Quelque temps après la fin de la bataille, Onirym réunit tous les survivants.
Onirym : bon, si je vous ai demandé de nous réunir aujourd’hui c’est qu’une mission de la plus haute importance nous incombe … Nous devons choisir qui nous allons demander au Dieu de la Mort de ressusciter ! C’est une lourde tâche, et cruelle de surcroît … Mais c’est la seule et unique occasion de faire revenir parmi nous un de nos amis tombé au champ d’honneur !
Thondurm : je propose mon neveu Théodore.
Fribon : ha ? Parce qu'il y a eu des morts du côté des nains ? C’est pas de bol, vu que vous ne vous êtes pas beaucoup battus …
Thondurm devient tout rouge et se lève, se met debout sur son siège et menace Fribon de sa chope à bière : je ne vous permet pas, petit vermisseau ! D’autant que vous, vous étiez bien planqué au chaud pendant ce temps là !
Onirym : calmez vous les amis. Les querelles et les rancœurs doivent être mises de côté.
Pépette pleure en silence, dans son coin.
Mestre Céryl : et pourquoi pas Garmir ? Il s'est vaillamment illustré au cours de la bataille. Il mérite de revenir…
Beornbryn : Garmir est mort en héros. Il a acquis le statut de sauveur du peuple et de protecteur du royaume.
Onirym : oui je vais même lui faire ériger une statue …
Beornbryn : du coup, j’ai peur qu’il ne soit que l’ombre de lui même si on le fait revenir. Il ne pourra plus jamais refaire un tel coup d’éclat. Chérissons sa mémoire et laissons le reposer en paix. Il le mérite !
Deds73 : je pense que Lucy mérite d’être ressuscitée. Elle est morte de manière tragique et tellement absurde … Je suis sûre qu’elle fera une excellente déesse qui veillera sur les hommes avec bienveillance et compassion.
Onirym : j’aimais beaucoup Lucy également et elle fait partie de la petite poignée de Dieux qui nous sont venus en aide, Mais … Je ne pense pas qu’un Dieu ou une Déesse mérite d’être ressuscitée ! Donnons cette opportunité à une créature mortelle ! Se serait trop faire honneur au panthéon divin que de ressusciter l’un d’entre eux ! Excuse moi Deds73 mais tu connais ma position sur le sujet …
Deds73 acquiesce sans dire un mot.
Fribon : et pourquoi pas Marion ? Votre ancienne femme de chambre ?
Onirym : merci Fribon mais Marion n’est pas morte !
Fribon : ha bon ! Je croyais …
Onirym : non, elle vit avec Grazz et les orcs… Tout va bien pour elle …
Maitre Thuringwethil : et pourquoi pas le mage Gogo ? Il n’a pas démérité non plus ?
Onirym : se serait cruel de le ressusciter alors qu’Etincelle est morte ! Ne serait-ce pas une vraie souffrance et une malédiction pour lui de revenir à la vie alors que son amoureuse est morte ?
Maitre Thuringwethil : Si, vous avez raison. Du coup pas question de faire revenir Etincelle non plus … Laissons les vivre leur amour éternel dans l'au-delà !
Boris : et pourquoi pas Gontrand ! C’était mon ami …
Onirym : je voudrais bien, mais ce n’est pas possible … Gontrand n’est pas mort ! Son âme est enfermée sur le plan démoniaque. C’est pire encore …
Thondurm : et pourquoi pas Percifon alors ? Il était rigolo lui, et ça mettrait un peu de bonne humeur au palais ! Parce que excusez moi, mais l’ambiance est plutôt pesante en ce moment … Avec vos gueules d'endives de six pieds de long …
Gaelfen : puis-je me permettre une intervention ? Percifon était une créature magique. Je ne sais pas si elle rentre dans le périmètre d’action du contrat que nous avons avec le Dieu de la Mort ?
Une toute petite voix étouffée s'élève. Entre deux sanglots, Pépette tente de s’exprimer : s’il vous plaît ne m’arrachez pas mes deux amies. J’ai tant perdu dans cette guerre, tant de souffrance, de mort, de destruction ! Ils sont tous morts … Je comprend pour Étincelle, se serait cruel de la faire revenir sans Gogo … Mais Brindille …
La pauvre petite fée n’est plus que l’ombre d'elle-même. De grosses cernes noires défigurent son beau regard, avant si joyeux. Et tout sourire à définitivement fuit son beau visage …
Un silence s’installe dans l’assemblée. Tout le monde a une immense peine pour Pépette. Rien ne semble la consoler. Alors, peut-être, en effet, si Brindille revenait …
Onirym : ma chère amie, je partage votre peine immense et j’entend votre supplique. Je propose en effet de demander au Dieu de la Mort de faire revenir Brindille … Tout le monde est d’accord avec cela ?
Dans l’assemblée, personne ne s’oppose à la proposition d’Onirym.
Il fait donc parvenir un message grâce à un corbeau de la Mort, à la prêtresse des Limbes pour indiquer le choix de l’assemblée.
Quelques temps plus tard, l’âme de Brindille traverse le fleuve de l’oublie, guidée par la prêtresse des Limbes. Arrivés sur l’autre rive, la prêtresse montre le chemin de la sortie à Brindille.
Prêtresse : vous êtes libre, chère enfant. Profitez bien de la seconde chance qui vous est offerte …
Brindille s’avance sur le chemin qui remonte à la surface. Elle avance d’un pas chancelant, l’esprit encore tout embrumé par la mort …
Alors qu’elle atteint la porte des soupirs, seuil entre le monde des hommes et l’au-delà, une longue silhouette noire s’approche d’elle.
La main fine et blanche d’Uriel se pose sur le bras de Brindille.
Uriel : non petite fille, ton destin n’est pas de retourner parmi les hommes. Deds73 me doit toujours un tribu pour l’avoir secourue dans le temple du Dieu Sombre. Et ce sera toi. Je te prends sous mon aile, vient avec moi, une autre vie t’attend à mes côtés …
Brindille se tourne lentement vers Uriel, le regard vide. Un instant elle sourit et murmure : comme vous voudrez maitre …
Une année s’est écoulée depuis la fin de la bataille contre Imzen, l’elfe noir albinos et la horde du Dieu Sombre. Le royaume d’Onirym pense les cicatrices laissées par la guerre.
Beaucoup de choses ont bien changé au royaume.
Une statue géante de Garmir le protecteur a été érigée sur la place principale, en face de la porte du palais, à la place de la statue d’Onirym. Personne n’oubliera le courage et le sacrifice dont à fait preuve l’ancien capitaine des Gardes.
La ville et les murailles ont été remises en état, pour effacer les stigmates de la guerre et des sept fléaux. La cité continue de grandir et prospérer …
L’arbre de vie grandit, protégeant le monde. Il est devenu un lieu de pèlerinage et de dévotion. Les gens se déplacent de loin, en processions, pour venir prier et rendre hommage au grand Yggdrasil, bienfaiteur de la nature et protecteur d’Arendyll…
Les horreurs sont encore bien présentes dans l’esprit des compagnons d’Onirym. Mais chacun essaye de ne pas trop y penser. Et la vie, normale et paisible, reprend son cours …
Griselda est partie peu de temps après la fin de la guerre. Inconsolable, elle a préféré fuir plutôt que de vivre au palais, où chaque endroit lui rappelle tant de souvenirs passés avec Percifon … Personne ne sait où elle est allée. Certains disent qu’elle a trouvé refuge au sanctuaire, chez Paaris, d’autres prétendent qu’elle serait retournée à la Cité d’Argent, vivre dans un tonneau, sous un pont …
Pépette aussi est dévastée. Malgré le temps qui passe, elle n’arrive pas à calmer sa peine. Tant de gens sont morts … Et la disparition tragique de ses deux meilleures amies, Brindille et Etincelle la submerge toujours d’un désespoir et d’une tristesse immense. Elle est partie vivre dans l’arbre de vie, fuyant tout contact. La plupart des gens la trouve à moitié folle, la raison ayant définitivement quitté son esprit. Elle passe ses journées dans une petite cabane de feuilles et de branchages qu’elle a construite au sommet de l’arbre. Elle vit là, en ermite, recluse, avec pour seule compagnie et nouvel ami un écureuil qui répond au nom d’Aurel …
Sir Fribon a pris sa retraite. Il est retourné finir ses jours dans son manoir familial. Onirym a nommé Gaelfen comme nouvel intendant du palais et grand argentier du royaume. Le jeune elfe occupe sa charge avec talent et dévotion.
Onirym et maître Thuringwethil, seigneur elfe, marcheur des vents du zéphyr, mage de bataille de la foudre et des vents infinis, sont devenus amis et habités d’un profond respect réciproque. La bravoure et le courage dont ils ont fait preuve lors de la guerre du chaos a scellé leur loyauté. Maître Thuringwethil a refusé d’intégrer le conseil restreint, laissant cet honneur à son neveu Gaelfen. Il est fort occupé de toute façon à gérer la guilde des mages. Il cherche activement un moyen de faire sortir Gontrand le ménestrel des enfers …
Mestre Céryl est mort, sereinement, dans son sommeil au cours de l'hiver. Mestre Igdul a repris la charge de Céryl, en tant qu’archiviste et bibliothécaire du savoir au palais.
Quant à Mestre Nain’bus, l’autre vieil érudit du royaume, il dirige la guilde des savants et érudits. Il a entrepris d’écrire les chroniques de la prophétie, pour raconter, dans les moindres détails, tous les événements tragiques qui ont secoué le royaume …
Grazz et Marion dirigent le clan des orcs et vivent à proximité de la cité. Les orcs ont beaucoup contribué à reconstruire la cité et protéger le royaume. Leur nombre a considérablement diminué, car ils ont payé un lourd tribu lors de la grande bataille. Mais rien n'entame leur détermination farouche et ils croquent la vie à pleines dents !
Beornbryn est devenu le grand général du royaume. Avec Onirym ils ont fondé un nouvel ordre de chevaliers : les boucliers de la licorne. Ces valeureux moines-soldats ont pour mission de veiller et protéger l’arbre de vie ainsi que sur les pelerins qui viennent s’y recueillir.
Thondurm barbe de bronze est toujours grand chancelier. Fidèle au poste et à lui-même ! Il répète à qui veut bien l’entendre que c’est grâce à lui et aux troupes naines que la bataille a été gagnée ! Et gare au malheureux qui oserait évoquer le fait que les troupes naines sont quand même arrivées un peu après la bataille et qu’à part trois ou quatre gobelins, ils n’ont pas tué grand chose … La colère de Thondurm sera à hauteur de sa mauvaise foi et il pourrait bien fracasser le crâne du malotru avec sa chope à bière !
Uriel, quant à lui, a disparu. Deds73 sait qu’il n’est pas mort, ni retourné dans les plans infernaux … Il se cache, quelque part … Uriel est un démon, et il l’a bien prouvé en interceptant l’âme de Brindille pour l’asservir et la garder à ses côtés. Il sait que si Deds73 le retrouve, elle n’hésite pas une seconde à le châtier pour sa trahison ! Il aurait été bien utile pour aller secourir Gontrand pourtant ! Mais du coup … C’est peut être pour cela également qu’il ne se montre plus ! Il n’a pas envie que Deds73 le contraigne avec la dague d’Azrael à faire encore le sale boulot de ces maudits humains …
Quant à Onirym et Sinara, ils vivent un amour paisible et heureux ! Même si leur âme et leur coeur ne se remettront jamais tout à fait des épreuves qu’ils ont enduré … Vivre leur amour est leur moyen de rendre hommage à tous leurs amis disparus. Pour montrer que la vie est plus forte que la noirceur et la haine !
Le temps suit son cours. Aucune catastrophe n’est venue perturber la vie d’Onirym et de Sinara. Comme si le destin (ou les Dieux) leur accordait un petit répit …
Nos deux tourtereaux en profitent pour vivre une vie d'insouciance et de plaisirs partagés. Jamais Onirym n’a été aussi heureux en fait …
Le royaume est dirigé par des gens compétents : Gaelfen, Mestre Igdul, Beornbryn et même Thondurm si l’on met de côté ses penchants égoïstes et son mauvais caractère !
Ce soir nos amis ont décidé de fêter la vie ! Cela fait un an, jour pour jour, qu’à eu lieu la défaite d’Imzen.
Plus tôt dans la journée, Onirym a organisé une cérémonie au pied d’Yggdrasil pour rendre hommage à tous les braves qui sont tombés ce jour-là.
Même Pépette a daigné descendre de l’arbre pour se joindre à eux. Elle s’est mise un peu en retrait, avec son petit écureuil roux sur l’épaule. Ses lèvres bougeaient en silence. Personne n’a su si elle récitait une prière à la mémoire des défunts, si elle parlait toute seule ou si elle conversait avec Aurel.
A peine la cérémonie terminée, Pépette s’est éclipsée et est retournée dans sa cabane, au sommet de l’arbre.
La cérémonie fut émouvante. Les souvenirs ont refait surface dans l’esprit et tous. Et avec eux, une vague de tristesse et de chagrin.
Tour à tour, ils ont rendu hommage à leurs malheureux compagnons. Garmir … Gogo … Brindille … Etincelle … Lucy … Joël … Percifon … Les Loups de Sang et tous les courageux anonymes, hommes, orcs, fées, elfes et nains qui ont donné leur vie pour offrir un avenir meilleur aux survivants !
Tout le monde a beaucoup pleuré (même Thondurm !).
Ensuite, sous une haie d’honneur des chevaliers du bouclier de la licorne, ils sont rentrés au palais en traversant la cité.
La ville est en liesse. Des fanions multicolores sont dressés entre chaque maison. Les enfants lancent au vent des pétales de fleurs multicolores.
Dans les rues, les gens chantent, dansent, rient !
Et la foule acclame Onirym et ses amis à leur passage. Toute la ville est reconnaissante à leur seigneur, à ses ministres et alliés, d’avoir sauvé la cité.
Arrivés au palais, Onirym et ses amis se dirigent dans la grande d’apparat. Cuistot et ses troupes de commis se sont surpassés, encore une fois ! Le banquet est gargantuesque !
Les plats se succèdent, le vin coule à flot. Doucement les convives sombrent dans une douce euphorie, bercés par les bardes et les ménestrels qui jouent des airs joyeux et entraînants.
La fête se poursuit jusqu’à tard dans la nuit. Une fois la nuit tombée, tout ce petit monde se dirige vers la grande terrasse du palais pour assister au feu d'artifice magique que Maître Thuringwethil et ses mages vont réaliser. Le ciel s’illumine de centaines de boules de couleurs crépitantes qui explosent en des gerbes chatoyantes, laissant dans le ciel de longues traînées mouvantes qui se transforment en animaux et en créatures merveilleuses …
Une fois le spectacle terminé, tout le monde retourne s’amuser, danser, boire et chanter !
Onirym échange un toast avec chacun de ses amis.
Gaelfen, pour sa dévotion,
Mestre Igdul, pour sa sagesse,
Beornbryn pour son honneur et son courage,
Thondurm pour sa rigueur (Onirym a rien trouvé de mieux …),
Grazz pour sa bravoure,
Marion pour sa fougue,
Maître Thuringwethil pour leur nouvelle amitié indéfectible,
Deds73 pour son soutien sans faille et sa détermination,
et tous les voisins malins venus également fêter l'événement !
Onirym finira par Sinara, vers qui va tout son amour , en l’enlaçant tendrement et l’embrassant passionnément, sous les acclamations et les viva de la foule !
Tard, beaucoup plus tard, la fête touche à sa fin … Les convives vont se coucher les uns après les autres …
Onirym cherche du regard Sinara pour l’emmener avec lui dans leurs appartements.
Il remarque qu’elle est en train de prendre l’air sur la terrasse.
Il sort la rejoindre.
La lune brille, haute dans le ciel, noyant le palais et les ombres de la ville d’une lumière d’argent, étincelante !
Sinara regarde les étoiles, songeuse …
Elle pose tendrement ses mains sur son ventre.
En contre jour, derrière la lune, Onirym remarque alors que la silhouette de Sinara s'est arrondie au niveau du ventre ! Là où elle a posé ses mains …
