Livre 2 - suite / Ça sent la baston !

Gontrand remet ça

Non non et non ! Onirym devient tout rouge et se gratte la barbe frénétiquement.

Gontrand : Mais pourquoi ?

Onirym : je veux pas de chanson sur les Malins ! Mêmes les nouveaux !

Gontrand : pourtant j’ai des rimes super sympa ! Quand je l'ai faite écouter à Pépette et ses amies elles étaient tordues de rire !

Onirym : justement ! La situation du royaume est assez compliquée comme cela, il y a pas besoin de la déstabiliser encore plus avec des chansons pourries en nous faisant passer pour des billes !

Gontrand : alors je tiens à dire que 1/ vous n'avez pas besoin de moi pour passer pour des billes et 2/ vous surestimez le pouvoir de l’art si vous croyez qu’on peut manipuler les foules ! Moi ce que je veux c’est juste faire rire les gens !!!

Onirym se gratte la barbe : oh la vache qu’est ce que ca gratte !!! Si vous avez un truc pour que les poils poussent moins vite là par contre je suis preneur !

Gontrand : je peux faire une chanson là dessus si vous voulez …

Onirym : Non !

Gontrand : et sur le bébé orc ? J’ai peaufiné mon texte, je vous le fait écouter ?

Onirym : Non !

Gontrand : vous dites non parce que vous ne l'avez pas encore entendue … Je vous fais le refrain :

Mais par où ?

Par où est passé le bâton de notre cher roi ?

Pour donner naissance à cette particularité de la nature

Qui met toutes les dames en émois

Non pas que par sa couleur rouge,

mais aussi pour la taille de son  …

Onirym : stop ! C'est nul !

Gontrand : ça ne va pas recommencer … La dernière fois qu’on a eu cette discussion ça a plutôt mal terminé. Je vous propose un marché, je vous coupe les cheveux et la barbe et pendant ce temps là vous écoutez une autre de mes chanson, que j’ai écris sur nos voisins. Pas les malins, mais ceux qui habitent autour de notre royaume.

Onirym : c’est bon … allez y !

Gontrand saisi la paire de ciseau et pendant qu’il taille allégrement dans les poils d’Onirym il se met à chanter :

Mais ou a t-on atterri ?

Par ici tout est pourri !

Les gens du coin sont plutôt étranges …

Ils ont dû coucher avec leur soeur

Sinon ils auraient pas tous une tête aussi étrange

Et ça c'est sans parler de leur blaze !

Il y a badoums, il a dû être percé trop près du mur …

et Edgard le batard heu pardon le barbare,

Paraben et son nom de médicament

Colonel Orange qui voit rouge

Trollelfe qui a pas choisir,

Do-LA-Dryade …et Papy Asterix !
Non franchement je vous le demande si on est pas dans le trou du cul du monde,

on est bien tombé chez les … pas-malins !

Onirym : ok … si avec ça on se fâche pas avec tout le monde on a de la chance… Mais dites moi, une chanson s’est pas sensé rimer ?

Gontrand : si ça peut. Mais la j’expérimente une nouvelle forme de rhétorique plus libre, plus spontanée.

Onirym : toujours aussi grivoise et provoc par contre ?

Gontrand : on peut pas tout changer d’un coup sinon le public est déstabilisé … Voilà j’ai terminé !

Onirym se regarde dans le miroir : quoi dire … que vous êtes aussi nul comme coiffeur que comme ménestrel ?

Le troisième fléau

Onirym : donc le seul truc qui nous manque c’est le grimoire des souhaits ?

Tout le monde hoche la tête.

Onirym a réuni tous ses amis et conseillers pour faire un point sur la situation, maintenant que tout le monde est présent. Et ça en fait du monde !

Onirym prend un instant pour regarder toutes les personnes présentes dans la salle. Ca lui réchauffe le cœur de voir qu’il y a quand même autant de monde prêt à partager sa galère et à sauver Arendyll à ses côtés ! Même si tous n’ont pas les mêmes motivations …Les aventuriers et les mercenaires, c’est pour l’or qu’ils sont là ! Ses conseillers c’est pour la gloire et le pouvoir … Les voisins Malins pour l’honneur et la fraternité ! Et les autres … Bien Pépette, Percifon, Lucy … Il ne sait pas trop mais il sait qu’il peut compter sur eux !

Onirym se tourne vers Gogo : donc le grimoire des souhaits vous avez des infos ?

Gogo  : et bien avec Mestre Céryl on a pas trouvé grand chose …

Thondurm ricane dans son coin et murmure : s'il passait moins de temps à batifoler avec Brindille, il aurait peut-être pu trouver des trucs …

Gogo devient tout rouge : je me permettrais pas à votre place ce genre de propos petit nain ! D'abord c’est avec Etincelle que je sors et pas avec Brindille et ensuite je suis un vrai professionnel, je sais faire la part des choses entre devoir conjugal et obligations professionnelles ! Regardez Mestre Céryl par exemple, il a rien d’autre dans sa vie que le boulot, il passe son temps dans la bibliothèque et personne pour le distraire et pourtant il a pas trouvé plus de trucs que moi !

Mestre Céryl : merci …

Gogo : il y a pas de quoi ! Et donc vos propos sont … Hors de propos !

Onirym se lève : merci Mage Gogo votre colère est légitime et vos propos Thondurm somme toute déplacés !

Etincelle : c’est peut être parce qu’il est jaloux ?

Onirym : mes amis, mes amis … Du calme s’il vous plait … C’est vrai que la situation est tendue comme la corde d’un arc …Et notre manifestation capillaire n'arrange rien, même si nous savions que cela allait arriver !

Pépette : c’est une vrai horreur ! J’ai même des poils qui me sortent des oreilles !

Garmir : et moi j’ai les cheveux qui me tombent sur les yeux ! Je me fais raser la tête tous les matins et tous les soirs je ne vois plus rien ! Ca n'arrête pas de se coincer dans mon casque, sa tire ca fait mal, une vraie horreur !!!

Fribon : moi j’arrête pas de me coincer la barbe partout, des fois je marche même dessus ! Et ça gratte, ça démange !

Thondurm : moi ça va j’ai l’habitude … Les armuriers ont du mal à fournir et à affûter tous les couteaux et les ciseaux qui s'émoussent rapidement.

Et qu’est ce que l’on va faire de tous ces cheveux et ces poils qu’on coupe ? On va pouvoir ouvrir une fabrique d’oreillers avec tout ça !

Pépette : beurk !

Beornbryn : il va falloir trouver une solution rapidement parce que pour mes hommes niveau hygiène c’est pas terrible, la vermine commence à grouiller de partout … Et se battre avec les cheveux longs et une barbe de 3m c’est pas évident …

Onirym : c’est le 3ème fléau. On est en plein dedans ! Les cheveux et les poils poussent très vite. Après on sait pas trop si le fléau s’arrête quand le suivant commence …

Des poils partout

Une petite voix faible s’élève, Piquette : je vous confirme que le second fléau fait toujours des ravages …

Elle se met à sangloter : rendez moi mon vin, mon doux vin qui tourne la tête et fait chauffer l’esprit …

Onirym : merci Piquette pour cette remarque judicieuse … Donc il y a de grandes chances pour qu’on doive faire avec …

Pépette : et bien moi je tiens à dire quelque chose ! J’ai pas l’habitude d'être en colère mais là trop c’est trop ! Alors je le dis : l’apocalypse c’est nul ! Et le Dieu Sombre et le Démon Karhn  c’est vraiment des gros méchants pas gentils et empêcheurs d'être heureux ! Voila ! c’est dit.

Thondurm : ouuuuh quelle violence Dame Pépette ! C’est parce que vous avez des poils qui vous sortent de partout de dessous des bras et la culotte que vous êtes aussi vindicative ?

Pépette : ahhh par les Dieux quelle horreur !!! Vite un barbier un coiffeur un tonseur, faite quelque chose !!!

Et Pépette s’en va à tir d’aile en hurlant.

Onirym : voilà vous êtes content vous nous l’avez perturbé pour au moins trois jours …

Thondurm : désolé mais c’est trop drôle ! Les fées ont la phobie des poils et là, en ce moment c’est un vrai festival ! C’est pareil pour les elfes ! C’est trop drôle !!! Faut bien qu’on trouve des bons côtés aux malheurs qui nous arrivent !

Fribon : oui bien heureusement que ce n'est pas vous Sir nain le Grimoire des souhaits parce qu'avec vos idées mal placées, nous on serait plutôt mal barré …

Onirym : vous avez dit quoi là ???

Fribon : heu … rien de méchant ?

Onirym : non, à propos du grimoire ?

Fribon : j’ai dis que heureusement que c’est pas Thondurm le grimoire des souhaits parce que ….

Onirym se tourne vers Gogo : est ce que vous pensez que le grimoire de souhait pourrait être une personne ? C’est possible ca ?

Gogo : oh vous savez avec les prophéties tout est possible !!!

Onirym : mais ça ouvre de nouvelles perspectives, et cela pourrait expliquer qu’on ait aucune piste parce qu’on fait fausse route depuis le début …

Garmir ; vous pensez que ca pourrait être votre fils le grimoire des souhaits ?

Onirym : mon fils …

Onirym devient tout rouge et fait des gros yeux en direction de Garmir : pour la millième fois, ce bébé orc n’est pas mon fils ! Qu’en est ce que vous allez le comprendre ???

Garmir : oh moi je ... ça … je ne dis rien …

Mestre Céryl ; en espérant que ce ne soit pas Sinara, parce que la pauvre petite vous l’avez fait fuir …

Onirym : quoi ??? Mestre Céryl vous allez pas vous y mettre vous aussi ???

Un poil énervés

Gogo : c’est peut être quelqu’un qui a des pouvoirs de divination ?

Garmir : moi j’ai vu une voyante sur le marché une fois, elle était super douée, elle m’a prédit pleins de trucs super alors qu'elle ne me connaissait même pas !

Fribon : chevalier … qui ne vous connait pas en ville ? Franchement …

Gogo : et pourquoi pas Lucy , Après tout c’est une déesse ?

Lucy : hein ? Quoi ? Moi ???

Gogo : oui pourquoi pas ?

Lucy ; j’ai pas de pouvoir, ni de dons …

Garmir : oui bon alors là bravo ! Ça sert à quoi d’avoir des déesses dans notre camp si elles sont bonnes à rien ?

Fribon : oui ,c’est un peu comme nos chevaliers …

Garmir : hein ?

Onirym : hé ho on se calme j’ai dit STOP ! C’est d’avoir des cheveux partout qui vous rendent si hargneux ? Allez vous faire tondre et calmez vous !

Epée

Onirym quitte la réunion et retourne s’enfermer dans ses appartements.

Dans la pièce d’à côté, il entend Marion qui chante une petite comptine au bébé orc pendant qu’elle lui prépare un petit tartare de chèvre (sa viande crue préférée !).

Onirym soupire … Bon il y a au moins une personne gentille dans ce palais … J’aurais pas parié sur Marion à première vue mais là il faut bien se rendre à l’évidence, elle assure comme nourrice !

Le bébé Orc se met à pousser un hurlement de faim, le repas n’arrivant pas assez vite à son goût !

Marion hausse le ton : écoute petit nabot si tu veux pas que je te coupe un pouce et que je te fourre dans le bec pour plus t’entendre t’as intérêt à arrêter de gouailler tout de suite, parce qu’on ne menace pas Marion quand elle a un couteau dans les mains !

Le bébé orc arrête de pleurer immédiatement et se met à babiller …

Onirym songe alors : ah non pas si gentille que ça en fait … Mais bon avec un bébé orc faut savoir se faire respecter !

Barre

Dans tous les cas Onirym sait ce qu’il à faire pour sauver toute cette bande d’imbéciles, heu pardon de joyeux drilles …

Avant de se coucher il se coupe la barbe et les cheveux, sachant que lorsqu’il se réveillera plusieurs heures plus tard ils auront repoussé …

Une journée ordinaire …

Le soleil se lève sur la cité d’Onirym. Encore une nuit chaude et poisseuse de passée. Les marchands sortent leur étale, les ouvriers vont aux champs et aux entrepôts, les artisans font leur gym du matin (1), les lavandières vont au lavoir … Les malandrins vont se coucher et les soldats de la cité se réveillent avant la relève de la garde.

Très rapidement les premiers heurts éclatent ! Une barbe qui se coince, quelqu’un qui marche sur les cheveux d’un collègue … Et les files d’attentes qui s’allongent déjà devant les échoppes des barbiers …

Ce troisième fléau des cheveux (et poils) qui poussent est vraiment catastrophique et met les nerfs à rude épreuve …

Sans compter le fait que tout le monde ressemble à un ours hirsute, ça gratte, ça démange, ça gène, ça tire ça fait mal ! Et c’est sans compter aussi la vermine qui s’installe …

L’ambiance dans la cité est à couteaux tirés !

Le moindre accrochage entre deux carrioles finit en baston générale dans la rue, les clients des auberges, déjà mécontents de ne plus pouvoir s'enivrer, pestent contre les poils qui garnissent systématiquement leur verre de grenadine ou leur écuelle !

Plume

Arrêtons nous donc sur deux ou trois de ces événements …

En fin de matinée, sur la grande place du marché, Tigny Courcoline, mage de feu du troisième grade croise Stanislas De Vegas, mage des eaux étincelantes et du miroir de brume.

Une animosité certaine existe entre ces deux là, depuis l’académie de magie. Une histoire d’elfette que Stanislas aurait “volé” à Tigny, et des rancœurs lorsque Tigny fut accepté dans la confrérie des mages, et pas Stanislas … Bref ces deux là s’adorent !

Donc ils se croisent, et Tigny se moque de la barbe hirsute de Stanislas, qui en retour lui fait un “compliment” sur le métier de service, plutôt nocturne de sa mère …

Tigny voit rouge, et n’attendant que cela, provoque Stanislas en duel au milieu de la rue !

Stanislas, le regard haut et les yeux pleins de défis, accepte la confrontation.

La foule s’écarte autour d’eux …

Les gardes font semblant de ne pas voir ce qui se passe, ayant trop peur d’intervenir et de devoir séparer deux mages en pleine bagarre …

Tigny : mes boules de feu vont te réduire en cendre espèce de gangrène putride !

Stanislas : je ne crains pas tes flammèches d’opérette, espère de mage de pacotille !

Tigny : ma magie va te mettre en pièce, tu n’es qu’un n’incapable même pas fichu d’aligner deux sortilèges !

Stanislas : tu vas voir ce que l’incapable va te mettre dans le c…, après t’iras pleureur dans les jupons de ton mage supérieur comme un gamin qui vient de se faire gronder !

Tigny : vermine !

Stanislas : pourriture !

Tigny : moins que rien !

Stanislas : vendu !

Tigny sert les dents et commence à faire apparaître deux longues traînées de flammes autour de lui.

La foule pousse un Oh !!! Enfin !!! Et s’écarte un peu plus.

Stanislas fait apparaître au bout de ses doigts des pics de glace étincelants sous la lumière du soleil …

Le silence s’installe tout le monde retient son souffle, les deux mages se regardent, immobile, le regard noir empli de haine !

Au loin, une cloche sonne …

Les deux protagonistes se redressent et baissent les bras. Leurs sorts se dissipent !

Tigny : c’est l’heure ?

Stanislas : on dirait bien oui.

Spectateurs : qu’est ce qui se passe ?

Tigny : c’est l'heure du repas, on passe à table ! Vous croyez pas que l’on va se battre le ventre vide ?

Stanislas : viens, je connais une petite auberge qui fait du porc grillé, un délice !

Les deux mages s’en vont vers l’auberge. La foule se disperse, un peu déçue. Les gardes respirent et sont bien contents de ne pas être intervenus …

(1) La guilde des artisans de la cité préconise de faire 30 min d’exercices d’échauffements avant de commencer à travailler. Ces gestes simples permettent d’éviter les accidents et de protéger la santé de vos collaborateurs ! Quelques moulinets des bras, du cou, des flexions pour les genoux, puis une petite course pour le souffle et vous êtes près à travailler sans risque ! La seule exception à cette règle concerne la guilde des brasseurs qui (normalement) attaquent tout de suite par des exercices de lever de coude !

Une journée ordinaire, suite

Dans l'après-midi, au fond d’une ruelle … Une forme sombre est accrochée à une outre de vin, désespérément vide … Piquette lève une millième fois l’outre et la porte à ces lèvres desséchées. Mais comme les fois précédentes, plus aucune goutte d’un quelconque nectar s’en échappe.

Piquette jette l’outre au loin, de rage, pousse un cri et maudit les dieux pour le supplice qu’ils lui infligent !

Epée

Plus tard, beaucoup plus tard dans la nuit … Tout le monde dort. Tout le monde ? Non ! Les barbiers continuent de travailler, pour faire face et avoir le temps de tondre tout le monde … Avant de recommencer le lendemain matin. Leurs mains sont couvertes d’ampoules Mais il faut tondre, couper tailler encore et encore !

Les forgerons sont aussi sollicités pour affûter les lames et les ciseaux des barbiers. Et il y a aussi tout un peuple de petites mains, qui collecte et récupère les cheveux dans des carrioles pour les emmener à l’extérieur de la ville.

Toute cette activité nocturne est le bonheur des coupes jarrets, détrousseurs et autres voleurs de la cité !

Après le passage de la milice, ils organisent des barrages aux ponts et aux carrefours et font payer un droit de péage à tous les gens qui veulent passer !

Mais leurs activités lucratives sont perturbées par la justicière masquée ! Elle leur tombe dessus régulièrement et avec grâce et volupté leur botte les fesses, leur tire les poils du nez, leur fait manger leur barbe ! Cela en devient tellement contrariant que le prince des voleurs a mis sa tête à prix ! Une petite fortune est promise à quiconque révélera l’identité de la fougueuse justicière masquée. En plus elle semble être la seule personne de la cité à ne pas souffrir de pilosité excessive …

Livre 2 - suite / Ça sent la baston !

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