Un étrange visiteur

Un choix difficile

Onirym a lui aussi milles questions à poser à l’inconnu, qui lui brûle les lèvres, mais la politesse veut qu’il réponde en premier … Il prend une grande inspiration et d’un trait récite : bonjour je m’appelle Onirym j’ai 15 ans je pense. J’ai été recueilli il y a de nombreuses années par Sylvain le chef de ce village, sans lui je serai mort. 

Je pense que mes parents sont morts, en fait je ne sais pas trop, c’est flou mais il est arrivé un grand malheur c’est sûr. Depuis, je vis ici, ils sont tous très gentils, c’est si agréable … mais …

L’homme : mais ?

Onirym : maïs et vous ? Qui êtes-vous ? Que vous est-il arrivé ? Pourquoi êtes-vous blessé ? Est ce qu’il y a un danger qui plane ? Qu’est ce que je peux faire ?

L’homme lui fait signe de se taire : oh moins vite, moins de questions ! Je ne vais pas tout retenir… Je suis un chasseur, j’ai poursuivi un sanglier au fond des bois, mais il a été plus perfide que moi et a réussi à m’embrocher avant de s’enfuir ! C’est des choses qui arrivent même aux meilleurs … Votre village ne risque rien, personne ne va venir l’attaquer et promis je ne dirai rien quant à son emplacement …

Onirym sait, au fond de lui, que le chasseur ne lui dit pas toute la vérité … Il fait une petite moue.

Le chasseur le remarque et reprend : mais je ne suis pas le seul à ne pas tout dire ! Tu as astucieusement esquivé la suite de ma question tout à l’heure !

Onirym lui répond : comment ça se fait que vous soyez déjà guéri ? Hier soir notre médecin ne savait pas si vous alliez passer la nuit, vos plaies se sont infectées et là ce matin vous faites du gringue à Marie et Alisia …

L’homme rit : t’y vas pas avec le dos de la cuillère ! Il me semble qu'à ce niveau là, la petite blonde très jolie avec qui tu discutais dans la cour tout à l’heure n’était pas non plus insensible à tes charmes…

Onirym : quoi ? Mina ? Non c’est juste une amie …

L’homme : et bien c’est pareil pour ces deux infirmières … Il semblerait que les humains aient donc un certain charme pour la gente féminine des petites gens …

Onirym : c’est peut être une histoire de taille …

L'homme : croit en mon expérience, c’est pas la taille qui compte ! Après concernant ma santé, on se rétablit plutôt vite dans ma famille … J’ai une bonne constitution. Mais dis moi plutôt ce qui te préoccupe ?

Onirym : et bien c’est à dire … Je suis super bien ici, tout le monde est très gentil et je leur suis redevable, mais …

L’homme : mais tu sens l’appel de l’aventure ? Tu veux quitter cette vie paisible et aller courir les routes ?

Onirym : oui c’est çà … Mais j’ai pas envi de leur faire de la peine …

L’homme : surtout à la petite Mina ?

Onirym : hé ho ! Vous allez pas vous y mettre vous aussi !

L’homme : excuse moi … Tu sais, la vie de vagabond n’est pas facile, loin de là …

Onirym : vivre libre ou mourir !

L’homme : pardon ?

Onirym : c’est ma devise … Et il faut que je sache se qui est arrivé à ma famille ! J’ai peut-être un frère ou une sœur encore vivant quelque part … Je dois savoir …

L’homme : donc au fond tu as déjà pris ta décision. Maintenant il te faut trouver le courage de l’appliquer.

Attrape ma besace et passe là moi s’il te plait.

Onirym lui tend le sac en cuir. L’homme farfouille dedans et en sort un splendide poignard à la lame en acier fumé, le manche en corne de cerf sculpté.

L’homme tend le poignard à Onirym : tiens c’est pour toi. Un cadeau pour avoir veillé sur moi …

Onirym écarquille les yeux d'émerveillement : merci !!!

L’homme : vit ta vie, suis tes envies. Si tes amis t’aiment vraiment, ils comprendront …

 

L’homme resta encore quelques jours dans le village. Lui et Onirym n’eurent pas d’autre conversation. 

Puis il partit un petit matin, sans rien dire.

 

Quelques jours plus tard, Onirym fit de même, quittant la vie douillette du village pour courir vers son destin …