Voyage(s)

Chanson d’enfer

Chanson d’enfer

Juché sur un gros rocher, Gontrand le ménestrel fait face à une horde de démons.

Gontrand se met à chanter : Et la grosse rombière balance son jolie derrière, Ninon balance ces nichons sous le regard amusé du grand prince démon

Un gigantesque démon rouge, assis sur un trône installé au sommet d’une montagne de crânes se met à rugir : non ça ne va pas du tout !!! Je n’ai pas un regard amusé ! Je suis cruel, je fais peur, je suis terrible !!! Et tu n’as pas parlé de mes majestueuses cornes, je t'avais dit que je voulais que tu parles de mes cornes dans ta chanson !

Gontrand : oui j’allais y venir, mais vous m’avez coupé avant !

Le gigantesque démon rouge : insolent ! Ne me parles pas de la sorte ou je te fais arracher la langue ! Je te rappelle que tu es encore “vivant” et en un seul morceau uniquement selon mon bon vouloir ! Tu es censé me divertir avec tes chansons, c’est ton tourment, alors si tu n’y arrives pas, tu vas finir dans une cage avec les autres !

Gontrand : je comprend maitre, je vais faire des efforts … C’est que c’est pas facile de trouver l’inspiration avec tous ces démons qui sont là à me regarder, prêts à me dévorer … Et j’ai l’habitude de chanter en musique c’est plus facile …

Le gros démons se tourne vers la horde à ses pieds : Ok les gars, fabriquez moi quelques tambourins avec de la peau d’elfe et une lyre avec des boyaux de donzelle, ça fera l’affaire pour notre exigeant ménestrel !

Gontrand : non NON ! Ce n’est pas la peine d'écharper des gens ! Je vais me passer d’instruments … Je peux chanter sans, c’est bien aussi … Tiens j’ai de l’inspiration, écoutez celle-là, elle devrait vous plaire !

La horde démoniaque pousse des cris d’encouragements.

Gros démon rouge : allez-y, mais elle a intérêt à être bonne …

Gontrand se met à hurler : sous le ciel rouge des enfers, le grand roi attend !

Ses cornes rouges et majestueuses sont le symbole de sa puissance, 

Tous les démons le craignent et le vénère, même ma maman !

Et pan et pan sur ton derrière, devant le grand seigneur démon il faut que tu prosternes …

Gontrand se frappe les cuisses en rythme, gesticule et fait des mimiques grotesques pour amuser son auditoire démoniaque …

Il pense : oh la vache, ca va pas être simple de rester en seul morceau par ici …

Epée

Un peu plus loin, assis à l’entrée d’une grotte obscure, Uriel observe la scène avec une certaine délectation.

A ses côtés, Brindille finit de ronger un os.

Brindille : vous avez l’air content maître ?

Uriel : oui je regarde ce Gontrand essayer de se débattre pour préserver sa vie, c’est plaisant. Je ne pensais pas qu’il tiendrait aussi longtemps. C’est vrai que ce gros balourd de Vassago est facile à flatter, mais il se lasse vite … Il s’en tire pas mal le petit humain. On verra bien s’il est encore là demain …

Uriel se lève et fait quelques pas dans la plaine désertique et rougeoyante des enfers.

Brindille : vous partez maître ?

Uriel : oui et vous venez avec moi ma chère. Il y a un truc que je dois vérifier … À propos d’Onirym … Je ne ressens plus sa présence, c’est étrange … Et au passage, comme on sera pas très loin, vous pourrez aller tourmenter encore une fois les songes de cette chère Pépette ! C’est tellement rafraîchissant !

Brindille : oh merci maître !

Brindille se lève à son tour et tire violemment sur une longue chaîne de fer. Une forme recroquevillée, à l’autre bout de la chaîne, pousse un cri de douleur.

Brindille : et lui ? On en fait quoi ?

Uriel : laisse le ici, on repassera le prendre plus tard …

Brindille : attendez mon maître ! Je prends quelques provisions pour le voyage, je n’aime pas voyager le ventre vide.

Brindille tire sur la chaîne, traînant à elle le pauvre malheureux enchaîné à son extrémité. L’homme est entravé au cou par un lourd anneau hérissé de pics qui s’enfoncent dans ses chairs. Sa peau est couverte de plaies et de souillures.

Brindille l’attrape par les cheveux et plonge ses crocs dans son avant bras.

L’homme grimace de douleur mais n’a plus la force de résister. Ni même de crier …

Brindille se redresse, un long filet carmin coulant à la commissure des lèvres. 

Brindille : Haaaa du sang d’ancien vampire maudit, un grand cru !

Uriel : le fait qu’il était un dieu avant doit aussi améliorer le goût !

Brindille : sûrement … Mais ce que j’aime le plus c’est ce petit arrière goût de remords et de culpabilité …

Uriel : vous devenez une vraie gastronome ma chère !