Percifon est tout excité ! Il court dans les couloirs, et bondit tel un diable qui sort de sa boite !
Il entre dans la salle de réunion ou sont déjà réunis les protagonistes.
Percifon : Sir ! Il faut absolument qu’il reste, parce que …
Onirym : Bonjour Percifon ! Calmez vous mon ami, reprenez votre souffle et venez vous asseoir avec nous …
Gontrand : je ne comprends vraiment pas … Pourtant je suis toujours allé tout droit …
Fribon : laissez tomber je vous dis, c’est nous qui avons déménagé …
Pépette : en tout cas moi je suis contente de vous revoir !
Gontrand : merci ça fait plaisir de voir qu’il y a quand même dans ce palais une ou deux personnes qui ont une vraie intelligence du cœur et une sensibilité prononcée pour l’art …
Onirym : c’est bon Gontrand commencez pas !
Percifon : Sir ! Il faut absolument que le ménestrel reste au palais ! L’art et la musique sont très importants !
Onirym : oui je sais et je suis d’accord pour que Gontrand reste … S’il respecte les deux ou trois règles que j’ai fixé …
Percifon : parce que même les Dieux ne peuvent vivre sans musique ! Ça réconforte les oreilles, élève l’esprit et réchauffe le coeur ! Alors c’est important qu’il puisse exprimer son art parmi nous !
Onirym : j’ai dis que c’était OK je suis d’accord !
Percifon ; oui j’ai entendu merci, mais j’ai préparé une liste d'arguments longs comme ma b… J’ai pas l’intention de m’arrêter avant d’avoir fini sous prétexte que vous avez déjà capitulé !
Onirym : je n’ai pas capitulé ! C’est une réflexion mature où j’ai laissé de côté mes sentiments personnels pour voir l'intérêt collectif et …
Percifon : Sir ! Reprenez vous ! Il faut sortir de l’âge de la barbarie ! Les humains doivent évoluer et laisser l’art s’épanouir tel une petite fleur de printemps !
Onirym : Percifon c’est bon …
Percifon ; ne reniez pas votre nature profonde ! Laissez parler l’homme sensible, la femme, l’enfant qui est au fond de vous …
Onirym : Percifon si vous continuez je vais changer d’avis et vous foutre dehors ! Avec Gontrand !
Percifon : …
Fribon : Ah ! ça fait du bien …
Gontrand fait un clin d'œil en direction de Percifon ; en tout cas merci l’ami pour votre enthousiasme à me défendre ! Ça fait plaisir !
Pépette : mais moi aussi je vous ais défendu !
Gontrand lui lance un regard charmeur : mais je sais, chère amie, sauf que pour vous ce ne sont pas que quelques paroles que je compte déployer pour vous remercier … Cela se fait en privé …
Percifon : je vois de quoi vous parlez ! En public c’est bien aussi : Moi avec Griselda on le fait partout où c’est possible dans le palais !
Pépette devient aussi rouge qu’un couché de soleil d’été …
Onirym : merci pour toutes ces précisions festives et anatomiques les gars ! Ça me fait penser qu’on va le mettre à l’ordre du jour du prochain conseil des ministres … Parce que maintenant je vais toujours avoir une sale image en tête dès que je vais vouloir m'asseoir sur un fauteuil ou m’installer à une table du palais … Merci Percifon ...
Percifon : il y a pas de quoi !
Onirym : bref ! Fribon vous faites le nécessaire pour installer Gontrand dans des appartements confortables …
Gontrand : pas trop loin de ceux de la ravissante et merveilleuse Pépette s’il vous plaît …
Onirym : et vous préparez une charte avec les trois points importants :
Gontrand est le ménestrel officiel du palais en intérim en attendant le retour de Sinara. Il a le droit d’exprimer son art et ses chansons sans restriction, tant qu’il reste dans la limite de la bienséance, de l’étiquette et du respect des voisins malins ! A bon entendeur !
Une fois que tout le monde a acquiescé, Onirym se lève et se dirige vers ses appartements pour dormir !
Les journées sont longues dernièrement avec toute la vie de la cité à réorganiser suite au déménagement et toujours cette prophétie comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête …
Onirym est réveillé au petit matin par des cris … On dirait une souris géante en train de brailler !
Il pense d'abord que les cuistots du palais sont en train d’écorcher quelques bestioles sous ses fenêtres pour préparer le repas du jour .. Mais non, les cris ne viennent pas de l’extérieur … Mais du couloir ! Juste derrière la porte de ses appartements !
Il se lève, enfile une chemise et va ouvrir. Et là, sur le pas de sa porte, dans un berceau en forme de coquille de noix, enroulé dans une couverture, il découvre, stupéfait, un nourrisson en train de pleurer …
Onirym ferme les yeux puis les rouvre, non il ne rêve pas, c’est bien un nourrisson qui se trouve là sur le pas de sa porte !
De toute façon les pleurs et les cris qu’il pousse ne font aucun doute !
C’est pas la première fois qu’Onirym voit un bébé, mais c’est la première fois qu’il en trouve un au petit jour devant sa porte …
L’espace d’un instant, il a envie de refermer sa porte et de retourner se coucher … Mais non quand même, que diable ! Il est seigneur du Conflans et des Terres de l’Orage ! il ne va pas se laisser déstabiliser par un nouveau né !
D'ailleurs ça s’agite au bout du couloir. Attirés par les cris, un groupe de gardes, de domestiques et autres habitants du palais commencent à arriver …
Onirym : bonjour … Quelqu’un sait comment faire pour que ce truc arrête de crier ?
Marion sort du lot, se penche sur le berceau et prend dans ses bras le nourrisson : Bravo Sir, vous n'êtes vraiment pas doué !
Elle commence à bercer le bébé qui se calme instantanément.
Onirym : bravo Marion ! Je ne soupçonnais pas que vous aviez un instinct maternel aussi prononcé.
Marion : commencez pas en plus avec des réflexions à la con, sinon je vous laisse le mioche sur les bras et vous vous débrouillez ! Non je n’ai jamais eu d’enfants, mais je suis issue d’une fratrie nombreuse et j’ai élevé de nombreux frères et sœurs …
Onirym remarque alors que dans la foule réuni tout le monde parle à voix basse et les femmes lui jette des regards en coin désapprobateurs …
Onirym : quoi ? qu’est ce que vous avez à me regarder comme ça ?
Marion : c’est peut être juste que tout le monde se demande légitimement pourquoi un nourrisson a été abandonné sur le pas de votre porte …
Onirym : hein ? Quoi ? Oh !!! Non non NON !!!! Vous y êtes du tout !
Marion : vous savez, à force d’aller butiner à droite à gauche, c’est des choses qui arrivent !
Onirym : mais vous n’y êtes pas du tout ! J’ai rien butiné du tout moi !!!
Marion : Voilà une réaction purement masculine et puérile … Et arrêtez de crier, vous allez faire pleurer le bébé … Je vais pas vous expliquer la vie mais croyez moi, une mère sait qui est le père de son enfant …
Onirym : Non mais j’ai rien fait ! Je m’en souviendrais si j’avais batifolé avec une damoiselle ces derniers temps ! Marion soyez sérieuse ! Vous venez me réveiller tous les matins ! Vous savez bien que je dors seul !
Marion : je suis pas sur votre dos toute la nuit … Ni le jour d’ailleurs … Je ne m'intéresse pas à vos ébats !
Onirym : c’est un peu facile ! Je peux vous jurer qu’aucune femme ne fréquente mes appartements !
La rumeur et les messes basses enflent dans la foule …
Onirym entend quelques bribes de conversations :
Oui et la petite Sinara ne le laissait pas indifférent … D’ailleurs elle est partie brusquement, c’est louche …
Et j’ai entendu dire qu’il était même entré une fois dans la salle d’eau de Pépette pour la voir toute nue !
Et cette prêtresse des Limbes, comme par hasard elle lui rend toujours visite la nuit, seule, dans ses appartements …
Onirym comprend que ça ne sert à rien de lutter contre la stupidité et les rumeurs, plus il cherchera à se justifier et plus il paraîtra suspect …
Tout cela est brusquement interrompu par les hurlements du nourrisson !
Onirym : qu’est ce qui lui arrive ?
Marion : je pense qu’il a faim … Je l'emmène aux cuisines … Faudra lui trouver une nourrice à ce petit ! Vous pouvez assumer et vous en occuper au moins ?
Toute la foule se disperse pendant que Marion s’éloigne …
Les gens jettent encore des regards désapprobateurs en direction d’Onirym …
Onirym pousse un soupir … Et bien voilà une journée qui commence plutôt mal et de manière inattendue … Et en plus il a du coffre le petit !
L'après-midi arrive. Onirym a convoqué un conseil extraordinaire des ministres …
Dans un coin de la pièce, Marion est là, s’occupant du petit. Il dort, pour le moment. Un peu de répit ça fait du bien !
Pépette et Griselda sont penchées sur le berceau et discutent avec Marion.
Griselda : il est costaud le petit non pour un humain ? Il peut avoir quel âge ?
Marion : oui, il est trapu et a les os épais. Je dirais que vu sa taille il doit avoir dans les six mois … Mais c’est étrange …
Pépette : six mois … Donc ça ne peut pas être Sinara la maman …
Marion : mais je suis pas sûre … Il y a quelque chose d’étrange chez cet enfant.
Griselda : le fait qu’il ait pas voulu boire du lait mais mâcher un steak cru c’est bien pas normal pour un bébé humain ?
Marion : absolument.
Pépette : et vous avez vu ses dents ? Ses canines surtout … Et ce duvet brun et dur sur tout le corps …
Griselda : et il a les oreilles un peu pointues aussi ? Pourtant on ne dirait pas du tout un elfe …
Marion : et il a beaucoup d’énergie. Il crie très fort et je ne vous parle même pas de ses langes … Une horreur !
Onirym va rejoindre Fribon Garmir et Thondurm qui sont assis dans des fauteuils un peu plus loin.
Fribon : vous voulez un cigare ?
Garmir : et un verre de rhum ? Ou une grenadine ?
Thondurm : toutes mes félicitations à l’heureux papa !
Onirym : ça suffit les gars !
Thondurm : Percifon et Gontrand sont déjà en train d’écrire une chanson sur vos exploits !
Garmir : oui Sir, vous cachez bien votre jeu !
Fribon : absolument … Je ne vous imaginais pas comme çà …
Onirym : bon ca suffit ! Ouvrez vos "ousbilles", je ne vais pas le répéter : ce petit n’est pas de moi !
Garmir : faut dire que vu sa tête je comprend que vous ayez du mal à assumer …
Thondurm : on peut pas vous en vouloir, sachant que même la mère l’a abandonné …
Fribon : devant votre porte …
Onirym : justement ! Ça veut dire que cette personne a réussi à entrer dans le palais, de nuit, pour venir déposer le paquet devant ma porte ! Garmir comment expliquez vous cela !
Garmir ; ça y est, ça va être de ma faute maintenant !
Onirym : non mais je veux comprendre comment quelqu’un a réussi à se promener la nuit dans le palais, jusque devant ma porte, sans être intercepté par les gardes !
Garmir : peut-être que cette personne se trouvait déjà dans le palais ?
Onirym : je ne pense pas … Vu comment le petit braille, on l’aurait déjà entendu non ? Et sinon au niveau du berceau et de la couverture, des indices ?
Thondurm : et bien bizarrement le berceau en coquille de noix … N’a pas l’air d’avoir été fabriqué. Je veux dire, cela semble être une vraie coquille de noix géante … J’ai jamais vu ça. En tout cas, je veux pas me taper un roupillon sous l’arbre qui est capable de produire de telles noix, j’aurais trop peur de mourir écrasé !
Garmir : j’ai demandé à mes patrouilleurs et aux gens du cru, ils n'y a pas de noyer géant par ici …
Fribon : concernant la couverture, elle est en laine, de facture simple mais soignée. Et vraiment très douce. Je ne sais pas quelle laine a été utilisée … Mais c’est pas du mouton ! Quelque chose de plus soyeux …
Onirym : donc en fait vous ne savez rien, vous n'avez aucune piste, aucun indice !
Garmir : je vous l'ai dit ! Ca va être de notre faute ! Pourtant c’est pas moi qui suis allé butiner la petite fleur d'une donzelle au point de l’engrosser …
Onirym : mais je suis pas le père de cet enfant !!!
Plus tard, au milieu de la nuit, un garde vient réveiller Onirym. : Sir Sir réveillez vous !
Onirym : hein ? Quoi ? Qu’est ce qui se passe ?
Garde : il faut que vous veniez vite ! C’est dame Marion qui m'envoie vous chercher ! Il semble qu’il y ait un problème avec votre fils …
Onirym ouvre la bouche pour rétorquer pour la millième fois que non, ce n’est pas son fils, mais une grande lassitude l’envahit.
Il ne dit rien, se lève, et suit le garde.
Le nourrisson a été installé dans une chambre à l’étage, mais un peu en retrait des autres appartements pour étouffer les cris …
Il entre dans la pièce, étrangement calme. Marion et Pépette sont là, l’air grave …
Onirym : Que se passe t-il ?
Marion fait signe à Onirym de s’approcher …
Il jette un coup d'œil dans le berceau et voit le bébé qui gazouille en faisant un large sourire. Il tient une cuisse de poulet à moitié mâchonnée dans sa petite menotte … Et il remarque tout de suite ce qui ne va pas !
La peau du bébé est en train de virer au rouge, sur tout son corps …
Onirym : c’est pas normal ça non ?
Marion : En effet. Pourtant il n'a pas l’air de souffrir, on dirait pas une maladie …
Pépette : c’est comme si il devenait tout rouge ! C’est trop bizarre et drôle en même temps …
Marion : on dirait comme une transformation …
Onirym : mais qu’est ce que c’est que ce truc ?
Pépette : la mère, elle avait la peau de quelle couleur ?
Onirym : mais comment voulez vous que je le sache … Ah non ! Pas vous ! Vous allez quand même pas croire que je mens quand je vous dit que ce petit n’est pas de moi !!!
Pépette ; vous fâchez pas, je posais juste la question, comme ça …
Onirym : mais c’est normal qu’il se transforme ?
Marion : j’en sais rien, moi j’ai élevé que des bébés humains.
Onirym : parce que vous pensez qu’il est pas humain ?
Marion : il y a quelques signes quand même …
Pépette : la carrure, les poils, les crocs, les oreilles pointues, la viande crue … Ca fait un peu orc non ? Il y a que la couleur de la peau qui n'est pas bonne du coup !
Onirym : vous avez raison … Peut être que les attributs des races viennent en grandissant et que tous les bébés se ressemblent ? Au départ ?
Pépette : je peux pas vous dire, nous les fées on nait pas bébé mais déjà un peu grande … Et on a déjà nos ailes !
Marion : je sais que les bébés elfes ont déjà les cheveux longs et soyeux et les oreilles pointues. Enfin c’est ce qu’on m’a dit.
Pépette : vous croyez que les bébés nains naissent avec une barbe ?
Onirym : aucune idée. Allez poser la question à Thondurm …
Pépette quitte la pièce.
Onirym croise le regard de Marion : et vous, vous me croyez quand je dis que je ne suis pas le père ?
Marion : oui je vous crois … Vous êtes désespéré côté coeur, mais pas au point d’aller vous soulager dans les bras d’une orcquesse …
Onirym : merci, même si j’aurai préféré que vous vous arrêtiez à la partie sympa de la phrase …
Marion : il y a pas de quoi.
Onirym : c’est peut être le fait qu’il mange de la viande crue qui lui donne cette couleur ?
Marion : ça agit sur l’odeur des langes c’est sûr, mais là je pense vraiment que c’est pas lié à son alimentation .. C’est plus quelque chose dans l’ordre de sa nature profonde …
Pépette revient.
Onirym : alors ?
Pépette : il n'a pas voulu me répondre. A la place il m’a demandé si nous naissions avec toute cette connerie ou si ça venait en grandissant ? J’ai pas compris …
Onirym : laissez tomber … Par contre on va peut être aller enquêter du côté des orcs … Je vais faire venir leur chef ce matin.
Plus tard dans la matinée, à une heure normale pour des activités normales, c'est-à-dire quand le soleil est levé, Onirym Garmir et Thondurm reçoivent Grazz le chef des orcs.
Grazz : salutations à vous les nabots ! Quoi vous vouloir à Grazz ?
Onirym : Bonjour chef Orc ! Si je vous ai demandé de venir nous voir c’est qu’une affaire importante risque de vous concerner ici, au palais et nous sollicitons votre avis en toute discrétion. Je compte sur vous, cette histoire doit restée pour le moment dans le plus grand secret …
Grazz : toi trop con, moi pas comprendre …
Thondurm : oui enfin bon je sais pas trop où est la connerie mais peut être pas du côté où vous l’imaginez …
Onirym : c’est vrai j’avais oublié … Des phrases courtes. Des mots pas trop longs et simples …
Faites entrer le bébé ! Grazz est ce que vous connaissez ce bébé ?
Grazz regarde en direction du berceau que Marion vient d’apporter.
Grazz : ha bah ça ! Par les couilles du grand Orc ! Un orc rouge ! Quoi toi faire avec çà ?
Onirym : Ah donc vous confirmez nos soupçons … C’est un orc … A la peau rouge …
Grazz : bah oui ca se voir non ? Même si ça pas normal ! Orc normal avoir la peau verte. Parfois un peu grise ou marron mais surtout verte. Et pas rouge ! Orc rouge, ça légende chez nous …
Onirym : un bébé légendaire ! Parfait ! Manquait plus que ça ! Et que pouvez vous me dire sur ces légendes d’orc rouge ?
Grazz : moi rien. Pas savoir. Mais chamans chez nous grands sages, eux savoir ! Vous apporter orc rouge à eux !
Onirym : parfait ! Marion, prenez le berceau et accompagnez nous ! Grazz en route, emmenez nous voir vos chamans !
Garmir : je suis pas sûr que ce soit très prudent d’emmener votre fils chez les orcs Sir …
Onirym se tourne vers lui, excédé : cher Garmir, vous n'aurez qu'à maintenir votre garde prête et venir nous chercher si nous ne sommes pas revenus d’ici ce soir.
Avant qu’on parte, Thondurm préparez un édit qui stipule que le prochain qui déclare publiquement que ce petit est mon fils, hérite d’une semaine de cachot au pain sec et à l’eau ! Et cette règle s’applique à tous … Même aux chevaliers …
Allons-y ! en route !
Grazz, Marion Onirym et le bébé orc rouge (dans son berceau) prennent la direction du campement des orcs. Au fond de lui Onirym a une certaine appréhension … Les orcs sont “domestiqués” c’est sûr mais ils ont parfois des réactions stupides ou impulsives … On n'est jamais sûr d’en revenir ! C’est un peu comme mettre sa tête dans la gueule d’une bête sauvage … On prie pour que le dresseur ait bien fait son travail … Il jette un coup d’oeil à Marion. Il regrette de l’avoir entraîné dans cette galère … Mais la jeune fille ne montre aucun signe de peur ou d’appréhension …
Le campement des orcs se trouve à la périphérie nord de la ville. Il est entouré d’une grossière palissade de bois. A l’intérieur c’est l’anarchie ! Il y a des tentes partout, dans tous les sens. C’est un vrai labyrinthe pour progresser. Mais Grazz sait parfaitement où il va … Il emmène le petit groupe vers une série de tentes colorées, disposées autour d’une petite place de terre battue au centre de laquelle trône un grand totem sculpté de figures d’animaux, décoré de crânes d’ossements divers et de sang séché …
Grazz s’arrête devant l’entrée d’une des tentes, s’incline et prononce plusieurs mots en langage orc …
Une voix grave lui répond et il fait signe aux humains de rentrer.
L’intérieur de la tente est très sombre et enfumé. Une odeur fauve, puissante et entêtante les submerge immédiatement. Face à eux, trois orcs. Celui au centre semble plutôt âgé et voûté. Il tient un grand bâton qui semble être taillé dans une corne de dragon ! A sa gauche une orcquesse, beaucoup plus jeune. Et à sa droite un gobelin à l’air de fouine, l’oeil mauvais !
Onirym s’incline pour les saluer et dit : Merci à vous de me recevoir. Moi vouloir poser question à vous concernant bébé orc ici.
Le chaman âgé répond : Salutation seigneur humain ! J’espère que vous avez conscience de l’honneur qui vous a été fait en vous accueillant en ce lieu … Grazz doit beaucoup vous apprécier pour avoir engagé son honneur et faire en sorte que cette rencontre ait lieu. Je me nomme Asham l’ancien. Devin de la lune et des étoiles. Et voici Shaash ma fille et disciple et lui c’est Urluk le perfide. Ne vous méprenez pas, chez nous perfide est un compliment et une marque de grande sagesse…
Onirym se sent un peu con face au discours de l’orc.
A sa droite, il entend Grazz qui rigole.
Grazz : merci à vous grand chaman de nous recevoir. Figurez vous que cet humain a entre ses mains un bébé orc rouge. Nous vous l’avons apportée pour que vous puissiez l’observiez.
Asham fait un signe et Grazz prend le berceau, vient le déposer aux pieds du chaman. Il passe un long moment immobile à observer le bébé orc.
Puis il se lève et déclare : emmenons le au sanctuaire. Laissons parler les esprits. La femme humaine reste ici. Vous Onirym pouvez nous accompagner mais sachez que si vous faites ce choix, vous ne pourrez pas revenir en arrière. Il y aura un avant et un après …
Onirym : j’accompagne le bébé.
Asham : bien, qu’il en soit ainsi.
Shaash prend le berceau et sort de la tente, suivie par son père et Urluk. Grazz fait signe à Onirym de les suivre.
Grazz : je vais tenir compagnie à votre amie en attendant votre retour. Bonne chance …
Les 3 chamans traversent le campement. Tous les orcs qu’ils croisent les saluent respectueusement.
Ils arrivent à une partie du campement adossé à la muraille de la ville d’Onirym. En les voyant approcher, des orcs s’activent et déblaient de qui semble être un enchevêtrement de branchages et de vieilles planches pour laisser apparaître un rocher de plus de 3 mètres de haut, gravé de runes et symboles étranges … Au pied du rocher une ouverture avec un escalier qui s'enfonce dans le sol …
Onirym (surpris) : heu … je ne savais pas que vous aviez ce genre de chose par ici …
En réaction, il entend Urluk marmonner : et vous êtes loin de tout savoir et tout imaginer sur nous …
Le bâton d’Asham se met à luire d’une lumière verdâtre et il s’engouffre dans l’escalier qui descend loin dans les entrailles de la terre, sous la cité d’Onirym. Shaash et le berceau lui emboîtent le pas.
Urluk pousse Onirym de son bâton. Alors humain tu as peur ? Avance, je ferme la marche …
Onirym s’engouffre. Il n'est pas très naturel pour lui de descendre dans un boyau obscur avec un gobelin sur ses talons … C’est pas trop fait pour le rassurer tout ça …
Onirym ne savait même pas qu’il y avait des gobelins parmi sa communauté d’Orc. Au moins un. Heureusement que Thondurm n’est pas au courant … Les gobelins sont les ennemis jurés des nains. Il ferait raser tout le camp pour lui faire la peau … Sûr que les orcs ne se laisseraient pas faire … Non, il ne vaut mieux rien dire.
La descente est interminable. L’escalier serpente, parfois dans un boyau étroit et obscur, parfois le long de la parois d’une grotte immense et insondable … À distance régulière des niches sont taillées dans la paroi. Elles hébergent des ossements, des jarres, des offrandes diverses et variées …
Urluk lui dit : vous êtes ici sur le chemin des esprits. Ce que vous voyez, ce sont des offrandes faites à nos ancêtres, aux esprits de la nature et aux forces cosmiques. Ce ne sont pas vos Dieux de pacotille que nous vénérons ici mais les forces originelles du Monde, et notre lignée.
La descente dure, encore et encore. Puis brusquement l’escalier s’arrête et laisse place à un couloir qui s’élargit rapidement. Le sol et le plafond sont envahis par de la mousse et des lichens, qui émettent une lumière douce et dorée. Sur les parois de la grotte de nombreux dessins, scènes et bas reliefs ont été dessinés et gravés. Cela semble être très ancien … Onirym regarde tout cela émerveillé et ébahi !
Il s'arrête à un moment devant une série de fresques qui l’interpelle !
Il voit une grande montagne, entouré d’un dragon blanc et d’un dragon jaune.
Puis il y a un gigantesque orage, chevauché par des cavaliers.
L’orage émet des éclairs, la foudre frappe le sol et des arbres de cristal émergent.
La scène suivante montre des sangliers géants qui ravagent un village de tentes et des guerriers orcs qui les combattent. Il y a de nombreux morts.
Ensuite vient une scène ou des guerriers orcs recrachent leur boisson qui forme une grande rivière d'où nagent des poissons.
La troisième scène représente des orcs couverts de poils, de la tête aux pieds ! Une grosse pierre bleue gravée de symboles est posée juste devant cette scène.
Les chamans se sont arrêtés et observent Onirym. Il lui laisse le temps d’observer la longue fresque.
La scène suivante représente du pain qui s'effrite, et tombe en cendre …
La cinquième scène représente le ciel, le soleil, la lune et les étoiles masqués par un voile de nuages grisâtres.
La scène suivante représente des nuées d’oiseaux dans le ciel sous une pluie intense. Sous eux, des orcs qui courent dans tous les sens pour se protéger.
La septième scène représente des poissons qui sautent au-dessus de l’eau, des rivières qui débordent et des jets d’eau qui s'élèvent par-dessus des montagnes et des sources.
Vient ensuite une scène effrayante ou une grande bouche noire dévore le ciel et la terre …
Onirym est stupéfait, abasourdi ! Il se tourne vers les chamans et demande : ça fait longtemps que ces dessins sont là ?
Asham lui sourit et déclare : oui, depuis presque l’origine des premiers orcs.
Onirym : mais pourquoi vous n'êtes pas venus nous voir pour nous dire que vous aviez ici, sous ma cité, toutes les infos sur la prophétie ?
Asham : vous ne nous avez rien demandé … Ni même informé d’ailleurs … Comment voulez-vous que nous devinions que vous vous intéressez à ces vieilles croyances. Nous sommes chamans, pas devins !
Onirym passe la main sur la fresque. Mais il y a ici tout d'expliqué ... la prophétie ... les sept fléaux !
Asham : oui en effet. Maintenant vous savez. Vous savez pourquoi notre tribu orc a accepté de se joindre à votre cité. Nous gardons cet endroit sacré depuis des millénaires …
Onirym se dit au plus profond de lui : je ne sais pas si en fait ces orcs sont particulièrement intelligents et visionnaires ou alors complètement cons et stupides !
Après sa découverte dans la grotte mystique des orcs, Onirym est sous le choc. Les chamans lui expliquent qu’ils ont besoin d'emmener le bébé orc rouge rencontrer les esprits des anciens pour connaître son destin et savoir s'il est là pour sauver ou détruire le monde … Un orc rouge est très rare et c’est une marque des grands dieux pour informer qu’il aura un destin exceptionnel. La question est de savoir s'il fera plutôt le bien ou le mal …
Asham et Shaash s’enfoncent encore plus loin dans la caverne avec le berceau …
Urluk raccompagne Onirym à la surface. En arrivant au soleil, c’est comme une renaissance. Maintenant il sait. Les chamans avaient raison, il n’est plus le même homme que lorsqu’il est entré dans cette caverne. Il récupère Marion et rentre rapidement au palais.
A peine arrivé, il convoque tout le monde dans le grand salon.
Percifon, Griselda, Marion, Pépette, Brindille, Etincelle, Gogo, Garmir et Tobias, Fribon, Thondurm, Mestre Céryl, Boris, Gontrand et même mini Troll … Tout le monde est là. Ils se regardent tous, plutôt inquiets face à l’empressement d’Onirym à les réunir …
Une fois tous entrés, il fait fermer les portes de la pièce. Onirym prend un instant pour regarder tout le monde et déclare : je connais les sept fléaux. On ne va pas rigoler. Et faut se dépêcher parce qu' on attaque déjà le 3ème …
Il ne laisse pas le temps aux gens de réagir, poser milles questions et poursuit :
Vous connaissez tous déjà le 1er fléau : les Razorbacks. Le second fléau c’est le vin qui se transforme en eau … La pauvre Piquette en est tombée dans le coma !
Le troisième fléau, qui vient de débuter, risque de donner des ampoules à nos amis coiffeurs et barbiers ! Tous les poils, les cheveux, etc vont pousser beaucoup mais alors beaucoup plus vite ! Ca peut paraître cocasse comme cela mais ça ne va vraiment pas être pratique !
Le quatrième fléau sera pas rigolo non plus puisque la farine aura un goût de cendre … Les aliments risquent d’être tous affectés … Ensuite le soleil et les étoiles brilleront moins intensément. Et après … Alors là ensuite … Ça ne va vraiment pas être drôle … Tous les oiseaux auront la diarrhée …
Et enfin, si on survit jusque là, les rivières couleront à l’envers …
Après cela le grand dévoreur arrivera et dévorera le monde …
Un silence pesant et lourd traverse l’assemblée … Les gens ne savent pas s’ils doivent rire ou hurler de peur …
Onirym poursuit : je vous demande pour le moment de garder cela pour vous. Si nous informons la populace de tout cela, ça va créer un vent de panique qui n’arrangera pas les choses. Nous allons nous préparer à contrer chaque fléau, du mieux que nous le pouvons et surtout il va falloir se hâter de contrer cette maudite prophétie !
Donc voilà ce que nous allons faire :
Garmir, armez une petite troupe, embarquez Gontrand et son ami marchand, et remontez le chemin jusqu’à notre ancien domaine. J’espère que nos amis égarés et la compagnie des Loups de Sang nous y attendent. Ramenez tout le monde ici !
Thondurm, passez commande aux forgerons et armuriers de la ville de nombreux rasoirs et ciseaux …
Fribon, voyez avec la guilde des bâtisseurs pour faire ériger un maximum de toits, de tonnelles de passages couverts dans le palais et en ville …
Maintenant il faut mettre le paquet et il est impératif de découvrir le grimoire des souhaits ! J’espère que Lucy pourra le trouver. En attendant Gogo et Céryl cherchez le ! Partout ! dans les ouvrages dans les légendes, sous le lit de votre grand-mère je m’en fiche mais trouvez le !!!
Pépette : le coup des oiseaux qui ont la diarrhée c’est vraiment pas cool …
Haut dans le ciel D’Arendyll vole le majestueux griffon de Joël, le dieu des aventuriers et de la bougeotte. Mais l'ambiance n'est pas à la fête …
Joël et Lucy ont parcouru de long en large le continent et visité tous les endroits auxquels Joël pensait mais sans succès … La forêt du chant de Cristal reste insaisissable, inaccessible, inconnue !
Même pour deux Dieux chevauchant un griffon …
Ils ont demandé à tous les sages dans les monastères, à tous les marchands sur les routes, à tous les roublards dans les forêts, à tous les aventuriers dans les tavernes, à tous les prêtres dans les temples, qu’ils ont croisés et personne, absolument personne n’a entendu parler de cette fichue forêt ! Toutes les pistes qu’on a pu leur évoquer se sont retrouvées fausses. Des culs de sac, des errances dans le désert … La nuit et l’obscurité.
Joël est d’une humeur massacrante. Car s’il y a bien quelque chose qui le contrarie c’est de ne pas trouver le truc qu’il cherche ! Et il sait que lorsqu'il va rentrer chez lui, il va se faire engueuler … Alors si en plus il a rien trouvé, il n'aura aucune excuse !
Lucy est terrorisée et angoissée. Pourquoi n’arrive-t-elle pas à aider ses amis ? Au fond elle sert à rien, elle est nulle, incapable, stupide ! Tiens elle va devenir la déesse protectrice des cloches et des gens qui servent à rien ! Au fond d’elle ,elle admire Deds73 … Avoir toute cette énergie, cette volonté, cette détermination ! Elle aimerait tant être un peu comme elle …
Lucy pousse un gros soupir.
Joël tourne la tête vers elle : ça va ?
Lucy : oui … Je me demande ce que l’on va faire …
Joël : je suis vraiment désolé, c’est la première fois qu’une panne comme cela m’arrive. Je ne comprends vraiment pas. D’habitude je suis super doué ! Mais là je sèche ! C’est la débâcle, le néant, le vide ! L’impasse …
Lucy : oui je vois bien … Si ça ne te dérange pas, avant de rentrer à la Cité céleste, est ce que tu peux me déposer au royaume d’Onirym ? Je dois leur annoncer que je n'ai rien trouvé …
Joël ; ok pas de soucis. Si tu veux je pourrai autoriser tes amis à faire quelques tours dans le ciel à dos de griffon, ça fera passer la pilule ?
Lucy : oui … pourquoi pas …
Joël : comme on va dans cette direction, si ça te dérange pas on va aussi avant faire un petit détour. Il y a ce gigantesque orage qui se propage, j’en ai entendu parler et je veux voir cela de mes propres yeux … Après le cercle rouge dans le ciel, les singularités météorologiques sont nombreuses en ce moment.
Le griffon change de cap et vol à tire d’ailes, sous le soleil couchant, direction la grande montagne …
Après un vol de plusieurs heures et une halte pour se reposer, nos deux fougueux petits dieux arrivent en vue de la montagne. Elle tranche l’horizon ; s’élevant haut au-dessus des nuages. A son sommet les deux dragons continuent leur ballet aérien. Et sous eux s’étend à perte de vue des gros nuages noirs. Le grondement du tonnerre fait vibrer l’air autour d’eux. Les nuages bougent sans cesse, striés d’éclairs.
Joël : ouaiouuuuuu ça c’est de l’orage, Mazette ! On va aller voir ça de plus prêt, accroche toi !
Lucy se blottit contre Joël, pas très rassurée pendant que le griffon fait un piquet.
La pluie leur fouette le visage lorsqu’ils passent sous les nuages. Le griffon fait un crochet pour ne pas se retrouver pris sous la tempête, le contournant par la droite.
Devant eux l’orage, la pluie et les éclairs forment un rideau sombre qui s'élève haut dans le ciel. Le bruit du tonnerre est assourdissant. Les éclairs frappent de toute part, illuminant le ciel et la terre.
Joël : par les fesses de Smok (dieux des orages, des éclairs et des grosses colères), il a pas fait semblant avec celui-là !
Lucy : je ne pense pas que cet orage soit d’origine naturelle … Et s’il est divin, c’est pas Smok qui en est le créateur !
Joël : tu crois ?
Lucy : oui c’est un des éléments de la prophétie. C’est le Dieu Sombre qui est derrière tout cela …
Joël : tu vas me dire que si le Dieu Sombre était à l’origine d’un grand soleil et d’une petite brise fraîche ca aurait été moins crédible …
Lucy : tu crois que tu peux t’avancer plus ?
Joël : c’est risqué mais on peut essayer. Pourquoi ? Je croyais que tu avais peur ?
Lucy : oui mais j’aimerais vérifier un truc …
Le griffon bat des ailes et s’avance prudemment vers l’orage. La pluie et le vent sont de plus en plus fort … Des éclairs commencent à zébrer le ciel autour d’eux.
Ils peuvent maintenant apercevoir le cœur de l’orage. Tout y est sombre, le soleil ne perce pas les nuages. La pluie forme un rideau impénétrable. Et quand les éclairs frappent le sol, l’impact projette tout autour des éclats lumineux.
Lucy hurle à l’oreille de Joël : approchons-nous encore, vers le sol !
Joël : c’est trop risqué, Bichette risque de se casser les ailes et nous, de nous faire frapper par un de ces éclairs !
Lucy : fais de ton mieux, c’est important !
Le griffon s'élance, courageusement, luttant contre les éléments, cerné de toute part par la foudre.
Au-delà du bruit du tonnerre, Lucy et Joël commencent à entendre un bruit … Une note de musique, claire et cristalline …
Et là ils voient !
Partout où les éclairs frappent le sol, la violence de l’impact et de la foudre fait naître des monticules de cristaux, qui prennent des formes élancées et biscornues, s'élançant vers le ciel comme les branches d'un arbre … Et lorsque les éclairs frappent à nouveau le sol à proximité, l’électricité dans l’air fait luire les cristaux et l'électricité statique dans l'air les fait vibrer … et chanter !
Joël : on a trouvé ! On a trouvé la forêt du chant de cristal !!! On est les meilleurs !!!
Les acclamations de joie de Joël couvrent même le bruit du tonnerre.
La seule chose qui le fait taire s’est quand Lucy l’embrasse fougueusement !
Le griffon fait demi tour et s’écarte de l’orage. Après avoir mis une bonne distance entre eux et le chaos climatique, le griffon vient se poser dans une prairie, au bord d’une petite rivière, exténué.
Lucy et Joël descendent et vont se dégourdir les jambes, se rafraîchir le visage avec l’eau de la rivière.
Puis Lucy vient s'asseoir près du dieu voyageur et dit : je suis désolé pour le baiser … J’étais si contente !
Joël : oh ! Ne t'excuse pas pour ce genre de choses ! C’était surprenant certes, mais très agréable ! Je crois que mon coeur et mon esprit ont fait autant d'éclairs que ce satané orage !
Lucy : oui mais tu es marié … je ne suis pas ce genre de déesse !
Joël : je comprends. Je ne tiens pas à compliquer les choses aussi. Mais tu sais, si je suis le plus souvent à courir par monts et par vaux au lieu d’être à la maison, ce n’est pas que par goût aventureux ! Tu m’as ouvert les yeux et donné le courage d’agir !
Joël attrape les mains de Lucy et la regarde droit dans les yeux : voici ce que je te propose, je te dépose au palais d’Onirym pour que tu leur annonce la bonne nouvelle. Pendant ce temps je rentre à la Cité d'Argent, régler mes affaires, puis je reviens te retrouver et une fois toute cette histoire de prophétie terminée, je t'emmène faire un voyage qui durera aussi longtemps que notre amour … Nous voyagerons toujours vers l’ouest et ainsi le Soleil sera le témoin éternel de l’éclat de notre amour !
Lucy ; je ne sais pas… Tout est si brusque …
Joël : prends le temps de réfléchir, je ne veux pas te brusquer …
Lucy regarde Joël quelques instants et l’embrasse fougueusement encore une fois !
Leur baisé est interrompu par une voix derrière eux : créboudioux ! Par les moustaches de l’ancien !
Ils se retournent et voient un paysan, qui les regarde avec des grands yeux.
Lucy ; bien quoi ? Vous avez jamais vu deux dieux qui s’embrassent ?
Paysan : bin c’est à dire que c’est pas courant par ici votre truc ! Mais dites donc vous ne connaîtriez pas une sorte de cheval avec des ailes et une tête de lion ?
Joël : si c’est Bichette mon griffon, pourquoi ?
Paysan : bien parce que votre bestiole elle vient de me bouffer trois moutons !
Joël : ah oui, c’est vrai que je ne l’ai pas ménagé ces derniers temps, elle doit avoir grand faim !
Paysan : p’tet bin mais c’est pas une raison pour qu’elle bouffe mes beaux moutons !
Joël : je vous dédommagerai manant ! Il plonge la main dans sa poche et en sort quelques objets.
Alors j’ai … deux sous d’un autre pays, un trombone, un mouchoir, des shwimgoms (chewing-gum), un ticket de métro, un baume à lèvre et trois graines de machin chose je sais plus ce que c’est … Allez c’est votre jour de chance ! Je vous donne tout !
Joël dépose ces bricoles dans les mains du paysan, toujours ébahi.
Puis il siffle et Bichette arrive à tire d’aile.
Joël : allez on décampe avant que le vieux se rende compte de l’arnaque !
Le griffon s’envole avec les deux amoureux, direction le royaume d’Onirym …
Pour la petite histoire, les deux sous étaient des pièces d’or. Ce qui permis au paysan d’acheter tous les moutons du village ! Avec le trombone il se fit forger une dague magique qui était capable de tout trancher facilement, même du métal. Le mouchoir avait la vertu de désenrhumer tous ceux qui s’y mouchaient ! Il soigna toute sa famille et des amis ainsi et fut pour toujours à l'abri des maladies.
Les chewing-gums avaient la capacité de rendre plus rapide, plus fort, plus puissant tous ceux qui les mâchaient. Le vieil homme les distribua à ses fils et ensemble ils nettoyèrent toute leur contrée. Ils en profitèrent pour chasser le seigneur du coin et s’installer dans son château.
Le baume à lèvres avait lui des vertus aphrodisiaques pour les humains … Ce qui rendit au vieux paysan sa fougue de ses vingt ans !
Quand aux graines … Elles produisent des plants de légumes géants qui mirent à l’abri de la famine pour plusieurs années toute la famille …
Gontrand : donc je peux pas faire une autre petite chanson sur les voisins malins ?
Onirym : non et non insistez pas !
Gontrand : même une gentille ? C’est qu’il y a des nouveaux dans le groupe, se serait sympa d’écrire un truc sur eux non ?
Onirym : je connais votre humour … Du coup j’ai des doutes sur le côté sympa …
Gontrand : pfffff vous êtes pas cool … Déjà que vous ne voulez pas que j’écrive une ballade sur vous et le bébé orc rouge … Pourtant j’ai déjà un super refrain ! Je vous le fais !
Onirym : Non !
Gontrand :(en chantant) : un bébé orc rouge c’est pas banal, allez savoir ou son papa est allé trempé sa goutte pour avoir un truc comme çà ! En tout cas s’il a la fougue de son père il sera doux et sympa comme notre bon seigneur Onirym !
Onirym : stop ! Ça suffit ! Voilà pourquoi j’ai mis mon véto sur votre chanson ! Avec des paroles pareilles les gens vont croire que je suis le père !
Gontrand : bien oui c’est là dessus que joue la chanson justement !
Onirym : mais c’est faux !
Gontrand : mais on s’en fout ! Ce qui compte dans une chanson c’est le paradoxe, la surprise, le côté sulfureux ! C’est ça qui fait plaisir à l’auditoire !
Onirym : j’aime pas quand c’est pour propager des rumeurs … A mes dépends en plus !
Gontrand : vous savez qu’on reconnaît un vrai seigneur à sa capacité d’auto dérision et à prendre du recul par rapport à lui-même …
Onirym : et si je vous fait pendre par les gros doigts de pieds pour vous aider à prendre du recul sur vous même vous trouverez toujours cela aussi sympathique ?
Gontrand : ah ! On en est aux menaces physiques maintenant … Je vois le genre.
Onirym : non je vous menace pas, c’était une image pour voir si vous comprenez mon point de vue.
Gontrand : ça sonnait quand même vachement comme une menace physique …
Onirym : ok ok … c’était maladroit … Faites votre chanson …
Gontrand : Merci Sir ! Vous serez pas déçus !
Onirym : oh ne promettez pas des choses irréalistes !
Gontrand sort du salon et part à la recherche de Percifon.
Un domestique entre : Sir il y a là deux personnes qui veulent vous voir …
Onirym : c’est bon faites les entrer !
Thrakaic let Meezog font leur entrée.
Onirym : Oh la vache ! Ca fouette le chacal par ici ! Vous auriez pu vous laver avant de venir me voir !
Onirym fait signe au domestique d’ouvrir les fenêtres de la pièce.
Thrakaic : nous, on se rend plus bien compte de ce qu’on sent vous savez … Ça fait plus d’un mois qu’on court partout pour vous remettre la main dessus, de bivouac en campement, alors l’hygiène c’est pas une priorité.
Onirym : oui je le sens bien !
Thrakaic : et il me semblait important de venir vous avertir de suite sur nos découvertes ! Le fait que vous ayez déménagé sans laisser d’adresse n’a pas facilité les choses …
Onirym : je vous assure … On y est pour rien ! Une facétie divine tout au plus …
Thrakaic : oui on en a discuté avec la troupe que vous avez envoyé nous chercher. Voilà, donc on est là … On a fait tout ce que vous vouliez et on a vu la montagne comme l’a indiqué Percifon. Et il y a un gigantesque orage pas tout à fait normal qui s'est formé et qui fonce droit sur nous !
Et on est rentré avec ce qui reste de vos patrouilleurs ruraux.
Onirym : c’est Garmir qui va être content !
Thrakaic : et aussi avec Beornbryn et les Loups de Sang.
Onirym : ça c'est une excellente nouvelle !
Thrakaic : maintenant va falloir passer à la caisse et nous payer !
Onirym : mais bien sûr, je vais dire à Fribon de faire le nécessaire.
Meezog : et manger aussi !
Onirym : passez par les cuisines pour cela ! Non attendez ! Passez d'abord par les écuries pour vous décrasser et après allez mangez ! J’ai pas envie que vous fassiez tourner le lait avec cette puanteur …
Un domestique entre dans la pièce : Sir ! Deux personnes veulent vous parler …
Onirym : encore ? Ça doit être Beornbryn le chef des Loups de Sang ?
Thrakaic : ça m'étonnerait, quand on l’a laissé il était en bordure de la cité pour monter le campement de ses troupes, il avait prévu de venir vous voir que demain.
Domestique : il s’agit de la Déesse Lucy et d’un autre Dieu qui l’accompagne …
Thrakaic : mazette ça rigole pas par ici ! Des dieux qui viennent vous rendre visite et bien !
Onirym : oh vous savez quand on les connait un peu ce sont des gens accessibles comme tout le monde … Et puis c’est grâce à Deds73 tout çà quand même ! Et vue la situation on va pas dire non si deux ou trois dieux veulent nous filer un coup de paluche !
Se tournant vers le domestique : faites les entrer ! heu non en fait ! Amenez les plutôt dans un autre salon qui sent moins fort, je vais les rejoindre …