
Onirym pense intérieurement : trois hommes sont morts pour rien ce soir … Et son cœur se serre.
La fête bat son plein.
Les hommes, les femmes et les enfants dansent autour du gigantesque feu de joie.
Les brigands ont laissé tomber les armes, l’espace d’une soirée, pour prendre les instruments de musique.
Cette fête de l’été est une vraie réussite.
Vivre comme un voleur a quelque chose d’exaltant. Savoir que peut-être demain vous pouvez mourir sous les coups d’un soldat ou pendu au bout d’une corde donne à la vie une saveur toute particulière et intense. La bière, les femmes n’ont pas le même goût … La vraie vie.
Dans un coin la Fouine capte son auditoire en racontant encore une de ses histoires abracadabrantes … Onirym le soupçonne d’inventer ses aventures à chaque fois qu’il les raconte … Mais il n’ira jamais lui dire. La Fouine peut être susceptible et rapide à jouer du couteau … On réveille pas un ours qui dort disait l’ancien et il avait bien raison !
Archibald arrive et vient caler sa grosse paluche sur l’épaule d’Onirym pour le sortir de sa rêverie.
Archibald : allez le jeunot suit moi faut qu’on cause !
Onirym suit Archibald dans une hutte.
Après avoir mangé un peu et bu beaucoup, la vraie discussion commence.
Archibald : j’aimerai savoir avec qui tu roules ta bosses … Fait pas le naïf, je sais parfaitement que tu sais de quoi je cause ! Je suis chef depuis suffisamment longtemps pour savoir quand le vent tourne. Dans le monde des voleurs ça s'appelle la loi de Tod ! Tod était un grand bandit qui a régné pendant près de vingt ans sans se faire prendre … C’est dire s’il était bon et donc si ses conseils sont précieux.
Pour lui, il y a trois menaces qui peuvent amener un voleur de vie à trépas. La première c’est les soldats, la milice, les juges et tous ces culs semblants à la solde des gras marchands sous prétexte moral de protéger leur argent ! Bon ils sont efficaces mais si on sait être malin et pas trop gourmand ça peut se gérer. Le second risque c’est les femmes et l’amour …
La jalousie d’une femme ou d’un soupirant peut facilement vous faire retrouver dans une situation délicate avec une lame entre les omoplates … Sans compter le fait que lorsqu’on est amoureux, on est prisonnier, vulnérable … Prêt à prendre mille risques stupides qui conduisent tous à une mort tout aussi stupide … Crois moi mon garçon c’est trop cher payé pour que la chose soit rentable …
Et enfin la troisième cause de perdition … c’est tes compagnons d’infortune. Il arrive toujours un moment où un de tes lieutenants, compétent, dévoué et serviable vienne à penser par lui même et à se dire qu’il ferait un bien meilleur chef que toi … Il parle à quelques amis, qui finissent par partager son point de vue et en moins de temps qu’il en faut pour dire “Roustifette” tu te retrouve avec une révolte sur les bras, une crise d’autorité, voir de lâches tentatives d’assassinat …