Archibald sort son long poignard et le plante dans le tonneau qui leur sert de table et reprend.
Archibald : donc tu vois petit, si tu veux vivre vieux dans le métier, faut savoir arracher les mauvaises herbes avant qu’elles envahissent le potager.
Onirym est méfiant : mais … je ne veux pas vous tuer … J’ai rien contre vous !
Archibald : je sais mon garçon ! Je ne parle pas de toi mais d’un autre … A l’heure qu’il est, il complote contre moi. Je sens déjà leurs regards intriguant sur moi quand je traverse le camp. Les discussions qui baissent à mon passage, les regards en coin … Il y a des signes qui ne trompent pas ! Et donc il faut que le sang coule. Soit le mien, soit le leur, pour montrer qui est le chef ! Et entre nous je préférerai cent fois que ce soit celui … de la Fouine … On se comprend le p’tit ?
Le regard d’Archibald est noir, intense et donne pas du tout envie de rigoler !
Onirym prend quelques instants pour évaluer la situation. Il est dans la m… Les seuls mots qu’il arrive à prononcer en retour sont : OK chef.
Il ne sait même pas pourquoi il a dit ça. Question de survie sûrement.
Il sort de la hutte encore tout chamboulé et la tête pleine d'interrogations … Pourquoi Archibald lui a dit ça ? Il lui a bien demandé de tuer la Fouine … Pourquoi ne pas régler son problème lui-même … C’est un test de loyauté ? Mais dans se cas il doit faire quoi ???
Quelqu’un le tire par le bras, le faisant sortir de sa torpeur. Il s’agit de Pusenzbet le gnome. Il parle avec un accent à couper au couteau qui fait qu’on ne comprend qu'à peine un mot sur deux … Et il n'a pas dû prendre de bain depuis plus de di ans. D'où son surnom : "elle pue cette bête" - Pusenzbet …
Le gnome lui fait signe de le suivre : t’viens ty par là, l’argouille.
Il l'emmène à l’autre bout du camp, où des hommes sont réunis en cercle, autour de la Fouine.
La Fouine : non non et non ! Montrez vous imaginatif les gars sinon on ne va pas s’en sortir … Déjà je vous fais participer, je vous demande votre avis, je suis sympa mais mettez y du vôtre !
Voyant Onirym arriver, la Fouine lui fait signe et l’interpelle : et toi le jeunot, t’as bien idée !
Onirym : une idée de quoi ?
La Fouine : de nom pour notre compagnie de coupe jarrets ! Faut un truc qui claque, qui fasse peur aux gens mais facile à retenir, qu'ils ne se trompent pas !
Onirym : je croyais qu’on en avait déjà un nom ? On est pas la compagnie du furet ?
La Fouine le regarde droit dans les yeux : dans la vie il y a des trucs qui changent p’tit … Alors comme proposition j’ai d’un côté, la compagnie de la fouine … Ça manque cruellement d’originalité, même si c’est fait pour me faire plaisir … mais non ! Sinon on a les claironneurs … Je ne vois pas le rapport … et la proposition de Betz : les chiens galeux. Ça manque de prestige à mon avis … Alors mon p’tit Onirym, toi qu’es si malin t’aurai pas une idée à soumettre à nous pauvres petits voleurs, traines savates, pouilleux à grelots ???
Onirym : faut pas se dévaloriser de la sorte les gars ! Une idée … voyons une idée … Un truc simple qui en impose et qui fasse un peu peur quand même … Pourquoi pas les Loups de Sang ? On est une meute, on mord, parfois même le bras qui nous nourrit … Ce serait une bonne allégorie ?
La Fouine : je connais pas cette drolière mais oui l’idée est pas mal …
Le lendemain à l’aube, Onirym a récupéré toutes ses affaires et pris la poudre d’escampette, laissant la Fouine et Archibald à leur crise d’autorité, marchant vers d’autres cieux et aventures …