
Dans la grande salle de la sinistre tour, en quelque lieu étrange, se trouve le roi des Ombres, à la couronne de fer.
Il est assis sur son trône et écoute avec attention le rapport de son espion.
Espion : alors, les choses ne se déroulent pas tout à fait comme prévu. Nos agents se sont fait massacrer. J’avoue que la scène est un peu confuse, mais apparemment un gros ours, des gobelins, d’autres trucs étranges et une bande de chevaliers énervés sont venu perturber leur mission. Du coup Onirym est toujours vivant. Je pense que quelqu’un ou quelque chose l’aide dans l’ombre et fait en sorte de nous mettre des bâtons dans les roues.
Le roi pousse un petit gloussement : des bâtons dans les roues … Elle est drôle celle-là. Même si la situation ne prête pas particulièrement à rire !
Le roi lève un bras décharné et le laisse retomber mollement contre l’accoudoir du trône.
Roi : je suis en train de littéralement me dessécher ! Je vais finir en poussière dans pas longtemps si vous ne vous bougez pas les fesses rapidement !
L'espion s’incline et se prosterne face au trône : j’en ai bien conscience, vénérable Seigneur des Abymes ! Je vous assure que nous faisons tout notre possible pour vous apporter la relique et identifier qui est notre ennemi qui protège Onirym.
Roi : comme vous m’avez fait rire avec votre blague, je ne vais pas vous écorcher vif. Et puis je manque d’hommes pour me permettre de commencer à passer mes nerfs sur vous. Mais il faut montrer l’exemple, aux autres, vous comprenez ?
L’espion, pas rassuré répond : heu … non en fait je comprends pas trop ou vous voulez en venir ?
Roi : mangez vous le petit doigt de la main gauche, ça suffira pour l’exemple. Et ça vous motivera à être efficace ! Nous n’avons plus le temps ! Il faut agir vite ! Alors envoyez de nouvelles troupes, trouvez-moi le protecteur, rapportez-moi la relique ! Faites ce pour quoi vous méritez de vivre ! Si j’avais quelques centaines d’années de moins, je vous jure que j'aurais été chercher ce truc moi même et cela n’aurait pas fait un pli !
L’espion, tout tremblant, prosterné au sol répond : bien grand maître, il en sera fait selon vos désirs.
Roi : et arrêtez vos formules pompeuses avec moi ! c’est énervant à force ! Au fait, ça me fait penser, vous avez retrouvé la trace de la sorcière ?
L'espion répond d’une toute petite voix : nous y travaillons âprement Lord de Noirceur.
Le roi s'avachit sur son trône en poussant un long soupir : ça veut dire non… Bande d’incompétents … Du coup je vous interdit de mettre du sel ou tout autre aromatique sur votre petit doigt avant de le boulotter …
Excusez moi mais à un moment il faut que je sévisse, c’est une question de crédibilité. C’est pas facile d’être un grand méchant, il y a une aura, un charisme à maintenir, que ce soit envers ses ennemis ou avec ses troupes ! Et nous on peut pas trop faire copain copain, c’est pas crédible. Alors il ne reste que la peur, la crainte et la cruauté. Ça tombe sur vous mon pauvre gars, désolé. En fait non pas désolé. C’est pas crédible sinon.
Le roi des Ombres fait un petit signe de la main en direction d’une imposante créature faite de ténèbres qui patientait dans un coin de la salle.
roi : allez-y, faites ce que vous avez à faire. Envoyez d’autres sbires pourrir la vie de ce maudit Onirym ! Envoyez aussi d’autres corbeaux parcourir les Ombres et retrouvez moi la sorcière.
L’ombre s’avance d’un pas et s’incline. Une puissante voix grave et d’outre tombe s’élève : me permettez vous un conseil seigneur ?
Roi : allez-y …
Ombre : ne serait-il pas temps d'appeler votre frère à la rescousse ?
Un air de rage et de dégoût traverse le visage émacié du roi : pensez- vous à Uriel ? je ne suis pas assez désespéré pour cela ! Je ne lui ferait pas ce plaisir. Contentez vous d’obéir !
L’Ombre s’incline : bien maître, comme vous le désirez.
L’ombre fait demi-tour et quitte la pièce.
Quelques instants plus tard, de nombreuses créatures des ténèbres s’échappent de la tour et s’en vont vers leur sinistre mission.
Dans la salle du trône, l’espion, la main ensanglantée, finit son encas en étouffant des bruits de douleur et de dégoût …