C’est la nuit dans la cité d’Onirym … Les honnêtes gens dorment à poing fermé …
La lune étend ses ombre entre les toits des maisons. La cité est noyée dans la pénombre et le silence …
Joseph Tirbechon rabat sa cape sur ses épaules et presse le pas … Il n'aime pas rentrer si tard chez lui. Mais il s'est laissé surprendre, c’est vrai que l’ambiance était vachement bonne au chat qui dort ! La musique, les danseuses, le vin, les ménestrels … Il a passé une belle soirée ! Allez, plus que quelques rues et il sera chez lui, en sécurité !
Puis il sursaute ! Du coin de l’oeil il voit une ombre bouger … Oui ! C’est bien ça ! Deux personnes sortent d’une ruelle et lui barrent la route !
Il se retourne et … Deux autres malandrins bloquent également sa retraite … Il est fait comme un rat !
Pourvu qu’ils ne lui prennent pas tout son or ! Si bien sûr qu’ils vont lui prendre tout son or ...
Pourvu qu’ils lui laissent ses vêtements pour rentrer chez lui ! Il ne se voit pas faire les dernières rues tout nu. Il pourrait s’enrhumer … Ou tomber sur la milice !
Oh !!! Pourvu qu’ils le laissent juste en vie ! il n'a pas envie de finir dans la chronique des faits divers de la gazette !
Joseph lève les bras : je ne suis pas armé messieurs, prenez ma bourse mais je vous en supplie laissez moi en vie ! J’ai une femme et des enfants ! (C’est parfaitement faux, mais ça lui semble être une bonne idée sur le coup.)
Le premier malandrin sort une dague de sous sa cape et dit : Alors tarif famille nombreuse ! Ça va te couter plus cher ! Envoie ta bourse, tes bottes et ton chapeau !
Joseph s'exécute …
Un second malandrin dit alors : j’aime bien ta cape, donne la moi.
Le troisième : et mon pantalon est troué, le tiens fera l’affaire !
Joseph finit en chausses et en chemise, grelottant de peur et de froid …
Pendant que les malandrins ramassent les affaires, une ombre surgit d’un toit et saute dans la ruelle.
Ombre : hé bien messieurs, comme cela on tourmente les honnêtes gens ?
Les malandrins se retournent. Face à eux, une silhouette, vêtue de cuir, le visage caché derrière un masque blanc. A sa main gauche deux grandes griffes de métal sont accrochées à son gant ..
Malandrin : t’es qui toi ? Tu veux mourir ?
Ombre : la mort ne me fait pas peur ! J’habite la nuit, je suis le bras masqué de la justice ! Les malandrins de votre espèce vont apprendre à me craindre !
Malandrin : ça suffit les gars, trouez moi ce trouble fête ! Et zigouillez moi aussi le gras marchands, ça m'a énervé tout çà, j’ai besoin de me défouler !
Les voleurs se jettent sur l’ombre masquée …
D’un saut gracieux, elle évite la charge des lourdauds. Elle jette une fiole au sol qui produit une épaisse fumée. L’éclat des lames zèbre les ténèbres et plusieurs voleurs tombent au sol. D’un bond sur le côté, l'ombre traverse la ruelle et vient abattre la garde de sa lame sur la tête du chef, qui s’écroule au sol, sans avoir rien compris à ce qui se passe …
L’ombre rassemble les voleurs et les ligote fermement. Joseph sort de derrière un tonneau …
Ombre : reprenez vos affaires et allez chercher la milice, qu’ils s’occupent de ces mécréants !
Joseph : merci, merci beaucoup de m’avoir sauvé Monsieur le justicier masqué !
D’un geste théâtral, l'ombre retire son chapeau et une cascade de cheveux noirs tombe sur ses épaules.
Ombres : je ne suis pas un homme ! Je suis le bras armé de la justice ! Là où les hommes ferment les yeux, par fainéantise ou incompétence, moi je serai là, j'agirais et le protégerai les faibles, la veuve et l’orphelin ! La nuit m’appartient et les malfrats trembleront en pensant à moi !
D’un geste vif l’ombre lance une corde avec un grappin sur le rebord d’un balcon et d’un saut disparaît dans la nuit …
Joseph ramasse ses affaires et court chez lui. Flûtes ! Quand je raconterai ça aux copains ils voudront pas me croire !
Du haut des toits de la cité, la justicière masquée veille …