C’était pourtant une belle journée qui débutait. Les petits oiseaux gazouillaient en se début d’été dans les arbres, le soleil s'est levé sur l’horizon, illuminant le ciel de ses rayons rouges orangés …
Une légère brise s'est levée, venant de l’est … Et avec elle une horde de chauves-souris géantes chevauchées par des hobgobelins hystériques. Ils ont fondu sur la ville d’Onirym et le campement de l’armée, traversant les nuages à tir d’aile et apportant la mort venue du ciel en quelques instants.
Leurs flèches enflammées ont allumé des incendies un peu partout …
Puis leurs montures ont arraché du sol les pauvres malheureux qui passaient sous leurs griffes, les lâchant tels des pantins désarticulés haut dans le ciel, avant de replonger encore et encore semant la mort et la panique à chaque passage.
C’est à peu près au même moment que le 6è fléau commença à se manifester … Mais du coup c’était bien loin des préoccupations des habitants de la cité, terrifiés !
Alors que les troupes volantes hobgobelins sèment le chaos dans l’armée d’Onirym, Imzen place ses autres troupes tout autour de la cité. L’armée d’Onirym est donc prise au piège entre les murailles de la cité et la horde du chaos !
Imzen veut couper toute retraite aux troupes ennemies. Il n’y aura pas de quartier.
Dans le campement c’est la panique ! Quelques téméraires essayent d’offrir une (faible) résistance aux chevaucheurs hobgobelins, pendant que les sergents hurlent des ordres tout en enfilant leur armure …
Garmir fait irruption dans la tente d’Onirym.
Garmir : sir ! il faut ordonner la retraite ! Réfugiions nous dans la cité !
Onirym : Hors de question chevalier ! Si nous nous réfugiions dans la cité, il y a aura un siège et les troupes du Dieu Sombre massacreront sans distinction tous les civils et habitants de la cité. Si nous sommes installés en dehors de la ville c’est justement pour éviter ce massacre.
Ressaisissez vous et organisez vos chevaliers, la cavalerie doit faire une sortie et défoncer les troupes ennemies avant qu’elles aient le temps de s’organiser en bataillon !
Garmir : mais c’est de la folie ! Vous voulez nous envoyer à la mort !
Onirym finit d'enfiler son armure et dit d’un air grave : chevalier, je ne sais pas pour qui se lève le soleil aujourd'hui mais il y a des chances que ce soit notre dernier. Reprenez vous et montrez vous digne de votre titre de chevalier !
Onirym sort de sa tente, épée au clair et court vers le lieu de l’escarmouche, au milieu du campement.
Déjà le sol est rougit par le sang, et un peu partout il y a des corps désarticulés, les malheureux qui ont été précipités dans le vide par les chauves souris …
Une mélopée couvre les hurlements des soldats. Un groupe de mages finit son incantation et une gigantesque boule de lumière apparaît au-dessus du campement, éblouissant les chauves souris !
Un seigneur elfe hurle un ordre : Efen Karel imliren !
Et une volée de flèches d’argent parcourt le ciel venant transpercer les volatiles.
Le sol se met à gronder. Trois cents chevaliers se regroupent et poussent leurs montures, étendards au vent, vers les troupes ennemies.
A leur tête Garmir, suivit de près par son écuyer Tobias qui porte haut l'étendard d’Onirym.
Les chevaliers foncent vers les troupes au sol du Dieu Sombre et dans un fracas métallique et d’os qui se brisent, d’une rare violence, l’affrontement commence.
Onirym les regarde partir, un instant il songe : ils vont nous offrir le répits nécessaire pour organiser l’armée, face aux troupes ennemies. Garmir, que les Dieux vous protègent !
La charge des chevaliers est rapidement brisée par le flot des démons et la rencontre avec les premiers Trolls du chaos …
Au bout de quelques minutes la moitié de la troupe a trépassé. Au bout de cinq minutes de combat acharné, ils ne sont plus qu’une poignée autour de Garmir. Tobias s'est fait faucher dès les premiers instants de la charge par la massue d'un Troll. Garmir a rattrapé la lance portant l’étendard et à embrocher au moins cinq démons avec. Puis la lance s’est brisée sur l’armure d’un guerrier du chaos, en le transperçant de part en part.
Garmir a pris alors son épée et tranché, tranché, la force décuplée par le désespoir et le besoin impérieux de faire gagner du temps à l’armée d’Onirym …
Mais même les bonnes actions ne protègent pas du souffle glacial de la mort …
Les cavaliers tombent un à un autour du valeur chevalier.
Garmir regroupe les survivants. Son cheval est mort depuis longtemps, il est à pied, couvert de sang. Deux choix s’offrent à lui : tenter une percée en arrière puis rejoindre la ligne de front, ou … plonger plus avant dans l’armée maudite et emporter le plus d’âmes possible avant de trépasser. Alors il se souvient de son serment : un chevalier ne recule pas face au mal. Il saisit fermement la garde de son arme, hurle pour se donner du courage et galvaniser ses camarades et fonce dans le tas !
Le temps passe et la mort ne veut pas de lui. Il tranche, perce, fracasse tout ceux qui se présentent face à lui.
Puis un Troll gigantesque abat sa massue, écrasant deux chevaliers d’un coup. Un autre Troll envoie trois autres chevaliers à trépas d’un seul coup.
Garmir se tourne et leur fait face.
C’est alors que le gobelin à l’armure rouge arrive derrière lui et le transperce de son épée.
Ses forces l’abandonnent d’un seul coup. Garmir tombe à genoux. Il ne souffre pas. Il sait que tout est terminé mais il n’a pas peur.
Le gobelin enfonce encore son épée au travers de son corps, et lui murmure à l’oreille :
Gobelin : je suis Sirhin le perfide, à la langue fourchue … Ça fait quoi de mourir comme ça, grand capitaine ?
Garmir, dans un dernier souffle murmure : je ne suis pas capitaine, je suis chevalier …
Il tourne la tête, vers le soleil qui se lève … Le dernier levé de soleil …
Le gobelin retire son épée en ricanant et un troll abat sur lui sa lourde masse, faisant voler en éclat son armure, brisant ses chairs et ses os …
La vie le quitte, le sanglier est tombé. Mais il a réussi. Il est mort en chevalier.
Les troupes se mettent rapidement en place et s’organisent, dans la plaine, face à l’armée du Dieu Sombre.
Le sacrifice des trois cents chevaliers et de Garmir leur a laissé le temps de s’organiser.
Les archers elfiques ont coupé court à l’incursion des chauves souris.
Le silence est revenu dans la plaine. Le soleil est maintenant haut dans ciel, et brille ardemment.
Ce n'était qu’une petite escarmouche, le frémissement de l’horreur de la bataille qui se prépare et pourtant les coeurs sont déjà lourds et les pertes importantes …
C’est drôle, mais Onirym a toujours été persuadé qu’Imzen attaquerait de nuit. Pour le côté théâtral peut être et le coup de l’armée des Ombres ça claque mieux la nuit … Quoi que pour avoir des ombres il faut de la lumière …
Au moins une partie des troupes du Chaos seront inopérantes, les vampires par exemple. Et pas mal de démons n’aiment pas trop la lumière du soleil d’après ce qu'on lui a dit. Mais ça montre qu’Imzen est sûr de lui, de sa puissance, pour choisir de se passer d’une partie de ses troupes comme çà … C’est pas rassurant …
Onirym scrute l’horizon, nerveusement. Mais rien ne vient. Pas de nains de la montagne, pas de Dieux de la Cité d’Argent avec Lucy, pas de Sinara, pas de Deds73 ….
Il fait une rapide prière intérieure : mes amis, où que vous soyez, si vous comptez nous venir en aide, c’est maintenant ! Parce que après je pense qu’il sera trop tard ...
Onirym lève la visière de son heaume, pour que tout le monde puisse le voir. Il sort son épée du fourreau et la lève haut au-dessus de sa tête. Il fait un signe discret au soldat placé à côté de lui et celui-ci lève l’étendard du royaume d’Onirym : Une farouche Licorne, crinière au vent, en ruade, frappant le sol de son sabot, sur fond vert émeraude avec bande de gueule.
Partout dans l’armée les drapeaux, étendards et oriflammes s'élèvent !
Onirym parcours son host d’un regard triste, il pense : tant d’hommes vont mourir.
Pépette vient poser sa main sur son épaule et lui répond, comme si elle avait entendu sa pensée : pensez plutôt Sir à tous ces gens que vous allez sauver en arrêtant ici l’armée du Dieu Sombre …
Onirym lui sourit, son regard devient plus dur, plus volontaire et il se lance dans un discours pour galvaniser les combattants.
Onirym : Fils d’Arendyll !
Je lis dans vos yeux la même peur qui pourrait saisir mon coeur.
Mais n’oubliez pas que vous êtes les porteurs d’espoir !
Le rempart face à la nuit, le bouclier de la vie !
Un jour peut venir où le courage des hommes faillira, où nous abandonnerons nos amis et briserons tout lien
Mais ce jour n'est pas arrivé !
Ce sera l'heure des loups et des boucliers fracassés lorsque l'âge des hommes s'effondrera
Mais ce jour n'est pas arrivé !
Car aujourd'hui nous allons combattre ! Pour tout se qui nous est cher !
Et c’est ainsi que débute votre garde. Jusqu'à la mort, vous la monterez.
Vous ne servez pas la gloire, la fortune ou la cupidité,
mais vous servez l’honneur !
Vous vivrez et mourrez à votre poste. Votre bouclier ne faiblira pas ! Votre épée ne se brisera pas,
car notre cause est juste !
Nous sommes l'épée dans les ténèbres. Nous sommes les veilleurs au rempart.
Nous sommes le feu qui brûle contre le froid, la lumière qui rallume l'aube, le cor qui secoue les dormeurs, le bouclier protecteur des royaumes humains.
Pour tout ce qui vous est cher, sur cette bonne terre; je vous ordonne de tenir, Hommes de l'ouest !
Je voue mon existence et mon honneur à cette cause, je lui voue cette journée radieuse,
comme pour toutes les autres à venir !
Quoi ? Onirym aurait plagié le discours d'Aragorn face à la porte noire ? Et il y aurait aussi des passages du serment de la garde de nuit ???
Non ... Vous êtes sûrs ? Cherchez bien ...
Un rugissement provient de l’aide gauche de son armée :
Grazz : bien dit avorton ! Maintenant allons fracasser des crânes ! Peaux vertes, avec moi !!!
Il s’élance vers l’armée du Chaos, suivi par des centaines, des milliers d’orcs terrifiants.
A la droite d’Onirym, un général elfe murmure : nous n'allons tout de même pas laisser l’honneur du premier sang à ces orcs ? Danseurs de guerre avec moi !
Et dans un silence feutré les elfes avec leurs longues lames s’élancent eux aussi vers l’ennemi.
Puis derrière eux, toute l’armée se met en branle, s'élançant en hurlant !
Onirym tire sur la longe de son cheval et s’élance lui aussi en pensant : ca y est nous y sommes …
Dans sa tente, loin derrière la ligne de front, Imzen entend la clameur des troupes qui s’élancent.
Un gobelin entre dans sa tente, l’air surpris. Avant qu’il ait pu parler, Imen lui dit : oui j’ai entendu … Ainsi donc les humains sont si pressés de mourir qu’ils lancent l'assaut ? Bien, ne les décevons pas, massacrez les tous !
Pendant se temps là, au sommet du mont du Destin …
Sinara a posé un genou a terre. Elle est auréolée d’une lumière vive et crépitante. Elle serre les dents pour ne pas hurler de douleur. Tout son corps semble comme se consumer de l'intérieur ...
Joël s’approche d’elle, mais s’arrête à quelques mètres, incapable d’avancer plus à cause de la chaleur.
Il lui hurle, inquiet : Sinara ? Ça va ?
Mais la jeune fille ne l’entend pas. Dans son esprit, l’immense et ancestrale présence du dragon occupe toutes ses pensées.
Dragon blanc : ainsi donc tu es prête à faire le sacrifice. Vous m’étonnerez toujours petits humains. Si faibles, si fragiles mais pourtant si forts et pleins de volonté dès qu’il s’agit de vous protéger les uns les autres … Alors que vous êtes aussi les premiers à vous étriper allégrement ! L’homme est un loup pour l’homme … Je sens que même toi tu ne sais pas …
Sinara : je vous interdit de lire dans mon esprit !
Dragon blanc : j’y suis bien obligé petite fille, pour y implanter les commandements draconiques … Et ouvrir le grimoire des souhaits. Et puis, ça vaut se que ça vaut, je suis toujours curieuse de lire les pensées profondes des gens … Et je peux dire que je pense que tu es une belle personne …
Sinara : merci … mais si on pouvait abréger, parce que je sais pas si je vais tenir encore très longtemps …
Dragon blanc : donc tu ne réalises pas complétement se qui est en train de t'arriver … Cela ne m'étonne pas. J’ai bien peur d’être porteuse de mauvaises nouvelles, la cérémonie est loin d’être terminée …
Des larmes de douleur coulent sur la joue de Sinara, et sous l’effet de la chaleur et de l’énergie immense, elles se transforment instantanément en diamants …
Autour d'eux le ciel s’obscurcit.
Bibiche, le griffon devient nerveux.
Joël aussi a un mauvais pressentiment, il tire sa lame et scrute tout autour de lui le sommet de la montagne.
C’est comme si la nuit tombait d’un seul coup. Hormis le dragon et Sinara qui forment une bulle d’énergie lumineuse et ardente …
Trois silhouettes sortent de l’ombre. Trois femmes à la peau d’une blancheur irréaliste, mais d’une beauté si animale, si intense, que Joël en reste bouche bée.
Les trois femmes s’avancent vers lui, sans un bruit.
Vampire rousse : regardez mes soeurs, le destin nous offre le sacrifice d’un Dieu !
Vampire blonde : j’en salive d’avance …
Vampire brune : mes sœurs, nous ne sommes pas là pour les festivités, ce sera notre dessert, occupons nous d’accord de réduire ce dragon et cette humaine en charpie !
Bibiche donne un coup de bec sur le bras de Joël, l’aidant à reprendre ces esprits.
Il se met en garde, les pieds ancrés sur le sol et hurle : vous ne passez pas !
Les trois vampires continuent d’avancer, peu impressionnées apparemment par la tirade de Joël.
Vampire blonde : laissez le moi, je m’en occupe, pendant que vous réglez son compte au gros lézard !
Dans l’esprit de Sinara, le dragon semble inquiet.
Dragon blanc : il semble que nous ayons de la compagnie ! J’ai bien peur qu’il me faille faire vite si nous ne voulons pas être interrompus et mourir ici tous les deux !
Le dragon se redresse, majestueux face à elle, et du bout d’une de ses griffes arrache une écaille scintillante de son torse. Sinara partage avec lui toute la douleur générée par ce sacrifice.
Elle ne peut s'empêcher d’hurler et tombe les deux genoux au sol.
Le dragon prononce des paroles ancestrales et plonge l’écaille dans le ventre de Sinara.
Alors que les vampires s’avancent pour contourner Joël, celui si d’un geste vif plonge sa lame en direction de la vampire rousse.
Elle esquive la lame d’un simple geste de la main.
Vampire rousse : tu crois que s’est avec ce genre de pirouettes que tu vas nous arrêter ?
Joël sourit. Il est quasiment au corps à corps avec la vampire.
Joël : non, c’est avec celle-là !
Et il plonge dans le cœur de la vampire une courte lame brillante qu’il fait sortir de sa manche.
La vampire titube, recule d’un pas. Un filet de sang vermillon se met à couler à la commissure de ses lèvres. Elle passe sa main sur sa blessure, surprise et regarde le sang couler.
Elle murmure : ah ben merde alors ..
Et elle tombe en poussière !
Les deux autres vampires poussent des cris de rage et de consternation !
Joël se remet en garde, ses lames bien en main : et oui ne sous estimez jamais le Dieu des Baroudeurs ! J’ai roulé ma bosse et entendu bien des choses sur votre espèce ! Cette lame d’argent a été forgée par un antique mage-forgeron, spécialement pour vous renvoyer dans votre niche ! il n’y a pas que les pieux qui fonctionnent ! Qui est la prochaine ?
Le doux visage des vampires se transformé en un masque de haine et de rage. Elles foncent toutes les deux sur Joël. Elles sont d’une rapidité stupéfiante.
Joël fait de grands moulinets pour parer leurs attaques. Mais il pleut, tout autour de lui, des coups de griffes. Il ne peut pas tout esquiver et bientôt son corps est couvert de plaies et de blessures. Il ne va pas tenir encore longtemps comme cela …
Alors il décide dans un geste fou de se concentrer uniquement sur l’une des deux vampires. Il la fixe, anticipe sa prochaine attaque, la bloque avec son bras et l’attire à lui pour lui planter sa lame dans le coeur !
C’est une réussite, dans un dernier râle la vampire blonde se transforme en cendres.
Mais la dernière vampire en profite pour passer rapidement derrière lui. D’une main elle bloque le bras porteur de mort de Joël et de l’autre elle lui maintient la tête. Ses longs crocs s'enfoncent dans le cou de Joël ...
Bibiche s’envole d’un bond, toutes griffes dehors, vers la vampire brune.
Joël lui hurle : non Bibiche ! Prends Sinara et envole-toi ! Protège là ! Sinon tout est fichu !
Bibiche fait demi tour, et va récupérer le corps inconscient de Sinara entre ses griffes et s’envole haut, très haut dans le ciel.
Les deux dragons ont disparu.
Au sommet de la montagne, sa dernière vision est cette vampire brune penchée sur le corps de Joël en train de lui sucer le sang …