Un dernier regard sur le puits sombre et infini. Imzen pense à toutes ces âmes qu’il a jeté en sacrifice dans ce puits. Quelques larmes coulent sur sa peau laiteuse. Mais se ne sont pas des larmes de tristesse, ou de regret, non … Il ne regrette rien et s’il devait encore sacrifier des milliers d’âmes il le ferait sans hésiter ! Après tout, ils méritent tous de mourir !
Ça y est la rage et la colère l'envahissent ! Il pousse un hurlement terrible. Il se tourne vers l’un des corps attaché à des paternes dans la pièce. Du bout de ses griffes, il trace un sillon carmin dans la peau d’un condamné. Celui-ci pousse à peine un gémissement de douleur car il est déjà plus qu'à moitié mort ...
Imzen se tourne vers un gobelin tout ratatiné qui le suit comme une ombre sans rien dire.
Imzen : ils commencent à ne plus être de toute première fraîcheur nos sacrifiés ! N’oubliez pas que nos démons se nourrissent de leur âme et de leurs cris de douleur ! Jetez les dans le puits et allez m’en chercher d’autres !
Gobelin : Oui maître ! Comme il vous plaira.
Pendant que les gobelins s’affairent à préparer les suppliciés, Imzen remonte aux étages supérieurs du temple. Les vastes pièces grouillent de démons affamés, que les nombreux gobelins ont du mal à canaliser …
Les couloirs du temple noir sont emplis d'une odeur de mort, de sang et de désespoir …
Un avant goût de ce qu’il réserve aux habitants d’Arendyll !
Il passe les heures suivantes à sillonner le temple, vérifier tous les préparatifs, les rituels et les sacrifices.
Un sentiment d'excitation l’envahit, c’est bientôt l’heure de la grande invasion, sa vengeance va pouvoir commencer !
Puis il rentre dans ses appartements, où deux esclaves lui ont préparé un bain de sang frais.
Imzen renifle, un rictus mauvais apparaît sur son visage : ce n’est pas du sang humain !!! Pourquoi ???
Les esclaves se mettent à trembler : il n’y a plus de stocks mon seigneur, tous les prisonniers ont déjà été sacrifiés…
Les gobelins nous ont apporté des bouquetins des montagnes, nous avons fait au mieux je vous le jure.
Imzen tranche la gorge de l’esclave puis déclare : La mort est la seule issue à ceux qui ne satisfont pas les désirs du messager de la mort. Je suis la voix du Dieu Sombre, le fléau des mondes, la clé qui ouvrira la porte au grand karhn le dévoreur de monde ! Et vous me parlez de futiles contraintes de logistique ??? Ce n’est pas acceptable. Votre sang sera mon sacrifice, vous auriez dû y penser par vous même !
Puis il se tourne vers le second esclave, tremblant de peur, les yeux écarquillés et le regard figé par l'angoisse : vous ! Si vous ne voulez pas finir comme lui, tâchez de me préparer un bain convenable pour demain …
L’esclave vient se prosterner au sol : oui maître ! Puis il se lève et s’en va en courant.
Imzen quitte sa toge, révélant son corps chétif et noueux, d’une blancheur extrême. Sa peau est striée de nombreuses cicatrices rougeâtres et sombres, dont certaines semblent encore suinter et laisser s’écouler le sang noir de l’elfe maudit.
Instantanément, son corps est soulagé dès qu’il rentre dans le bain. Il ne souffre plus. Physiquement en tout cas …
Imzen ferme les yeux. L’espace d’un instant il est apaisé. Mais cette sérénité ne dure qu’un moment. Au loin, dans les profondeurs du temple, l’écho porte les hurlements d’un supplicié …
Et cet hurlement fait écho dans son esprit à un autre hurlement … Sa mémoire se déchire et il revit une nouvelle fois cette terrible scène …
Kementari, sa bien aimée, sa douce âme pure est face à lui, elle tend la main dans sa direction alors que son corps plonge vers l'abîme. Ses longs cheveux d’or forment une auréole autour de son doux visage ! Ses yeux clairs expriment la peur, et de ses douces lèvres carmins s'élèvent ses dernières paroles étranglées : Imzen sauve moi …
Son corps disparaît dans les nuages et sa douce aimée poursuit sa chute mortelle vers Arendyll. Alors qu’Imzen est là, impuissant, à hurler, sur cette terrasse de la Cité d’Argent.
Son cœur s'est arrêté de battre au même instant ou l’âme immortelle de Kementari quittait son corps et entamait son long chemin vers le royaume des trépassés.
Au loin, l'ombre de l’assassin s’enfuit. La main qui a poussé sa chère et tendre se cache, lâchement…
Imzen n’a plus la force d’hurler. Sa peau est devenue aussi blanche que l’était l’âme de Kementari. Pour la première fois des larmes de sang coulent sur ses joues.
Son cœur recommence à battre, doucement, de manière sourde et profonde. Il bat mais il est maintenant alimenté par la haine, la douleur et la souffrance.
L’âme d’Imzen ne se relèvera pas de cette épreuve et sera complètement consumée par ses noirs desseins de vengeance.
Tuer tout le monde, détruire la Cité d’Argent, tel est maintenant son seul fantasme.
Sa vision se trouble. Ça y est, son corps recommence à le faire souffrir, le mal le ronge, la douleur revient.
Le gobelin entre dans la pièce en faisant milles courbettes : mon seigneur nous n’avons plus d’humains à sacrifier. Devons nous prévoir de nouveaux raids pour en rapporter ?
Imzen : non inutile. L’heure est venue. Libérez les démons, que les phalanges se mettent en marche. Suivez les chevaliers du tonnerre et allons marcher sur Arendyll. Direction le royaume d’Onirym.