Onirym : merde … Merde ! Putain ! Fais chier …
Onirym monte quatre à quatre l’étroit escalier en colimaçon qui grimpe au sommet de la tour où se trouvent les archives du palais.
Il a passé l’après midi à fouiller la bibliothèque du 1er étage du palais mais aucun ouvrage n’a répondu à ses attentes. Faut dire qu’une toute petite partie de la bibliothèque y a été transportée depuis la mort de Mestre Céryl. Son successeur Mestre Igdul a tenu à ce que les archives et la bibliothèque soient déplacées du dernière étage de la tour nord vers un endroit plus accessible. Cela aurait du être fait depuis longtemps ...
Dans les jours qui suivirent des hordes de domestiques ont fait la chaîne pour descendre les volumineux et poussiéreux ouvrages et rouleaux de parchemins.
Au bout de trois jours de travail harassant, ils ont jeté l’éponge, prétextant d’avoir trop mal aux bras et qu’au fond c’est quand même super chiant et répétitif comme boulot.
Afin de ne pas avoir une grève sur les bras, Fribon les a renvoyé à leurs tâches ordinaires. Ainsi seulement une toute petite partie des ouvrages ont été descendus …
Vous vous demandez sûrement pourquoi Onirym semble si irrité, voire agacé ?
Pour bien comprendre la situation, revenons quelques jours plus tôt …
Le soir de la grande cérémonie pour être plus précis.
La journée fut forte en émotion et tristesse, en hommage à tous les braves tombés pendant la bataille contre Imzen …
La soirée fut beaucoup plus festive et joyeuse ! Enfin jusqu’à ce qu’Onirym remarque un petit détail qui le travaille fortement depuis …
Le ventre arrondi de Sinara … Comment se fait-il qu’elle soit enceinte ?
Oui enfin bon Onirym sait comment on fait les bébés, c’est plus une question rhétorique en fait !
Ca veut dire qu’il va être … Papa ! Mais il se sent papa-du-tout-prêt pour ça !
C’est quoi le rôle de père ? Comment aider Sinara ? Quel nom lui donner au petit ? Faut commencer la bière à quel âge ?
Autant de questions qui s’entrechoquent dans son esprit depuis cette découverte.
Il n’a pas osé aborder le sujet frontalement avec sa tendre Sinara. Elle ne lui en a pas encore parlé non plus … Elle ne doit pas se sentir prête ! Du coup Onirym lui laisse le temps de venir vers lui, mais ça n'arrange pas ses interrogations ! Il faut qu’il soit préparé à assumer une telle responsabilité !
Il doit bien y avoir des grimoires et des ouvrages qui traitent du sujet de la paternité … Il s’est donné comme mission de les trouver et de tous les lire !
Après plusieurs heures passées dans la bibliothèque, Onirym monte fébrilement aux archives.
Arrivé en haut, essoufflé, il jette un coup d’oeil à l’intérieur. Personne. Parfait !
Manquerait plus qu’il se fasse surprendre …
Onirym entre dans les archives et referme la porte derrière lui. Il allume une lanterne accrochée au mur et parcourt la pièce du regard …
Déjà du temps de Céryl c’était franchement le bazar, mais depuis le début du déménagement c’est encore plus le désordre !
Du sol au plafond les ouvrages s'empilent, sans aucune logique. Dans les coins des tas de rouleaux et de feuillets forment des tas branlants qui manquent de s’écrouler au moindre mouvement.
Les rayons et étagères de pierre, le long de mur, débordent de toute part et croulent sous les ouvrages, en désordre, sans aucune logique de tri ou de classement !
Onirym pousse un soupir et se met au travail. Pas de codex d'inventaire, pas de classement… C genre d’ouvrage ne doit pas non plus être utilisé fréquemment … Donc s’il y en a un il est plutôt planqué dans un coin ou on accède que rarement.
Onirym se dirige vers les petites salles des archives contiguës à la bibliothèque.
Il commence à fouiller, lire, fouiller, tousser (à cause de la poussière) et fouiller encore et encore !
Alors que la lassitude et un peu de désespoir commencent à l’envahir, un pan de mur complet d'ouvrages poussiéreux s’écroule sur lui au moment où il saisit un gros volume prometteur intitulé "Filiation et progéniture, 10 conseils pour assurer votre descendance".
Encore tout groggy par le choc, Onirym sent quelque chose rouler à ses pieds.
Il se penche et voit une étrange boule en métal … Un peu plus loin, au milieu des ouvrages rebelles, il remarque un gros livre, ouvert. Tout le milieu du livre a été évidé, étrange cachette, d'où s’est vraisemblablement échappée la sphère …
Intrigué par sa découverte Onirym se penche et attrape l’objet.
La sphère tient dans la main, elle est faite d’un métal jaune aux reflets mats. Ni de l’or ni du bronze … Pas du cuivre non plus … Elle est gravée avec pleins de petites aspérités. Et des runes courent tout le long …
Onirym pense : tiens c’est vraiment bizarre ce truc …
Alors qu’il tourne l'objet dans tous les sens pour essayer d’en comprendre l’usage et l’utilité, la sphère se met à briller ! Les runes s’illuminent, et la sphère commence à bouger !
En une fraction de secondes, la lumière devient vive, intense puis tout s’arrête.
Dans les archives de la bibliothèque, la poussière retombe au sol.
Onirym et l’étrange sphère ont disparu.
Onirym reprend son souffle. C’est comme s’il était tombé du dernier étage de la tour !
Ses pieds touchent bien le sol … Il reprend petit à petit son équilibre. Le monde arrêter de tourner autour de lui.
Il remarque tout de suite que quelque chose cloche ! Il n’est plus du tout dans la vieille bibliothèque poussiéreuse du palais. Il n'est plus du tout dans le palais aussi d'ailleurs … Ni même dans la cité, ou en aucun coin de son royaume !
Onirym est au milieu d’un petit chemin, en pleine journée. Le soleil brille haut dans le ciel, et le paysage autour de lui n’a rien à voir avec un lieu familier.
Il aperçoit d’un côté des monts vallonnés et partout autour une vaste plaine cultivée avec ça et là de grandes fermes aux toits de tuiles arrondies et rouges. De hauts cyprès, des cèdres et d’autres arbres inconnus agrémentent le paysage au milieu des champs, des pâturages et de nombreuses vignes !
Une fois remis du choc Onirym fait la seule chose qui lui semble avoir du sens : avancer tout droit sur le chemin. Il doit bien mener quelque part … Il y aura des gens, il pourra savoir où il est et comment rentrer chez lui …
Au bout d’une grosse heure de marche, il aperçoit au loin une ville ! L’espoir revient ! Il augmente l'allure pour arriver avant la nuit. Arrivé aux portes de la cité, il peut lire un panneau sur lequel est indiqué “Florencia”. Jamais entendu parlé … Il se dirige vers un groupe de paysans qui poussent une grosse charrette de foin. Mais il se rend très vite compte qu’il ne comprend rien à ce qu’ils racontent ! Jamais il n’a entendu cette langue … Etrange … Mais où a t il bien pu atterrir ?
Onirym pense : ca doit être un dialecte de péquenaud, je vais aller voir les gardes à la porte, ils me comprendront …
Mais là, catastrophe, les gardes ne le comprennent pas non plus ! Onirym fait des grands gestes, essaie tous les mots simples qu’il connaît mais les gardes ne pigent que dalle !
Agacés, le prenant pour un fou, ils commencent à le menacer de leurs pics pour qu’il fiche le camp.
Onirym s’éloigne et hurle désespérément : Mais il n'y a personne qui me comprenne dans ce coin pourri !!!
Un vieil homme se tourne alors vers lui et lui répond, dans sa langue : si moi je vous comprends, mais ce n’est pas parce que personne peut qu’il faut insulter les gens du coin !
Onirym se précipite vers lui : excusez-moi vieil homme mais je suis désespéré ! J’ai atterri ici, je ne sais même pas comment ! Ma femme est enceinte je dois la rejoindre au plus vite et …
Vieil homme : c’est bon ! Pas besoin d’inventer d’histoire rocambolesque ! C’est l'aumône que vous voulez, tenez voici un florin !
Onirym refuse la pièce que lui tend le vieillard et reprend : non non ! je ne veux pas de votre argent ! Quoi que ce serait bien utile si je ne veux pas crever de faim dans les prochains jours, mais ce n’est pas le sujet ! Ce que je vous dis est vrai ! Je veux rentrer chez moi !
Vieil homme : ok ok calmez vous … Vu votre langue je dirais que vous venez du royaume de France …
Onirym : la France ? Non ça ne me dit rien du tout. Je viens d’Arendyll, du royaume d’Onirym !
Vieil homme : je ne connais pas … Ça m'énerve parce que je suis plutôt calé en géographie ! Venez, je vous emmène chez moi, on pourra discuter tranquillement et résoudre ce mystère. Au fait, je m’appelle Leonardo.
Onirym : enchanté, moi c’est Onirym.
Onirym suit le vieil homme dans la cité. Il a de longs cheveux blancs et une grande barbe blanche également. Ils arrivent dans une sorte d’atelier en désordre. Il y a de nombreux croquis et peintures dans tous les coins, des sculptures et des maquettes de machines étranges …
Onirym : vous êtes une sorte d’artiste ?
Leonardo : je m'intéresse à beaucoup de choses, peinture, sculpture, astronomie, architecture, art militaire, anatomie, sciences, botanique …
Onirym : oui vous êtes une sorte de savant …
L’homme lui sert une coupe de vin, rouge et capiteux. Après avoir laissé le temps à Onirym de finir son verre il reprend : alors, parlez moi de vous, que vous est il arrivé ?
Onirym : j’étais dans la bibliothèque. Je cherchais un livre pour apprendre à être père, quand j’ai découvert, ou plutôt quand m’est tombé dessus, une étrange sphère métallique. Elle était cachée dans un compartiment secret d’un livre qui est tombé d'une étagère ! En examinant la sphère elle a commencé à luire et je me suis comme retrouvé "projeté" ici. Sur le chemin.
Leonardo : Ha oui ça c’est pas banal comme histoire …
Onirym fourre la main dans sa poche et en sort l’étrange sphère. Elle est complètement terne et les runes dessus sont à peine visibles.
En voyant l’objet, le regard du vieux savant change du tout au tout : ça alors ! Mais ce n’est pas possible !!!
Leonardo se penche vers l’objet et l’observe sous tous les angles en continuant à marmonner.
Puis il se lève, va chercher un lourd grimoire sur une étagère et vient le poser sur la table. Il le feuillette frénétiquement et s’arrête sur une page remplie de croquis. Ils représentent l’objet que tient Onirym !
Onirym : mais c’est elle ! C’est la sphère !!!
Leonardo : oui mais non, c’est impossible. Je ne l’ai jamais fabriquée. Ces schémas sont purement théoriques.
Onirym : de quoi s’agit- il ?
Leonardo : du barzougalpahium. C’est comme cela que je l’ai nommé.
Onirym : et ça marche comment ?
Leonardo : c’est bien là le problème ! Je n’en ai aucune idée ! Comme je vous l’ai dit, j'ai imaginé cet objet pour des recherches, mais c’est purement qu’un concept, une allégorie, une abstraction ! Il ne peut pas fonctionner !
Onirym : et bien je vous confirme que si !
Leonardo semble plongé dans ses réflexions, il réfléchit tout haut : c’est quand j’étudiais l’alchimie, et le pouvoir de l’essence du monde … Comment la pierre philosophale pourrait plier l’espace et le temps pour permettre à un voyageur de traverser les replis de la réalité … Je n’y crois pas ! Ce n’est pas possible !
Onirym : si c’est possible ! Si vous ne l’avez pas fabriqué, quelqu’un l’a fait chez moi ! Aidez-moi à le faire fonctionner ! Aidez-moi à retourner chez moi !
Leonardo reste immobile et silencieux un long moment … Puis il se lève brusquement et déclare : je vais vous aider à rentrer chez vous !
Onirym : super !
Leonardo : mais avant vous allez me rendre un grand service !
Onirym : quoi ?
Leonardo : je pense qu’en principe je suis en mesure d’activer la pierre et de vous renvoyer chez vous. Mais j’ai besoin de vous pour un truc …
Leonardo part dans un coin de son atelier et en revient avec une toile sur laquelle figure une esquisse.
Il reste quelques instants à la contempler, Onirym n’osant pas l’interrompre.
Puis il déclare : je n'arrive pas à peindre ce tableau, ça m'obsède ! J’ai essayé de griffonner quelques trucs d’après mes souvenirs mais ce n’est pas suffisant … Il faut que vous alliez me chercher le modèle, la jeune femme, que je puisse finir son portrait !
Onirym : c’est tout ?
Leonardo : oui mais ça ne va pas être facile … Il y a des chiens, et son mari est très jaloux. Francesco m’a interdit d’approcher de sa maison et de parler à Lisa ! Il en a marre que je vienne tous les quatre matins pour tenter de la convaincre de poser pour moi !
Onirym : et pourquoi ne pas changer de modèle ?
Leonardo : Mais vous êtes fou ? Ou bête ? Ou les deux ? C’est elle que je veux comme modèle ! Elle est parfaite, ses yeux, sa chevelure, son front, son menton, toutes les proportions sont parfaites pour sublimer ma toile ! C’est elle et personne d’autre !
Onirym : ok ok, ne vous emportez pas … Ça peut être dangereux à votre âge … Et où puis-je trouver cette Lisa ?
Leonardo : Lisa Gherardini vit chez son mari, Francesco di Bartolomeo di Zanobi del Giocondo, un marchand d'étoffes florentin ! Vous pourrez l’approcher en journée, lorsque son mari vaque à ses affaires ! Mais attention, ne parlez pas de moi ! Et vous n’aurez qu’une seule chance ! Les domestiques sont méfiants et promptes à vous rosser à coup de bâtons ou à lâcher les chiens !
Onirym : super …
Leonardo : tenez, couchez-vous là ! il faut que vous soyez en forme ! Vous irez demain !
Onirym : mais comment vais-je faire pour lui parler ?
Leonardo : pour ça débrouillez vous ! Ensuite vous avez de la chance, Lisa a reçu une bonne éducation, elle parle donc le français, comme vous !
Le lendemain matin, après un brin de toilette pour se rendre présentable, Onirym suit les indications de Leonardo et se dirige vers la villa des Bartolomeo dans les hauts de Florencia.
Onirym arrive devant une belle bâtisse, avec un vaste jardin d’agréments et de hauts murs …
Il pense : on va commencer par aller au plus simple.
Il s’approche de la lourde porte cochère et frappe au heurtoir.
Au bout de quelques instants, un homme au visage peu sympathique et méfiant ouvre la porte tout en barrant le passage.
Onirym : bonjour cher monsieur, je m’appelle Onirym et je souhaiterais m’entretenir avec Dame Lisa di Antonio Maria Gherardini, s’il vous plaît …
L’homme lève le poing, menaçant et lui hurle des trucs dans la langue du coin.
Onirym : ah oui merde ! J’avais oublié ! Ils ne me comprennent pas !
Onirym essaye de crier plus fort que le portier : Lisa LISA L I S A !!!
Mais l’autre n’en a que faire ! Il finit par refermer la porte violemment au nez d’Onirym !
Onirym : et bien c’est pas gagné … Faut que je trouve autre chose moi maintenant !
Il entreprend de faire le tour de la maison pour trouver une autre issue. Sur le côté il remarque un arbre dont quelques grosses branches passent au-dessus de la clôture !
Onirym : et bien voilà qui est parfait !
Onirym escalade tant bien que mal le muret, s'agrippe aux branches et se hisse de l’autre côté du mur pour se laisser tomber dans le jardin.
Onirym : bon j’ai plus qu’à esquiver l’autre grincheux et à entrer dans la villa …
Deux gigantesques molosses sortent brusquement de derrière un buisson, l’oeil mauvais, les crocs hérissés … Ils s’approchent de lui d’une course rapide !
Onirym : fluuuuute ! J’avais oublié les chiens !!!
Poussé par l’urgence de la situation, Onirym grimpe dans l’arbre afin que les crocs ne se referment pas sur ses fesses et saute dans la rue ! Il s’éloigne rapidement car de l’autre côté les chiens font un concert d’aboiements furieux.
Onirym rentre chez Leonardo, le coeur battant, le souffle court.
Leonardo : bon je vois que votre première approche n’a pas été concluante …
Onirym : non en effet, c’est pas simple votre truc !
Leonardo : si cela avait été simple, je l’aurais fait moi même et n’aurai pas besoin de vous …
Onirym : c’est pas faux …
Leonardo : bons aux grands mots, les grands moyens … J’ai imaginé un plan de secours !
Onirym : parfait !
Leonardo : je n’ai pas voulu le mettre en application avant car j’ai trop d’amour propre pour cela …
Onirym : heu …
Leonardo : mais vous, vous êtes suffisamment désespéré pour accepter !
Onirym : sympa …
Le lendemain matin Onirym est de nouveau en route pour la villa Bartolomeo.
Il bougonne : mais pourquoi j’ai accepté un truc pareil ? En plus ça gratte, ça fait mal et c’est super inconfortable !
Leonardo : Mais taisez vous ma belle ! Il ne faut pas révéler votre couverture !
Onirym : non mais franchement, vous avez déjà porté une robe vous ? Avec tous ces jupons j’arrive pas à marcher, et se corset quelle horreur ! Ça me comprime le souffle et ça fait mal au dos !
Leonardo : mais taisez vous donc ! Vous vous souvenez du plan : le chapeau bien enfoncé, l’ombrelle devant le visage et vous parlez d’une voix fluette … Vous êtes Valentina Gherardini, la cousine de Lisa, venue lui rendre visite lors de votre passage à Florencia.
Onirym : vous êtes sûr que ça va marcher ?
Leonardo : ça dépend de vous ! Soyez convaincant ! Vous vous souvenez des mots que je vous ai appris en italien pour vous présenter ?
Onirym : oui mais si le garde pose une question ?
Leonardo : prenez un air gêné et poussez un petit gloussement, ça fera l’affaire !
Onirym : un peu léger comme répartie !
Leonardo : c’est pas ma faute si vous êtes pas capable de retenir plus de trois mots de vocabulaire !
Onirym : oui enfin bon on a eu qu’une soirée !
Leonardo : stop ! on est arrivé !
Leonardo frappe frénétiquement au heurtoir et court se cacher plus loin, laissant Onirym seul devant la porte.
Contre toute attente, le plan de Leonardo semble fonctionner !
Le même type que la veille ouvre la porte. Onirym lui déblatère son laïus en italien et l’homme s’incline respectueusement, lui dégageant le passage.
En remontant l’allée menant à la villa, les deux molosses déboulent en grognant ! Onirym est prêt à prendre la poudre d’escampette, mais avec robe et jupons ça va pas être facile de leur échapper !
Le domestique pousse un sifflement et fait un geste dans la direction des chiens. Ils s’assoient et arrêtent d’aboyer. Ouf…
Ils poussent tous les deux un grognement sourd lorsque Onirym-Valentina passe devant eux … Ils fixent l’intru de leur regard mauvais et teigneux.
Le domestique se tourne vers Valentina et lui dit quelque chose.
Onirym pousse un petit gloussement en haussant les épaules …
Ça a l’air de contenter l’homme qui l’accompagne jusque dans la maison… Il le conduit au premier étage, dans un vestibule puis s’en va. Au bout de quelques instant, la porte d’ouvre, et une jeune femme, ravissante avec de longs cheveux bruns entre.
Onirym pense : la vache il a raison Leonardo elle est vraiment belle cette jeune femme ! Il se dégage d’elle quelque chose d’étrange et mystérieux.
Lisa s’approche et lui parle en italien. A son ton, elle a l’air surprise.
Onirym ferme rapidement la porte derrière lui, abat son ombrelle.
Lisa recule d’un pas, apeurée, et s’apprête à crier !
Onirym lui fait signe de se taire et murmure, doucement, pour ne pas l’apeurer davantage : s’il vous plaît ne criez pas, je ne vous veux aucun mal ! Pitié, j’ai besoin de vous parler quelque instants …
Lisa : mais quelle est cette farce ? A quoi jouez-vous ? Franchement les français vous avez de bien rustres manières !
Onirym : Alors bon déjà je suis pas français, et si je suis accoutré de la sorte, c’est pour pouvoir vous approcher discrètement et …
Lisa : mais je suis une femme mariée monsieur !
Onirym : ah non c’est pas du tout çà ! Moi aussi je suis marié, enfin presque … Non, je suis un messager … J’ai quelque chose à vous dire …
Lisa : et bien parlez mais vite, avant que je ne change d’avis ! Vous devez savoir que mon mari est très jaloux, et il n’hésitera pas à vous jeter en pâture aux chiens s’il vous découvre ici !
Onirym : la vache ça a le sang chaud un italien !
Lisa : vous dites ?
Onirym : Non rien … Venons en au fait ! Je suis ici de la part de Leonardo et ..
Lisa : Leonardo ? Le vieux fou ?
Onirym : non il n’est pas fou, un peu excentrique peut être tout au plus …
Lisa : ce vieux pervers me court après depuis des semaines !
Onirym : il veut juste peindre un portrait de vous ! Rien de plus !
Lisa : un tableau ?
Onirym : oui c’est ça ! Il est doué vous savez ! J’ai vu ses peintures dans son atelier et franchement c’est pas mal du tout …
Lisa : mon portrait ? c’est donc cela … C’est vrai que c’est tentant … Toute dame de bonne famille se doit de poser pour des artistes …
Onirym : oui tout à fait !
Lisa : oui mais c’est que … Je suis timide … Mon portrait … Je ne sais pas trop …
Onirym : allez, je vous en prie ! Vous êtes ravissante ! Ça fera un super tableau !
Lisa : oui mais l’idée que des inconnus vont pouvoir contempler mon portrait me met mal à l’aise …
Onirym : vous aurez qu’à le récupérer une fois la peinture terminée ?
Lisa : Non … Francesco ne voudra jamais … Il ne doit pas savoir !
Onirym : dans ce cas laissez la peinture à Leonardo ! De toute façon, rassurez-vous, des toiles il y en a partout dans son atelier ! La vôtre sera parmi toutes les autres peintures, il y a peu de chance que quelqu’un la regarde un jour !
Lisa : vous êtes sûr ?
Onirym : certain ! Et gardez ce petit sourire sur vos lèvres, vous serez parfaite pour poser !
Ainsi Onirym a fini par convaincre Lisa de poser pour Leonardo. Leonardo a également tenu parole. Après quelques manipulations, il réussit à activer l’étrange sphère. Alors qu'elle commence à luire et à bouger, il explique rapidement à Onirym comment faire, en insistant bien sur le côté aléatoire de la chose et improbable de son fonctionnement …
Une lumière aveuglante envahit l’atelier et Onirym a de nouveau un sentiment de chute et de vertige.
L’environnement se stabilise autour de lui. Enfin de retour à la maison !
Onirym ouvre les yeux.
Ah bien non …