Fribon notre courageux intendant c’est enfermé dans la salle du trésors, officiellement pour pas que les orcs le pille, officieusement c’est surement parce que c’est la pièce la plus sûre du palais … Et le capitaine Garmir, la dernière fois que je l’ai vu il courrait après ses gardes qui s'enfuyaient dans tous les sens dès qu’ils ont vu les orcs s’approcher …
Pépette : ha c’est pour ça que personne a sonné l’alerte et qu’ils ont pu entrer si facilement dans le château ?
Robert : oui …
Pépette : oui mais des gardes … C’est pas censé garder les portes et éviter justement que ce genre de situation se produise ?
Robert : si …
Pépette : donc on peut dire que les gardes du palais sont franchement nul ?
Robert : absolument …
Pépette ; sinon vous devriez pas vous mettre torse nu avec quelques peintures de guerre ?
Robert : Hein ? Pourquoi ????
Pépette : pour faire comme les orcs, pour les impressionner quand ils vont venir pour négocier …
Robert : je suis pas sûr que me voir torse nu soit impressionnant pour un orc …
Pépette : ha oui c’est vrai ! Vous êtes vieux et pas trop musclé !
Robert : merci …
Pépette : mais de rien !
Un domestique arrive, l’air paniqué : chef ! chef ! Ils sont là les orcs ! On fait quoi ?
Robert : et bien fait les entrer …
Domestique : ok …
Un grand orc à la peau verte foncée, les canines saillantes , le nez et les joues striées de cicatrices entre d’un pas décidé. Il porte une lourde masse à la ceinture.
Trois autres orcs presque aussi impressionnants le suivent.
Pépette murmure tout bas : j’ai peur …
Robert ne dit rien, mais il en mène pas large non plus.
Le grand orc s’assoit à la table, face à Robert, sans dire un mot.
Robert : heu … je vous en prie, asseyez vous ….
Orc : déjà fait !
Robert : je suis Sir Robert, Chancelier du palais je représente Sir Onirym lorsqu’il est absent … Et comme vous l’avez kidnappé et bien il est pas là … Donc je le remplace … Et voici Dame Pépette, l’aide de camp personnelle de Sir Onirym. S’il vous plaît criez pas trop fort sinon elle va se mettre à pleurer …
Orc : toi tu parles trop !
Robert : ha bon ? D’accord …
Orc : Moi grand Wargol chef de la tribu orc d’ici. Nous pas content donc nous prendre chef à toi pour que toi écoute bien ce que moi j’ai à dire !
Robert : ha la je suis tout ouïe …
Pépette : moi aussi …
Wargol : si vous pas faire ce que nous voulons, nous partir d’ici.
Robert : oh se serait dommage …
Wargol : mais avant nous tuer Onirym et tout foutre en l’air dans la cité !
Robert : oh se serait vraiment dommage !
Pépette se met à sangloter : mais pourquoi est il si méchant ????
Robert : bon qu’est ce que vous voulez ? De l’or ?
Wargol : non !
Robert : de l’alcool ?
Wargol : non !
Robert : Des vivres ? Des maisons ? Des breloques pour faire du commerce ?
Wargol : non !
Robert devient blême. Vous voulez pas … nos femmes quand même ?
Wargol : non
Robert à l’air soulagé, mais du coup très préoccupé.
Pépette se penche vers lui et lui murmure à l’oreille : mais pourquoi les orcs voudraient des femmes ? Je comprends pas ?
Robert lui fait signe qu’il lui expliquera plus tard (au fond il espère jamais), se tourne vers le chef orc et dit : mais alors ? Qu’est ce que vous voulez ? Me dites pas que vous avez mis le bordel dans toute la cité juste pour occuper votre journée ou faire chier le monde ?
Wargol : si entre autre … Mais pas que !
Robert : et ?
Wargol : j’ai trouvé ça très marrant de venir perturber votre routine de petit bourgeois et venir bousculer votre confort et vos certitudes ! C’était si facile …
Robert : donc on est sur des revendications sociétales voir politiques ?
Wargol : il y a de ça …
Robert : et donc ? la suite ?
Wargol : on en a marre que tout le monde se moque des orcs. Sous prétexte qu’on vit pas comme vous, votre peuple nous méprise ou au mieux a peur de nous …
Robert : enfin avec des comportements comme ceux d'aujourd'hui c’est normal que les gens aient peur de vous !
Wargol : vous étiez bien content de nous trouver quand il fallait bâtir votre cité et la défendre … Les orcs, ils sont stupides, c’est une main d'œuvre facile ! On les fait bosser après on leur file un ou deux sangliers et on a la paix …
Robert : heu …
Pépette : ha bon ? on leur donne des sangliers ?
Wargol : ou pas …
Robert : vous voulez plus de sangliers ?
Wargol : tu veux que je te fasse comprendre les choses en te fracassant ta tête dure avec ma masse ?
Robert : non pas la peine d’en arriver là …
Wargol : on veut plus de considération ! On veut continuer à vivre comme on l’a toujours fait, comme il nous plaît mais on veut plus que les gens se moquent de nous ou nous méprise ! Nous sommes égaux.
Robert : ah oui oui tout à fait nous sommes égaux !
Pépette : même si certains sont plus égaux que d’autres …
Wargol se lève : donc je vous laisse jusqu’à après la lune pour trouver une solution. On revient demain et vous nous direz ce que vous comptez faire pour nous. Sinon on met nos menaces à exécution !
Wargol tourne les talons et sort de la pièce suivi de ses trois guerriers …
Longtemps après leur départ Pépette ose enfin ouvrir la bouche : et bien on est pas dans la m….
Robert : je vous le fais pas dire.
Quelque part sous une tente, dans le campement des orcs, Onirym est en train de manger. Le guerrier orc qui le surveille l’a détaché et plusieurs autres orcs ont amené des victuailles pour le repas.
Onirym : la vache c’est rudement bon !
Orc : on n'est pas du genre à se laisser aller ! Bouffe très importante !
Onirym : en tout cas je vous remercie de m’offrir un si bon repas. J’avais bêtement imaginé que vous alliez me laisser crever de faim et de soif ligoté à ce poteau …
Orc : non ça pas bien.
Onirym : oui je vous en remercie.
Orc : non pas bien si toi pas manger.
Onirym : c’est ce que je me dis.
Orc : parce que si négociations marchent pas, nous bouffer toi ! Et pour çà toi doit être bien nourri sinon viande pas tendre !
Onirym fait une grimace et pose son écuelle ; j’ai plus faim d’un seul coup …
Orc : pffff …. Trop facile couper l'appétit à toi …
Dehors Onirym entend les tambours de guerre et les guerriers qui crient et frappent leur torse ou leur bouclier en rythme … Ça crée une ambiance assez sinistre et angoissante …
Onirym : heu … ils vont faire ça longtemps ?
Orc : ça être pour impressionner blanc-bec de la ville.
Onirym : et bien ça doit vachement marcher !
Orc : pour dissuader eux attaquer nous
Onirym : je les connais un peu … Il n’y a personne d’assez courageux ou téméraire pour faire ce genre de chose …
Orc : donc eux pas venir sauver toi ? Du coup moi pouvoir commencer à bouffer bras de toi ?
Onirym : non non je préfère pas !!!!
Orc : haha drôle !
Onirym : humour orc … Difficile à comprendre …
Le lendemain, dans la matinée Deds73 et Zinkprod, les chefs des voisins malins sont en route pour la cité d’Onirym. Ils ont reçu la veille un message plutôt inquiétant :
Nous orcs, avons pris le contrôle de la cité d’Onirym. Ne cherchez pas à intervenir, on règle ça entre nous.
Signé : les Orcs
PS : c’est mestre Céryl qui vous écrit ce message, les orcs m’ont obligé …
Deds73 et Zinkprod savent bien qu’Onirym n’est plus à une blague prêt … Mais bon là dans le doute, ils ont eu envi de vérifier par eux-mêmes !
Lorsqu’ils arrivent en vue de la cité, ils remarquent tout de suite que quelque chose ne va pas !
Les drapeaux des différents clans orcs trônent au-dessus des portes de la cité, grandes ouvertes !
Un flot continu de réfugiés quitte la ville.
Ils interrogent les premiers qu’ils croisent et ils confirment leurs craintes : les orcs ont pris le contrôle de la cité. Personne ne sait où sont passés les gardes ! Les chevaliers ont tenté une sortie, ils se sont pris un sacrée raclé ! Du coup ils sont à l’infirmerie … Les orcs ont kidnappés Onirym et c’est le chef des orcs, un certain Wargol qui a élu domicile dans le palais …
Ni une ni deux Deds73 et Zinkprod remontent la grande rue, direction le palais !
Ils traversent le grand hall, croisent quelques domestiques terrorisés et un groupe d’orcs surpris.
Ils déboulent dans la salle de réception ou une grande estrade a été érigée dans un coin avec un gros fauteuil et des peaux d’ours. Un grand orc massif est assis dessus. Autour de lui des orcs sont en train d'amener tout un tas d’objets récupérés dans le palais et la cité …
Deds73 se dirige droit vers le chef : et oh toi ! Ça va pas la tête ? Qu’est ce qui te prend de mettre le bazar comme ça ?
Wargol se retourne surpris vers les deux arrivants : Mais qui êtes vous pour venir troubler paix et sérénité de mon palais ? Onirym parti ! Badaboum ! Moi nouveau chef maintenant !
Deds73 : Ah oui ? et vous croyez qu’on va vous laisser faire comme çà ? Sans rien dire ? Vous avez de la chance que j’ai pas apporté mon fouet sinon je vous aurais déjà claqué le nez ! Mais j’ai la botte gauche qui me démange et je suis à ça de vous la mettre dans l’arrière train pour vous expliquer la vie !
Wargol émet un grognement … Les orcs arrêtent leurs activités, saisissent leurs armes et se tournent vers les nouveaux venus …
Zinkprod s’avance d’un pas : vous êtes le chef ? Très bien ! Par contre faut pas se la jouer chef orc qui n’en fait qu’à sa tête … Vous êtes ici dans une cité civilisée … Avec des obligations et des responsabilités ! Si vous voulez rester là, pas de soucis mais vous devrez faire ce qu’il y a faire !
Wargol : nous fiche le bazar pour que vous respectiez nous !
Zinkprod : ha mais je vous respecte ! Tant que vous gérez correctement les choses je vous respecte ! Tant que cela file droit je vous respecte ! Mais si ça commence à partir en cacahuète, ou que vous ne faites pas face aux événements … La ça va barder !
Wargol : comment ca barder ?
Zinkprod : prenez les menaces de ma chère Deds73, multipliez-les par beaucoup et vous aurez une petite idée de se qui risque de vous arriver !
Wargol se lève et crie : moi chef ! Moi faire ce que je veux !
Zinkprod : ha pas du tout mon petit bonhomme ! Toi chef ok ! Mais toi pas faire ce que tu veux ! Toi ici pour gérer les emmerdes et faire en sorte que tout marche bien !
Wargol : ça pas drôle du tout …
Zinkprod : et je te le fais pas dire ! Là je ne suis pas encore rentré dans les détails, il nous faudra au moins 3 ou 4 heures pour que j’explique tout ce que tu as à faire !
Wargol : ça pas drôle du tout !
Zinkprod : non c’est pas drôle et se sera cela tous les jours ! On est pas là pour rigoler ! On est là pour faire en sorte que tout roule et c’est très sérieux ! Alors si tu veux un petit conseil et que je continue à te respecter je pense que tu ferais mieux de lâcher l’affaire, d’aller chercher Onirym et de le remettre sur le trône ! Comme ca tu pourras retourner avec tes hommes dans votre campement et continuer à vous amuser, sans avoir rien d’autre à vous occuper ! La belle vie quoi !
Franchement les gars, vous êtes sympa …
Deds73 : et mignons …
Zinkprod : et mignons … Ce serait dommage de vous gâcher l’existence avec toutes ces contraintes ! Vous valez mieux que ça !
Wargol : vraiment ? Vous trouvez ?
Zinkprod : tout à fait
Wargol : si moi faire ça toi respecter nous orcs ?
Zinkprod ; à fond ! Beaucoup plus en tout cas que si vous vous obstinez dans votre rébellion stupide et que vous continuez à me mettre tout le royaume en l’air ! Là mon respect il va s’en aller et laisser place à la colère !
Wargol fait un grand signe : Ok les gars, on a assez rigolé ! On remballe tout et on rentre au campement. On vous laisse votre bazar d’humain !
Zinkprod : c’est bien çà ! Sage décision ! Et n'oubliez pas de nous renvoyer Onirym !
Deds73 : en un seul morceau si possible !
Warlog leur fait signe que c’est OK et rappelle tous ces orcs. Ils se dirigent sagement vers leur campement à la périphérie de la ville …
Et c’est ainsi que se termine la révolte des Orcs.
Après une grande fête en l’honneur de Deds73 et Zinkprod, les sauveurs, Onirym décide de réformer son corps de garde de la cité. Les événements futurs montreront que ce ne sera pas une franche réussite …
Pépette passe trois jours accrochée à la jambe d’Onirym en sanglotant de joie, de le revoir …
Robert le chancelier reçoit aussi une médaille pour sa gestion de la crise.
Garmir fut chargé d’apporter des présents aux orcs régulièrement, avec de la bière et de la viande, pour leur rappeler à quel point tout le monde les respecte … Vaut mieux être prudent et éviter qu’ils aient envi de remettre ça…