Voyage(s)

Yggdrasil

Yggdrasil

Assise sur une grosse branche, dans la cime de l’arbre gigantesque, Pépette regarde droit devant elle, le regard perdu dans le vide …

Son esprit voyage, parcourt le monde, fuyant sa douleur.

Dans sa poitrine son petit coeur bat fort et chaque battement est comme un déchirement, lui rappelant qu’elle est bien vivante, alors que tant de ses amis sont morts.

Une fois de plus, elle se laisse déborder par la tristesse et le désespoir. De grosses larmes brillantes coulent sur ces petites joues roses et délicates. Elle éclate en sanglots et pousse un hurlement déchirant.

Autour d’elle les branches de l’arbre s'agitent et un bruissement de feuilles, innombrables, accompagne son cri de désespoir. Le vent emporte au loin ses pleurs, dans une nuée de feuilles d’automne …

Un petit écureuil roux arrive en sautillant et vient se lover contre elle. Pépette le prend dans ses bras et le serre très fort contre son coeur meurtri.

Ecureuil : ça va mieux maintenant ?

Pépette : merci Aurel, je ne sais pas ce que je ferai sans toi …

Aurel : mourir de tristesse peut être ?

Pépette : sûrement.

Aurel : c’est moche. Il faut te reprendre ma chère !

Pépette : j'essaie mais je n’y arrive pas …

Aurel : c’est pour ça que je suis là.

Pépette : je ne peux pas surmonter ma peine et ma douleur, tant de choses horribles sont arrivées, tant de mort et de souffrance, et pourquoi ? Un bout de pouvoir, une vile vengeance … Que de choses futiles !

Aurel : tu te poses trop de questions.

Pépette : comment fais tu pour garder le moral ?

Aurel : j’ai un secret : je m’occupe l’esprit ! Je planque des noisettes dans tous les recoins de cet arbre et j’essaie de me souvenir où je les ai caché ! Après je fais la tournée des popotes pour vérifier qu’elles sont bien là.

Pépette : merci mais j’ai pas très envie de cacher des noisettes.

Aurel : c’est un truc d'écureuil c’est pour ça. Faut que tu trouves un truc de fée, ca marchera mieux pour toi ! Ça fait quoi les fées pour s’occuper ?

Pépette : ca fait des trucs nuls et futiles, ca joue avec ses amis … Ses amis …

Les larmes recommencent à couler.

Aurel : ok j’ai fais une boulette, j’aurai pas dû parler de ça ! Et si on jouait à cache cache ? Ou réveiller les hiboux ? J’adore leur air bougon quand on les sort du sommeil avant la tombée de la nuit ! Ou chercher des formes rigoles dans les nuages ? C’est bien ça non ?

Pépette : tu penses qu’un jour j’arriverai à dépasser mon chagrin ? A revivre normalement ?

Aurel : tu le dois ! Déjà parce que tu seras vachement plus rigolote que maintenant, ensuite n’oublies pas qu’il y a encore des gens qui comptent sur toi ! Onirym en tête. Et enfin en mémoire de tes amis …

Aurel ne finit pas sa phrase. Il commence à faire des cabrioles sur les branches autour de Pépette.

Aurel : si tu n’arrives pas à m’attraper avant le coucher du soleil j’aurai le droit de te traiter de grosse chaussette puante pendant une semaine !

Aurel s’élance, sautant de branche en branche.

Pépette se lève, déploie ses ailes et vole à sa poursuite.

Pépette : et moi si je t’attrape je pourrais t'appeler mon gros choupinou d’amour et te faire porter une jolie couronne de fleurs !

Autour d’eux, de jeunes pousses éclosent sur les branches de l’arbre et une nuée de pétales de fleurs emporte leurs rires au vent …