Onirym se redresse, range sa lame dans son fourreau, arrange un peu ses vêtements déchirés …
Elric se retourne et s’éloigne un peu. Il dit, toujours d’un ton placide : je vais faire du feu et mettre un truc à chauffer. Si Stormbringer s’est gavée, moi j’ai rien mangé. Rejoignez moi quand vous aurez fini de reprendre vos esprits …
Onirym souffle un bon coup, à part ses vêtements déchirés il ne reste aucun stigmate sur son corps du combat qui vient d’avoir lieu.
Autour de lui, il y a au moins vingt cadavres …
Sur certains, il manque des bouts. Des bras et des jambes traînent de si delà …
D’autres sont comme tout ratatinés, desséchés …
Un frisson parcourt Onirym en contemplant ce spectacle.
Onirym remarque que tous les assassins portent un masque et une capuche. Ce sont les mêmes que ceux qui l’ont pourchassé avec Sorel dans les ruines, puis dans la forêt …
Onirym pense : mais qui sont ces gars ? Et pourquoi ils veulent me trucider ?
Machinalement il s’avance vers le cadavre le plus proche et soulève son capuchon. Intrigué, il arrache son masque.
Un peu plus loin, Elric est assis sur un tronc d’arbre près d’un bon feu. Il met à cuire un malheureux lapin qui a eu l’imprudence de passer par là.
D’un seul coup il entend un cri. Un cri de stupeur et de peur !
Elric lève le regard et s’adressant à Onirym : qu’est ce qu’il y a encore ? Vous en avez pas encore assez qu’il faut gueuler comme un âne maintenant ?
Onirym, d’une voix tremblante, lui répond : la vache, venez voir ça !
Elric se lève et s’avance vers le lieu du massacre.
Onirym est debout, immobile et blanc comme un cierge en train de scruter un cadavre.
Elric : bon il y a quoi encore ?
Onirym, incapable de parler lui montre du doigt le visage du cadavre.
Elric se penche et regarde le mort. Il lui dit vaguement quelque chose …
A ses côtés il entend Onirym qui murmure : c’est moi … Ce mec à ma tête, il me ressemble, c’est moi …
Elric tourne les talons et va retirer leur masque aux autres assassins. Ils ont tous le même visage, les mêmes traits qu’Onirym.
Elric retourne vers du pauvre et stupéfait aventurier et lui met une grande claque dans le dos. Allez venez avec moi manger et vous réchauffer ! La différence entre eux et vous c’est que vous êtes vivant …
En retournant vers le campement il ajoute : vous avez pas une famille un peu toxique et rancunière vous ? Je trouvais que la mienne était pas mal, mais là vous faites fort !
Onirym répond mécaniquement : non … Je sais pas … Je ne les avais jamais vus …
Elric : Allez mon gars, assieds toi et reprends des forces ! Après tu me raconteras ton histoire …
Peu à peu Onirym reprend ses esprits, le ventre plein, réchauffé par le feu crépitant.
Onirym : alors, quoi vous dire … Je sais où je suis ni qui étaient ces clowns et encore moins pourquoi ils m’en voulaient. Mais encore une fois, merci …
Elric pose à ses côtés une longue épée bâtarde d’un vif éclat d’argent. La garde et la lame sont ornés de nombreux décors compliqués.
Elric lui fait un signe : c’est Stormbringer mon épée-démon de compagnie. Vous êtes à Melniboné, sur les landes désolées. Je suis un vagabond dans mon propre royaume … Mes pas me ramènent systématiquement en ces terres, par un sombre caprice des Dieux.
Onirym pousse un petit rire nerveux : vous aussi les Dieux vous en veulent ? Moi j’aimerai bien retrouver mon royaume … Et surtout ceux qui y habitent, mes amis et ma douce Sinara …
Elric : oui certains Dieux sont capricieux, ils n'aiment pas lorsque vous refusez le destin qu’ils ont choisi pour vous. Après ils vous le font payer …
Onirym n’ose pas interrompre son ténébreux sauveur, il remarque une grande tristesse dans son regard.
Mais rapidement ses yeux reprennent leur noirceur et leur dureté.
Elric regarde alors Onirym droit dans les yeux et déclare : bon maintenant on va arrêter de rigoler et tu vas me dire vraiment ce que tu es venu chercher par ici et pourquoi Strom t’as épargné …
