Le choc du transfert a encore été violent. Onirym récupère ses sens peu à peu et découvre son nouvel environnement. Dans sa main le barzougalpahium perd en intensité et redevient inerte.
Il n’y a aucun doute, il n’est pas de retour chez lui !
Derrière lui s’étend une mer aux eaux clairs, et face à lui une ville resplendissante. De grandes murailles en pierre ocre encerclent une cité de grande taille. Partout de hautes tours à l’architecture excentrique bravent les nuages. Au centre de la cité se trouve ce qui semble être un gigantesque palais, en forme de pyramide.
Mais ce qui impressionne le plus Onirym c’est le vol de nombreux dragons dans le ciel …
Il y a en a de toutes les tailles et de toutes les formes. La plupart semblent chevauchés par un cavalier. C’est plutôt classe comme moyen de transport !
Onirym prend son courage à deux mains et se dirige vers les portes de la cité. Alors qu’il avance sur un chemin pavé, il aperçoit deux personnes au travers de la route un peu plus loin.
En s'approchant, il distingue mieux la scène.
Les deux hommes sont habillés d’habits colorés et chatoyants. Ils se font face et se donnent des baffes à tour de rôle en s’invectivant et s’insultant bruyamment !
Bon même s’ils ont un fort accent, Onirym comprend ce qu’ils disent, c’est déjà çà.
Alors qu’il s'avance vers eux, les deux compères continuent leur manège.
Premier homme : espèce de sale fils de vouivre ! Plaf !
Second homme : sous espèce de dégénéré barbare ! Vlam !
Lorsqu’Onirym arrive à portée d’eux, il crie dans leur direction : Et les fillettes, vous en avez pas marre de vous balancer des baffes comme ça ? Vous avez les joues qui ressemblent à des fesses de babouins …
Les deux hommes se tournent vers lui, l’air furieux. Ils ont tous les deux les yeux violets et de longs cheveux blonds platines avec des reflets argentés, coiffés en une queue de cheval compliquée et élégante.
Onirym reprend : heu … Je me rends compte que j’ai vachement mal commencé cette phrase … Du coup je ne sais pas trop comment la terminer.
Le premier homme porte la main à la fine épée à son côté et montre du doigt Onirym : qui es tu manan pour oser ainsi interrompre notre rixte ?
Onirym : je m’appelle Onirym et je suis un voyageur qui cherche à rentrer chez lui …
Second homme : se n’est pas une raison pour oser nous interrompre ! Chez moi on écartèle des esclaves pour moins que ça !
Onirym s’arrête : et ho ! Je suis pas un esclave ! Et laissez mes bras où ils sont ! Je trouve simplement que vos méthodes sont … comment dire … Assez spéciales …
Premier homme : vous avez l’intention de nous donner des leçons ! Petit insolent ! Sache qu’ici on ne fait couler le sang des Valyriens que pour de très bonnes et importantes raisons ! Mais cela ne nous empêche pas d’exprimer l’animosité et la rivalité qu’il y a entre nos deux familles d’une autre manière ! Je suis Aris Celtigars et lui c’est Frid Valaryons.
Frid : oui et lorsque des représentants de nos familles se croisent il est de coutume de s’en foutre quelques unes, pour marquer notre différence.
Aris : parfaitement ! C’est culturel !
Frid : et quand on est particulièrement énervés ou contrariés on envoie quelques phalanges d’esclaves et de mercenaires se foutrent sur la gueule !
Aris : et du coup c’est l’occasion de sortir les dragons pour massacrer tout le monde !
Frid : ouais ! Un vrai carnage, ça défoule et ça fait du bien !
Onirym : je vois je vois … Des coutumes qui me semblent bien étrangères … Mais je ne permettrais pas de juger ! Même si massacrer de pauvres êtres juste pour passer le temps me semble un peu cruel … Par contre vous avez vraiment des dragons ?
Aris montre le ciel au-dessus de la cité : et ça c'est une volée d’étourneaux ?
Onirym : Non en effet … C’est vachement impressionnant !
Frid : notre noble lignée a domestiqué des dragons depuis des siècles ce qui permet à Valyria de régner sur toutes les terres qui bordent la mer d’été !
Aris : et même au-delà, l’empire Possessions et le plus vaste et le plus puissant du monde, rien ne peut nous résister ou nous arrêter !
Frid : oui seul un terrible cataclysme pourrait arrêter notre puissance et amorcer notre déclin.
Aris : mais ce n'est pas prêt d’arriver !
Les deux hommes partent dans une succession de rires déments et hystériques.
Leur spectacle est brusquement interrompu par un grondement sourd qui monte des entrailles de la terre … La mer se met à s’agiter brusquement, le son enfle et devient assourdissant, et le sol se met à trembler !
Chacun s’accroche à un rocher ou un arbre pour ne pas tomber.
Au bout d’un certain temps qui semble très long, le bruit diminue et le sol se calme. La mer reprend son doux ressac …
Aris : oh il était costaud celui-là !
Frid : oui ça devient de plus en plus fréquent ces tremblements … C’est inquiétant quand même ?
Aris : espèce de demi-fillette ! L’Archonte a déclaré que ce n'était pas grave ! Tu n’aurais pas peur quand même ?
Frid : moi ? Peur ? haha jamais ! Mais je vais quand même interrompre notre “disputation” pour aller voir au palais familial si tout va bien …
Aris : j’en fais de même !
Et les deux hommes se tournent et commencent à courir en direction de la cité …
Onirym reste seul au milieu du chemin, sans trop savoir quoi penser de tout cela … Alors qu’il s’apprête à reprendre la route, il aperçoit quelque chose gigoter dans un buisson, juste à côté de l’endroit où les deux hommes se disputaient.
Il sort sa dague et s’avance prudemment. Il voit alors une jeune femme ligotée et bayonné sur le bas côté de la route !
La jeune femme le regarde avec insistance, de son regard sompteux et troublant. Elle a elle aussi les cheveux argentés et les yeux mauves. Elle est vêtue d’une somptueuse robe de soie chatoyante.
Onirym se précipite et coupe les liens. La jeune femme se jette dans ses bras.
Jeune femme : merci voyageur de m’avoir secourue !
Onirym : mais de rien, c’est normal … Vous êtes de la famille des deux autres rigolos qui étaient là tout à l’heure ?
Jeune femme : non pas du tout, je suis Daenys Targaryen, ma famille n’est pas aussi puissante que les Celtigars ou les Valaryons …
Onirym : et vous aussi vous avez des dragons ?
Daenys : Bien sûr ! Toutes les familles nobles et prestigieuses de Valyria ont des dragons ! Vous nous prenez pour qui ? Des pouilleux ? Des rampants ?
Onirym : non pas du tout, ne le prenez pas mal surtout ! Mais pourquoi vous ont-ils ligotés ?
Daenys : ces deux imbéciles voulaient m’offrir en pâture à leur dragon personnel ! C’est pour ça qu'ils se disputaient en fait, pour savoir lequel pourrait m’emmener … On peut dire que vous êtes tombés à souhait ! C’est les dieux qui vous envoient ?
Onirym pousse un gros soupir : qui m’envoient ? Je ne pense pas … Eux et moi sommes plutôt en mauvais termes et ça ne m'étonnerais pas que ce qui m’arrive dernièrement soit leur punition …
D’un geste vif, Daenys sort une dague des plis de sa robe et vient la placer, menaçante, sous la gorge d’Onirym !
Onirym : gloups ! Heu …
Daenys : Chut ! Taisez vous ! Je préfère encore vous égorger plutôt que de vous entendre geindre une fois de plus …
Onirym : ha ! OK d’accord … Mais je ne me plaignais pas particulièrement …
Daenys écarte sa dague et vient embrasser fougueusement Onirym !
Onirym : AH bien celle là je m’y attendais pas ! C’est la première fois qu’on me menace et m'embrasse dans un délai aussi court !
Daenys : suffit ! Suis moi maintenant, il ne faut pas rester ici. Après les tremblements il y a parfois des nuages de gaz qui s’échappent du sol, du soufre et d’autres trucs qu’il ne vaut mieux pas respirer !
Daenys attrape Onirym par la main et l'emmène sur la route, vers la cité, d’un pas rapide.
Onirym remarque que la jeune femme tient toujours sa dague dans son autre main …
Il lui demande : et cela arrive souvent ses tremblements de terre ?
Daenys : oui de plus en plus, mais ce n’est pas grave. La cité est solide et immortelle ! On a des dragons, on ne craint rien !
Onirym : c’est une manière de voir les choses …
Sinara frappe violemment du poing sur la table.
Sinara : ce n’est pas possible ! Onirym n’a pas pu s’enfuir et disparaître comme ça !
Fribon : je vous assure qu’on a fait fouiller partout ! Tout le palais dans ses moindres recoins et aucune trace d’Onirym ! En ville c’est pareil !
Sinara : et bien fouillez encore !
Fribon : encore ? Mais c’est déjà la troisième fois …
Thondurm : il est peut-être parti ? Après tout vous lui avez montré l’exemple …
Sinara fusille Thondurm du regard, lui coupant court à tout autre remarque.
Maitre Thuringwethil : je comprends votre désarroi jeune fille … Même ma magie n’a pu retrouver sa trace … Comme s’il avait purement et simplement disparu du monde …
Sir Gaelfen : et Deds73 a aussi mené son enquête. D’après notre déesse, les dieux n’y sont pour rien … C’est incompréhensible !
Sinara : je ne me contenterais pas de quelques excuses ou suppositions ! Je vais le retrouver ! Et une fois que je l’aurai trouvé, je lui botterai le derrière ! Et après je l’embrasserai ! Et après je …
Maitre Thuringwethil : oui bien petite princesse, nous comprenons ce que vous voulez dire. Sachez que je désire autant que vous retrouver mon ami …
Thondurm : ça me fait vraiment tout drôle ! Excusez-moi pour cette interruption, mais faut qu'ça sorte !
Maitre Thuringwethil : et que trouvez vous si troublant le nain ?
Thondurm : le fait que vous appeliez Onirym “mon ami”, après toutes les crasses, le mépris et les coups de petite pute que vous lui avez fait, ça m'étonne …
Maitre Thuringwethil : je sais que les nains sont plutôt hermétiques au changement mais il faudra vous y faire. Onirym a acquis mon respect lors de la guerre contre Imzen, nous nous sommes expliqué et les choses sont claires. Maintenant nous sommes amis et mes sentiments sont sincères ! Les elfes n’ont pas pour habitude de jouer ou simuler ce genre de chose, c’est futil et sans aucun intérêt.
Thondurm : n’empêche que ça me fait tout drôle à chaque fois … C’est tout.
Maitre Igdul prend la parole, d’un ton calme et posé : excusez moi, mais, j’ai peut être quelque chose. Je ne sais pas s’il y a un lien mais dans le doute, je voudrais vous fourvoyer sur une mauvaise piste, c’est sûrement rien et sans rapport mais …
Sinara : mais vous allez arrêter de tourner autour du pot et en venir aux faits s’il vous plaît !
Maitre Igdul : bien, soit. Lorsque je suis monté aux archives, il y avait un sacré bazar !
Thondurm : c’est pas nouveau ça !
Maitre Igdul : oui mais encore plus que d’habitude, dans une des petites pièces à l'arrière des archives … Comme si les ouvrages étaient tombé ou avaient été “soufflés” par une grande bourrasque de vent …
Thondurm : super … et c’est tout ?
Maitre Igdul : il y avait aussi une lanterne, posée au sol … Je n’ai pas souvenir de l’y avoir apporté.
Thondurm : donc votre théorie c'est que le seigneur Onirym a disparu pendant qu’il faisait le ménage dans une des remises des archives ?
Maitre Igdul : il y a autre chose … Parmi les ouvrages tombés, il y avait un livre étrange et ancien …
Thondurm ouvre la bouche mais Maitre Thuringwethil fait un petit geste discret et le nain est pris d’une quinte de toux …
Maitre Thuringwethil : quel ouvrage ancien et étrange ?
Maitre Igdul : le centre du livre présente une cachette pour un objet sphérique. Le titre du livre est “Du voyage du barzougalpahium sous les étoiles”.
Maitre Thuringwethil : le barzougalpahium , Ca me dit quelque chose … Je vais étudier cette piste de ce pas !
Thondurm a fini de tousser : merde j’ai avalé des poils de barbe …
Autre lieu, autre ambiance
Dans la grande salle de pierres grise d’un tour, se trouve un trône. De taille plutôt imposante et richement décoré de motifs macabres et maléfiques. Ce qui va très bien avec le reste de la déco de la pièce : longues tentures rouges sang accrochées au murs, crânes hurlants, candélabres, cages suspendues au plafond dans lesquelles se meurent quelques pauvres créatures …
L’endroit est donc sinistre et malsain.
Sur le trône un homme est assis. Une silhouette plutôt, enveloppée d’un long manteau de cuir élimé et déchiré, la capuche rabattue sur le crâne, ne laissant apercevoir de son anatomie que des doigts crochus et desséchés. Il porte sur la tête une lourde couronne de fer hérissée d’épines acérées.
Un soldat s’approche de lui, vêtu d’une armure de cuir noir. Le soldat s’incline et attend.
L’homme sur le trône, agacé, lui lance : quoi encore ?
Le soldat répond : maître des tourments, grand conjurateur, seigneurs de souffrance, grand …
L’homme sur le trône fait un geste de la main : ça va ça va ! Pas besoin de faire tout mon CV à chaque fois que vous vous adressez à moi ! C’est énervant à la longue !
Soldat : excusez moi votre magnificence je croyais bien faire …
Roi : alors quoi ?
Soldat : tout est prêt, comme vous l’aviez prévu.
Roi : Ah !!! Onirym est donc vulnérable ?
Soldat : Oui il a commencé le voyage.
Roi : parfait, envoyez les troupes et rapportez-moi sa tête !
Quelques instants plus tard, des dizaines d’ombres quittent la sinistre tour et s’élancent dans la nuit.
Daenys et Onirym arrivent dans une grande bâtisse située dans les hauteur de la ville.
Alors qu’ils traversent un vaste jardin d’agrément, la jeune femme saisie Onirym par le bras et l’entraine à l’écart vers un grand batiment coiffé d’un dome rouge.
Daenys : viens je vais te présenter Maxirakis, mon dragon !
Onirym : t’es sûr qu’il va pas essayer de me bouffer ?
Daenys : il ne le fera que si je lui demande ! Un sourire mi malicieux mi carnacier s’afffiche sur le visage de la jeune femme.
C’est donc pas très rassuré qu’Onirym franchi les lourdes portes et entre dans l’étable à Dragons …
Face à eux, plusieurs box, dans lesquels se trouvent … De majestueux dragons !
Les imposantes créatures regardent les nouveaux arrivants derrière leurs yeux mi-clos.
Un gros dragon noir pousse un grognement sourd, ouvrant sa large gueule hérissées de cros aussi longs qu’une épée !
Daenys s’arrête devant un box occupé par un dragon doré, pas plus gros qu’un cheval, mais déjà impressionnant avec ses grandes ailes membraneuses et sa longue queue terminée par des écailles luisantes et tranchantes …
Daenys : je te présente Maxirakis, mon dragon ! Il est encore trop jeune pour pouvoir voler longtemps avec moi sur son dos mais bientôt il sera aussi fort et puissant que ses grands frères !
Onirym, impressionné : c’est la première fois que je vois un dragon d’aussi prêt …
Daenys : tu veux le caresser ?
Onirym : non pas trop
Daenys : Si ! Tu es obligé, sinon je le prendrais comme un affront personnel et je serai obligée de te transpercer le coeur avec ma dague pour laver cet affront …
Onirym : présenté comme çà, la question prend alors tout son sens !
Onirym passe le bras entre les barreaux, et approche la main du flan du dragon, tous les sens en alerte, prêt à la retirer vivement au moindre geste suspect de la part de la créature.
Etrangement, le dragon n'essaie pas de la croquer. Onirym pose sa main sur lui. Les écailles sont agréables au toucher, douces et soyeuses.
Daenys : c’est bien ce que je pensais, je peux te faire confiance …
Onirym : quoi ? C’était un test ?
Daenys : bien sûr l’instinct d’un dragon est infaillible ! Si tu m’avais voulu du mal, il l'aurait tout de suite senti et tu serais manchot à l’heure qu’il est !
Onirym : depuis le début que je t’ai détaché, c’est plutôt toi qui a failli me tuer ! Et à plusieurs reprises !
Daenys : Ne le prends pas comme cela ou je te jette dehors ! Je suis une Targaryenne ! Feu et Sang est notre devise et un jour nous serons aussi puissant que ces méprisantes maisons Celtigars et Valaryons et nos dragons réduiront en cendre leurs demeures, brisant les os, carbonisant les chairs ! Alors tout Valyria sera obligé de reconnaître notre noblesse et notre puissance et nous ne courberons l’échine devant plus personne !
A la fin de la tirade passionnée de la fougueuse Targaryenne le sol se met à trembler et un grondement sinistre s'élève, puissant et soudain !
Sous la violence du séisme Onirym et Daenys sont projetés au sol. Les lourdes dalles de pierre du sol commencent à se fissurer, les murs tremblent, la charpente craque, de lourdes tuiles tombent de toute part sur le sol.
Onirym se relève, attrape Daenys par la taille et se réfugie sous l’encadrement d’une porte, au moment où la moitié de la toiture s’écroule dans un nuage de poussière.
A l’intérieur du bâtiment, les dragons poussent des rugissements effroyables !
La poussière des débris se mêle à la fumée, noire et épaisse, de l’incendie qui commence à ravager les environs.
Les hurlements des dragons sont de plus en plus puissants, couvrant même le grondement de la terre.
Daenys est paniquée : les dragons ! il faut sauver les dragons ! Je m’occupe des oeufs, toi va les détacher !
Et elle s’enfonce dans la fournaise.
Onirym, mu par un élan soudain de survie et d’empathie pour les puissants dragons, se jette à son tour dans les ruines en flammes du sanctuaire.
Il passe un foulard devant son visage pour ne pas être asphyxié et se dirige, au son, vers le premier box. Il ouvre la porte d’un coup sec et une gigantesque ombre noire s’échappe, dans une longue traînée de souffle brûlant. Il se dirige vers le box d’à côté pour libérer un second dragon. Alors qu’il se dirige vers le box suivant, Onirym à la tête prête à exploser, les poumons en feu. Il se dirige à tâtons, évitant les chutes de pierre et les zones en feu. Il entend les cris stridents d’un dragon sur sa gauche. Onirym ouvre la cage, mais pousse un cri de douleur quand sa main se pose sur l’acier des barreaux chauffés à blanc. Le dragon pousse la porte ouverte de sa lourde tête et s’échappe en courant du brasier, manquant même d’écraser Onirym au passage !
Onirym essaye de se relever, pour continuer et s’échapper lui aussi de cet enfer, mais ses jambes refusent de bouger. Sa vue se trouble, il ne peut plus se retenir, il respire un grand coup ! La fumée incandescente envahit son corps, brûlant sa gorge et ses poumons ! La douleur est vive et intense.
Alors qu’il sent ses forces le quitter, Onirym a une vision. Il voit Sinara, face à lui, des larmes coulent sur ces joues, elle tient dans ses bras un bébé enroulé dans des langes. Derrière elle, une cité en flamme ! Ce n’est pas la cité d’Onirym mais l’étrange ville dans laquelle il se trouve actuellement : Valyria !
Sinara le regarde, le supplie de ses grands yeux et murmure : je t’en prie, ne meure pas, j’ai besoin de toi. Puis la vision se trouble.
Surmontant sa douleur, Onirym se redresse. Il attrape un bout de bois et s’en sert de canne et s’approche du quatrième box. Maxirakis pousse des hurlements de rage et de peur. Onirym entend le cliquetis de ses chaînes. Le dragon tire dessus, paniqué, de toutes ces forces pour tenter de s’échapper. Mais ses mouvements ne font que le blesser davantage. Onirym pousse de l’épaule les fragments de la porte du box et s‘approche du dragon. Plus mort que vif, les mains tremblantes, il arrive à retirer le loquet qui maintient la chaîne autour du cou du dragon. Enfin libéré, Maxirakis déploie ses ailes. Il ouvre une large gueule et la referme sur Onirym avant de s’envoler.
Le tremblement de terre a fait de nombreux dégâts dans toute la cité. Partout on s’affaire à déblayer les décombres, arrêter les incendies, sortir les cadavres sous les tas de gravas.
Dans la cour d’honneur du palais Targaryen, Daenys reprend son souffle. Elle tient contre son sein trois gros oeufs de dragon.
Arrivent bientôt les domestiques, les soldats et les autres membres de la famille, alertés par le bruit et la fureur. Les dragons sortent un à un des décombres de leur enclos, apeurés et blessés.
Aenar, le chef de la maison Targaryen, est en train de donner des ordres pour synchroniser les secours.
Maxirakis atterri au milieu du tumulte et dépose le corps inerte d’Onirym sur le sol.
Aenar : mais c’est qui celui-là ?
Daenys : c’est Onirym. Il m’a sauvé cet après-midi, c’est lui qui a libéré les dragons.
Aenar : ok donc on ne va pas le passer au fil de l’épée. Transportez le à l’intérieur et prévenez moi s’il survit.
Quelques jours plus tard, Onirym est assis sous une tonnelle, en compagnie d’Aenar et de Daenys.
Aenar : bien, je vois que vous vous remettez de vos brûlures …
Onirym : ca pique encore un peu mais ça va mieux.
Aenar : vous avez sauvé ma fille et mes dragons, je vous dois le respect.
Onirym : merci mais je ne l’ai pas fait pour cela. En fait tout se bouscule dans ma tête, je veux juste pouvoir rentrer chez moi, et quitter cet endroit au plus vite.
Aenar : pourquoi vouloir partir ?
Onirym : déjà parce que je trouve que l’endroit et pas très sur …
Daenys : c’est vrai qu’aucun tremblement de terre n’avait été aussi violent et n’avait frappé Valyria en plein coeur, avant celui de l’autre jour.
Aenar : ce n’est pas important.
Onirym : si, moi je trouve ! Ça sent pas bon de rester dans le coin ! La cité va être détruite, si le bon sens ne vous permet pas de voir le cataclysme qui se prépare, croyez en mon intuition, j’ai eu une vision.
Aenar : et ça vous arrive souvent ?
Onirym : non, pas du tout, mais j’ai vu ma chère et tendre Sinara … Et derrière elle c’était votre cité qui était en flamme.
Daenys crispe ses doigts sur le fin couteau d’argent qu’elle tient alors qu’elle est en train de s’éplucher une pomme : votre chère Sinara ?
Aenar : la cité en flamme ?
Onirym : je ne sais pas quoi penser de tout cela, mais moi je vais tout faire pour partir vite d’ici, vous devriez en faire de même ?
Aenar : quitter Valyria … Mais pour aller où ?
Daenys : il y a bien cette île, sur ce rocher perdu, ou s'est réfugié notre vieil oncle un peu fou … FereDrafon ?
Aenar : Peyredragon ? C’est à côté de chez les barbares, loin de toute civilisation ? Qu’irions nous faire là bas ?
Onirym : peut-être juste survivre ?
Aenar : je ne sais pas trop, il me faudra y réfléchir … En attendant j’ai une dette d’honneur envers vous, alors demandez moi ce que vous voulez en échange, qu’on en finisse. Je n’aime pas trop me sentir redevable envers un étranger …