Il était une fois … Au fin fond d’une forêt, loin des routes fréquentées, une petite clairière. Entourée d’arbres fruitiers, un ruisseau d’eau clair le traverse. Et dans cette clairière se trouve une petite chaumière.
Et dans cette chaumière se trouvent Percifon et Griselda. Ils vivent là leur amour pur et inconditionnel !
Profitant des bienfaits de la nature, de la chaleur du soleil, de la douceur de l’eau …
Parfois Percifon fait une expédition dans les villages environnants pour voler de la nourriture, des couvertures, quelques ustensiles ou outils dont ils ont besoin …
Griselda fait pousser des fleurs, s’occupe des animaux de la forêt, va cueillir des baies et des champignons …
Bref, ils vivent une vie paisible et heureuse, bien loin du tumulte du monde !
Mais … un jour …
Alors que Percifon revient d’une de ses campagnes de chapardise, il longe une rivière dans la forêt et là ! Dans l’eau ! Il aperçoit quelque chose … Coincé entre deux galets, il voit un caillou. Mais pas n’importe quel caillou, rouge, vif, brillant, éclatant de lumière, chatoyant dans les reflets de l’eau ! Il plonge la main dans l’eau et se saisit du rubis. Ca fera un cadeau magnifique pour sa tendre Griselda ! Quelle beauté !
Il se hâte de rentrer et d’offrir sa trouvaille à l’élue de son cœur ! Dès le lendemain Griselda confectionne un diadème avec la pierre et le pose sur ses longs cheveux verts … Elle est magnifique ! Et si heureuse de ce cadeau !!!
Quelque temps plus tard, Percifon repart en chapardage. Mais sur le chemin du retour une pensée le traverse ! Si je reviens sans un cadeau aussi inestimable et merveilleux que la pierre de la dernière fois, Griselda sera très déçue … Et ça, je ne peux pas le supporter ! Il faut que je trouve quelque chose d’encore plus beau, encore plus merveilleux ! Percifon s’écarte donc de sa route, longeant la rivière, loin, toujours plus loin dans la forêt, à la recherche d’un joyau inestimable pour sa bien aimée.
Il finit par trouver une perle magnifique, grosse comme une pomme ! Il rentre chez lui heureux de l’offrir à sa bien-aimée.
Dans les semaines qui suivent, Percifon s’en va de plus en plus longtemps, obsédé par l'idée de trouver une gemme encore plus magnifique que la précédente à offrir à Griselda. Celle-ci passe ses jours et ses nuits seule … Alors que Percifon gambade par monts et par vaux, toujours plus loin, le long de la rivière pour trouver des trésors ! Il finit par arriver aux confins de la forêt là où se dresse une sombre et gigantesque montagne ! La rivière s’y déverse, envoyant partout des reflets dorés …
Loin au-dessus de lui, des nuages blancs s’enroulent autour de la montagne.
Sa vision se trouble … Tout tourne autour de lui … La fatigue sûrement …
Les nuages commencent à bouger, onduler, et prennent la forme d’un gigantesque dragon blanc.
La rivière sort de son lit et monte vers le ciel, envoyant des reflets dorés de toute part et se transforme elle aussi en un grand et long dragon ondulant dans le ciel !
Les deux dragons se rencontrent, s’enroulent l’un autour de l’autre dans une parade féérique au milieu de l'azur et des nuages ...
Percifon tombe à genoux submergé par la beauté de ce spectacle !
Les dragons s'enlacent, se déplacent de plus en vite pour au final former plus qu’un fin trait d’argent qui s’enroule autour de la montagne … Les nuages autour deviennent gris … puis noirs !
Des grondements se font entendre. Le trait d’argent se transforme et devient de puissants éclairs qui frappent la roche ! Un terrible orage frappe le sommet de la montagne. Le spectacle est effrayant même d’aussi loin … Percifon entend le grondement du tonneau, le claquement de la foudre !
Il sort de sa torpeur ! Oh la vache par les cornes du saint bouc ! Le dragon blanc et le dragon d’or … La prophétie !!!
Il fait demi-tour et entre dare-dare à sa chaumière.
Griselda l’attend, furax ! : C’est à cette heure là que tu rentres ? Tu étais encore avec tes potes à la taverne ! Tu crois que j’ai envie de passer ma vie à t’attendre ici, à faire le repas, le ménage, la cuisine, pendant que MONSIEUR va batifoler ?
Percifon : excuse moi ma chère mais déjà j’ai pas d’amis, pas de taverne ! Mais là ça urge on a un sacré problème ! La prophétie ! J’ai vu la prophétie, avec les dragons … Il faut prévenir qui de droit ! Prends tes affaires, on quitte notre petit nid douillet et on va prévenir Deds73 et Onirym ! C’est urgent !
Griselda : tu veux dire que l’on va quitter notre charmante chaumière isolée pour aller retrouver la civilisation humaine ?
Percifon : oui nous n’avons pas le choix ! Il est de notre devoir de sacrifier notre amour pour les prévenir ! Nous pourrons toujours revenir ici ensuite !
Griselda : hors de question ! Cette vie bucolique était sympa, mais pas trop s’en faut ! Je veux retrouver une vraie maison avec des murs, un toit qui ne fuit pas, une cheminée, un lit doué et des repas chauds ! Qu’est ce qu’on attend pour partir ? et que ce soit ici ou ailleurs notre amour sera toujours le même !
Alors ? Tu te dépêches ! On y va !!!
La compagnie des loups de sang est composée de quelques mages, d’une cinquantaine de cavaliers, au moins autant d’archers et le double de piétaille !
Ils sont accompagnés également d’au moins une trentaine de personnes non combattants : des cuisiniers, des forgerons, des palefreniers, quelques soigneurs et des manœuvres pour les travaux communs et monter le camp …
Cela fait une troupe impressionnante, une petite armée !
Beornbryn regarde la troupe se mettre en ordre de marche, dans un balai impeccable où chacun sait ce qu’il a à faire … Il est fier de ses hommes. Il sait que chacun est prêt à l’accompagner jusqu’en enfer s’il le faut ! Et en enfer c’est justement là où ils vont. Certains vont mourir, c’est inévitable … Mais ceux d’en face vont connaître la fureur des loups ! Ils vont venger leurs amis. Ces sorciers du chaos, les adeptes du Dieu Sombre vont connaître la crainte. Il va les traquer et les chasser !
Il a fait appel à quelques prêtres, en renfort. Ça peut toujours servir pour bénir les armes, contre les démons … Et ça ne fait pas de mal au moral des troupes ! Cela, l’alcool et les femmes facile à la peau douce et au minou peu farouche …
Pour cette expédition il a laissé l’alcool et les femmes à la cité ! C’est pas une partie de rigolade ! Et si les hommes sont trop détendus ils se battent mal …
Il parait qu’on reconnaît la puissance d’une armée au talent de ces cuistots : plus la bouffe est dégueulasse et plus l’armée est puissante ! Ça maintient les hommes de mauvaise humeur et agressifs …
Les éclaireurs reviennent : plusieurs cavaliers en toge violette ont été aperçus dans les ruines d’une cité abandonnée à plusieurs lieues d’ici.
Beornbryn envoi un détachement s'occuper d’eux ! Ils ne sortiront pas vivants de ces ruines … Faudra quand même penser à capturer quelques prisonniers pour les interroger … Il doit découvrir ce qu’ils recherchent !
Pendant ce temps, il va prendre la route du nord. Un autre groupe d'éclaireurs a rapporté une histoire … Des paysans terrifiés auraient aperçu un sanglier géant, plus grand qu’un cheval !
Les loups sont en chasse …
Pendant ce temps là, dans la forêt … Thrakaic le nain et Meezog le demi ogre montent leur bivouac. Pendant que les loups sillonnent le royaume et occupent toute l’attention des sorciers violets, ils ont reçu comme mission du seigneur Onirym de retrouver la montagne d'où s'est échappée Deds73. Ils doivent espionner les lieux et trouver le plus d’infos possible sur leurs ennemis.
Ils sont assis là autour du feu à manger leur ration quand tout à coup, perçant la nuit ils entendent un hurlement terrible !
Thrakaic se lève d’un bond et saisit sa hache : c’était quoi çà ?
Meezog : peut-être une belette ?
Thrakaic, surprit : une belette ? Tu es sérieux là ?
Meezog : oui ! C’est dangereux et teigneux une belette ! Chez moi quand j’étais petit on avait des poulaillers, et s’ils étaient mal fermés, la nuit les belettes faisaient des descentes et elles saignaient tous les poulets !
Thrakaic : on n'est pas des poulets ! Et je pense pas que les belettes ca hurle comme çà …
Les deux aventuriers perçoivent un mouvement brusque sur leur droite !
Deux créatures sortent de l’ombre en sautant par-dessus les buissons et se dirigent droit sur eux !
Elles ne sont pas humaines …
Une d’elle, un mâle, est un mélange d’homme et de bouc. L’autre créature, une femelle a de longs cheveux verts et des petites cornes sur la tête également …
Le bouc lève les mains : bonjour ! Plutôt bonsoir ! Excusez nous de vous déranger mais vous tombez bien, vous êtes armés ! Nous sommes poursuivis par un … démon qui en veut à nos miches et je vous serais extrêmement reconnaissant si vous nous en débarrassiez !
Au même moment, une sorte de minotaure à la peau rouge apparaît en hurlant et bavant !
Homme bouc : ah bin justement en parlant du monstre …
Thrakaic : c’est quoi ce truc ?
Meezog : ah ouais ça c’est pas une belette c’est sûr …
Thrakaic : prêt ?
Meezog : prêt !
Les deux aventuriers se jettent sur le démon. Au prix d’un combat violent mais bref, le minotaure s’écroule sous les coups des deux intrépides aventuriers !
Homme bouc : merci bien les amis ! Je m’appelle Percifon et voici ma compagne Griselda. Nous vous en devons une bonne ! Chérie, tu peux donner un caillou à nos sauveurs pour les remercier de leur efficacité ?
Thrakaic : vous êtes un beau parleur mais je vous aime pas ! Ça ne se fait pas d'amener comme ça des monstres à des aventuriers qui se reposent …
Percifon : désolé, mais on a pas trop eu le temps de réfléchir …
Griselda sort de son corsage une gemme écarlate et la tend aux aventuriers : tenez prenez ceci …
Thrakaic : ah ba là d'accord ! Maintenant je vous trouve sympathiques !
Nos quatre amis s’installent autour du feu et commencent à discuter …
Thrakaic leur indique la route pour aller au royaume d’Onirym et Percifon leur fait un plan pour se rendre au pied de la grande montagne.
L’âme du démon-minotaure rejoint le plan des enfers… Il va vachement se faire engueuler d’avoir foiré une mission si simple qui consistait juste à arrêter une faible dryade et un satyre fantasque !
Il y en a qui n'ont pas de chance …
Onirym se fait monter son petit déjeuner dans ses appartements. Il a besoin de calme. Parfois.
Sinara entre, sans frapper, un tas de parchemins sous le bras.
Sinara : Bonjour Sir !
Onirym : Bonjour Sinara, que fais-tu là ?
Sinara : est ce que vous la connaissez celle-là : c’est un nain, un elfe et un halfeling qui entrent dans une auberge. L’elfe s’adresse au tavernier : 3 bières mon ami s’il vous plaît ! Alors le tavernier lui répond : vous comptez en boire autant ?
Onirym : …
Sinara : si elle est bonne non ! Un nain et un halfeling … Ils sont petits donc le tavernier ne les a pas vus … Il a cru que les 3 bières c’était que pour l’elfe ! Elle est drôle non ?
Onirym : je vois que vous n’avez pas encore abandonné l’idée de devenir le bouffon du palais ?
Sinara : non, en effet !
Onirym : et donc la bassine d’eau au-dessus de la porte des gardes c’était vous ?
Sinara, l’air mutin : heu … je ne sais pas de quoi vous parlez …
Onirym : et le furet mort qui a été retrouvé dans la penderie de Sir Fribon ? Ça sent la charogne sur tous ses vêtements maintenant !
Sinara prend un air révolté : ha ça ! Il l’a bien cherché ! Hier je l’ai vu sortir de votre bureau. Je ne sais pas ce que vous lui avez dit mais il avait l’air très contrarié. Du coup il s’en est pris à une servante qui passait par là, il lui a dit des horreurs au point de la faire pleurer ! Juste pour passer ses nerfs ! C’est dégueulasse !
Onirym : et ça vous oblige à jouer les justicières ?
Sinara : oui ! Je ne supporte pas ce genre de comportement … N’oubliez pas qu’à la base je suis une princesse !
Onirym : quand ça vous arrange … Bref oublions cela. Que voulez-vous ?
Sinara : Céryl et Gogo ont des mines affreuses, le teint cireux, ils ont pas dormi depuis des jours et ils sentent le bouc aussi, ils se sont pas lavé non plus … MAIS ! ils ont trouvé des choses importantes et veulent réunir le conseil pour vous annoncer tout cela !
Onirym : non pas le conseil. Dites-leur de prendre un bain et de me retrouver ici pour le déjeuner. Ils ne doivent parler à personne d’ici là !
Sinara : Bien Sir ! Et je peux leur présenter votre canard en plastique pour leur bain ?
Onirym : soupir, vous avez parlé avec Pépette vous …
A l’heure du déjeuner, le mage Gogo et Mestre Céryl l’archiviste, rendus fréquentables, entrent dans les appartements d’Onirym.
Onirym : bien le bonjour messieurs, asseyez vous.
Gogo : merci Sir
Mestre Céryl : pourquoi tant de mystère ?
Onirym : je préfère avoir la primeur de vos découvertes et ensuite en faire part au conseil …
Mestre Céryl : alors en croisant plusieurs documents, entre autres dans les grimoires trouvés chez le mage noir, nous sommes arrivés à la conclusion suivante : une prophétie de fin du monde ne peut se produire que si l’un des grands principes qui régit l’univers est bafoué … C'est une sorte de réaction !
Gogo : et nous avons pu faire la liste de ces grands principes ! Le premier est : ne jamais prononcer le vrai nom des grands anciens !
Onirym : Oui Deds73 nous en en parlé… C’est cette vieille Baba qui lui aurait dit à peut prêt la même chose !
Mestre Céryl : le second principe est : l’enfer est pavé de bonnes intentions …
Gogo : c’est plutôt moralisateur. Ça doit avoir un lien avec les démons ?
Mestre Céryl : peut être que ça veut dire que les démons ne peuvent pas faire de bonnes actions ?
Onirym : ou que tous les bigots et bien pensants vont se retrouver en enfer !
Gogo : le troisième est plus obscur : E=MC² !
Mestre Céryl : celui-là personne n’a jamais compris ce que ça voulait dire …
Onirym : oui … une formule magique peut-être ?
Gogo : non …
Mestre Céryl : Vraiment aucune idée …
Gogo : le quatrième principe est : les lois de la natures sont irrévocables
Mestre Céryl : là c’est plus clair !
Onirym : en effet.
Mestre Céryl : le cinquième principe : il est impossible de revenir du royaume des morts.
Onirym : oui …
Gogo : ça pose question concernant les visites de la prêtresse des Limbes !
Onirym : se serait plutôt bizarre qu’elle ait déclenché cette apocalypse juste pour venir me prévenir … d’une apocalypse !
Mestre Céryl : En effet …
Gogo : oui il me semble que Buk un des amis de Deds73 à la Cité d’Argent avait déjà évoqué ce paradoxe. Le mieux sera de poser la question à la prêtresse directement lorsque vous la reverrez !
Onirym : je maitrise pas son agenda, elle en fait qu'à sa tête !
Sinara entre (toujours sans frapper) dans la pièce. Elle porte un gros paquet coloré avec un ruban rouge.
Sinara : tenez messieurs, un cadeau pour vous remercier du temps passé à trouver ces informations, et pour récompenser votre dévotion.
Elle pose le paquet prêt de Céryl et Gogo
Onirym : à votre place je …
Alors que Gogo défait le ruban, le colis explose et un gros nuage noir en sort ! Éclaboussant les deux malheureux !
Onirym : … je n’ouvrirais pas ce paquet. Trop tard …
Sinara : ahahahahaha !!!! Elle bien bonne cette blague non ? Le coup du paquet explosif avec des cendres et de la suie dedans ? Non ? Si c’est drôle quand même ?
Mestre Céryl : je pense que je vais retourner prendre un bain puis me coucher …
Gogo : Moi aussi …
Onirym : vous n'êtes pas possible Sinara !
Sinara s’approche, l'œil pétillant et dépose un baiser sur la joue d’Onirym.
Sinara : oui mais avouez qu' au fond vous aimez ça !
Elle fait demi tour et s’en va, satisfaite de sa prestation, laissant Onirym sur sa chaise, surpris et sans voix …
Pépette longe les murs et serre les fesses. Elle ne va pas pouvoir tenir très longtemps comme ça !
Elle sourit, l'œil qui pétille. Elle doit garder son apparence joviale et insignifiante de d’habitude …
Mais au fond d’elle, elle n’a qu’une peur, c’est de croiser Lucy…
En effet la jeune déesse est réveillée depuis quelques jour ... Au début il n'y avait pas de soucis, Lucy était dans un tel état qu'elle ne quittait pas sa chambre …
C’était facile de l’éviter et de ne pas lui parler. Mais depuis hier, la jeune déesse va beaucoup mieux, et elle se promène dans les jardins, les couloirs du palais … Elle mange même à la table du seigneur Onirym !
Et elle a pas l’air d’être pressée de retourner chez elle …
C’est une mauvaise nouvelle pour Pépette, ça va finir par se voir qu’elle fait tout pour l’éviter !
Parce que le problème avec une déesse, c’est qu’elle a des pouvoirs !
Bon autant pour Deds73 on sait de quoi elle est capable. Mais celle-là … On n’en sait rien ? Et si elle était capable de lire dans l’esprit des fées ? De deviner ses pensées ? De connaître SON secret ???
Ce serait terrible !!! Pépette n’a pas envie de décevoir les gens qu’elle aime. Et il y a ici beaucoup de personnes qu’elle apprécie, elle ne veut pas les décevoir …
Que vont-ils penser d’elle s’ils apprennent ce qu’elle a fait ?
Elle ne peut même pas se jeter du haut du donjon pour en finir avec la vie, puisqu’elle sait voler …
Elle serait obligée de fuir, sous le poids de la honte et des remords …
Ça y est, son cœur s’affole dans sa poitrine, elle devient toute rouge, le souffle court !
Elle se précipite dans ses appartements.
Pépette : porte n’ouvre à personne je ne suis pas là, je ne veux pas être dérangée !
Porte : comme vous voulez maîtresse. Vous voulez que je vous chante une petite chanson pour vous distraire ?
Pépette : non c’est pas la peine ! Laissez moi tranquille !!!
Ses crises de panique sont de plus en plus fréquentes …
Et comme à chaque fois, elle a cette vision : elle voit Sir Robert, le corps en sang qui la fixe de ses yeux morts et qui hurle : c’est de ta faute si je suis mort !!!
Pépette crie: je ne voulais pas ! Je ne savais pas que ça allait se passer comme cela …
Puis elle se met à sangloter : c’était plus fort que moi … Il fallait que j’ouvre ce coffret … Je comptais rendre toutes les clés ensuite ! Je ne pensais pas que cela créerait une telle pagaille ! Je ne pensais pas que vous alliez mourir … Robert … Je vous demande pardon …
Porte : et bah ! Ça ne va vraiment pas fort … Vous voulez pas que j’appelle quelqu’un ? Boris peut être ? Il paraît que ses fumettes font merveille, et sinon il a tout plein de champignons magiques et de potions pour vous faire planer …
Pépette : non ca ira merci, ne dites rien à personne …
Porte : je me mêle peut être de ce qui ne me regarde pas, mais qu’est ce qui c’est passé exactement ?
Pépette : j’ai trouvé un coffret et il a fallu que je trouve la clé pour l’ouvrir, c'était une véritable obsession ! Cela m’a poussé à voler toutes les clés du palais pour les essayer, puis toutes les clés que j’ai pu trouver dans la cité ! Aucune ne fonctionnait. Et plus j’avais d'échecs et plus cette envie de trouver la bonne clé me rongeait ! J’ai fini par trouver la clé et ouvrir le coffret … Il était vide (1). Rien ! Tout ça pour rien … Et je me retrouvais avec des centaines de clés cachées dans mes appartements … Autant de preuves de mes larcins ! Sir Onirym allait pas tarder à rentrer au palais … J’ai paniqué ! J’ai pris toutes les clés et je suis allé voir un forgeron en ville. Je l’ai payé grassement pour qu’il fonde toutes les clés pour en faire une statue. Celle du seigneur Onirym qui se trouve devant le grand hall d’entrée du palais …
Porte : oh c’est pas si terrible que ça votre histoire !
Pépette : oui mais après, Sir Robert, le chancelier de l’époque est devenu fou, il a pas supporté tout ce bazar et de ne pas avoir trouvé le coupable ! Il s'est jeté de la fenêtre du conseil et il est mort le pauvre homme (2) …
Porte : oui c’est sûr que là c’est moins drôle … Mais c’était son choix ! Après tout en tant que chancelier s’il avait pas les nerfs assez solide pour gérer une situation qui au fond était plus cocasse que dramatique c’est qu’il était pas fait pour le boulot !
Pépette : oui mais …
Porte : il y a pas de mais ! Et si vous voulez le fond de ma pensée, je pense que vous avez été l’objet d’un sortilège, attaché à ce coffret, qui vous a poussé à trouver la clé ! C’était pas vous ! Vous étiez manipulée !!!
Pépette : vous pensez ?
Porte : j’en suis pratiquement sûr, je m’y connais en objet enchanté, après tout j’en suis un ….
Pépette : alors tout ça n’est pas grave ?
Porte : si quand même … Mais arrêtez de vous mettre dans tous vos états, apprenez à vivre avec vos démons et votre culpabilité, et ne vous prenez pas la tête avec Lucy ! Vous ne savez même pas si elle peut lire dans vos pensées … Et quelque chose me dit que si elle en était capable, elle verrait des horreurs bien pires que ce que vous avez fait dans la tête des autres personnes du palais ! Donc vous êtes tranquille !
Pépette : vous pensez vraiment ?
Porte : bien sûr !! Pourquoi je vous mentirais !
Pépette : merci !!! Vous êtes vraiment un super ami !
Porte : je ne suis qu’une porte … Mais si vous voulez me faire plaisir, vous pouvez toujours demander aux domestiques de me passer de l’huile et du vernis … C’est très agréable ! Surtout sur la poignée …
Pépette : ok ok mais on va s’arrêter là, vous commencez à me mettre mal à l’aise …
Deux gardes arrivent devant la porte de Boris, le médecin du palais. Le premier frappe à la porte.
Garde : Boris ! Boris ! Ouvre vite ! Il y a une urgence.
Boris ouvre la porte au bout de quelques instants, un nuage de volutes bleues s’échappe de la pièce enfumée …
Boris : Mouais….
Garde : c’est mon pote, il est blessé !
Le second garde, blanc comme un linge tend la main vers Boris. On peut remarquer trois doigts qui pendouillent, dans la mauvaise direction …
Boris : et béh ! Vous vous êtes pas loupé !
Garde : il y est pour rien ! C’est cette furie de Marion qui lui a fait ça !
Boris : Ma…. rion ?
Garde : oui Marion ! La femme de chambre de Sir Onirym !
Boris : Ah Marion ! Oui elle a plutôt mauvais caractère, mais de là à lui casser trois doigts …
Garde : oui je comprends pas … Il lui a fait un compliment quand elle est passée à côté de lui et paf ! Elle s’est retournée et crack ! Elle lui a retourné les doigts !
Les yeux de Boris s’éclaircissent un peu et il laisse échapper un rictus mauvais : Oui un “compliment” je vois … et votre copain, il a pas voulu joindre le geste à la parole par hasard ?
Garde : si … peut … être …
Boris devient tout rouge : alors c’est bien fait pour lui ! Ca lui apprendra à prendre les femmes pour de vulgaires potiches tout juste bonnes à assumer ces relents d’homme-orc !
Garde : mais …
Boris leur ferme violemment la porte au nez !
Garde : haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
Boris (derrière la porte) : quoi encore ?
Garde : je crois que j’ai la main coincée dans votre porte quand vous l’avez refermée !!!!
Boris ré-ouvre la porte : et bien comme ca vous ferez la paire avec votre porc de copain ! Allez vous faire soigner ailleurs bande de fiente de pigeon mal digérés !
Pendant ce temps-là, dans sa petite chambre au-dessus des cuisines, Marion fait les cent pas en donnant de violents coups de pieds dans une poutre …
Il y a des jours ou on ferait mieux de rester coucher … Déjà toute la journée, il y a cette peste de Sinara qui lui a couru sur les nerfs !
Et après ce garde qui a voulu lui mettre une main aux fesses en la traitant de “petite mignonne" ! N'empêche il va surement s’en souvenir longtemps et hésiter la prochaine fois … Vue comme elle lui a chopée les doigts et les a retourné ! Il y a eu un grand crack ! Et il s'est mis à chialer comme un gosse … Ca ne l’a même pas soulagée …
Non celle à qui elle en veut à MORT c’est cette garce de Sinara, avec ses faux airs ... Madame est une princesse, madame à des manières ... madame donne des leçons … Gna gna gna !!!! Pour qui elle se prend !!!! Elle se croit tout permis ? Elle arrive et hop elle se retrouve propulsée secrétaire personnelle de Sir Onirym … Non mais elle croit quoi ? Qu’elle peut venir et passer ces journées avec le chef sans que personne ne vienne lui voler dans les plumes ?
C’est Pépette qui doit être contrariée aussi … Après tout, avant l’arrivée de Sinara c’est elle qui tenait plus ou moins officiellement ce rôle d’assistante d’Onirym … Il y a peut être une piste à creuser de ce côté là …
Marion se voit déjà en compagnie de la petite fée en train de tendre une embuscade à Sinara, armées jusqu’aux dents !
Mais non ça ne marchera jamais … Pépette n’acceptera pas de tremper dans la combine ! En plus elle a pas l’air de mal prendre les choses …
Sinon un accident, un bête accident … Sinara qui glisse sur un couteau dans les cuisines … Elle se prend les pieds dans un tapis en haut d’un grand escalier … Elle se prend un chandelier sur la tête, qui se décroche "accidentellement" du mur au moment où elle passe … Et en tombant par terre, elle se lacère le visage avec ses ongles, et elle avale sa langue et … et …
Non une fois de plus Marion en fait trop ! Elle ne peut pas penser çà …
Pourtant tout avait si bien démarré … Son rêve …
Le matin lorsqu'Onirym ouvre les yeux c’est elle qu’il voit … Le soir avant de s'endormir, elle est la dernière personne qu’il croise … (enfin normalement).
Marion espère secrètement que du coup elle occupe un peu les pensées et les rêves de Sir Onirym …
Quand est ce qu’il va se conduire en vrai chevalier ! En prince bien élevé !
Elle l’imagine un genou à terre, prenant sa main dans la sienne, leurs yeux qui se noient l’un dans l’autre et qu’il lui déclare une longue tirade lyrique, passionnée et chevaleresque, en lui déclarant son amour …
Marion pousse un cri de rage et envoie valdinguer une table à l’autre bout de la pièce !
Ma pauvre fille arrête d’être fleur bleue et de croire au prince charmant !!! Parce que tu crois qu’un noble seigneur va s'intéresser à une pauvre fille commune comme toi …
Et puis c’est pas en étant rude avec lui et en lui lançant des vacheries à tout bout de champ qu’il va tomber amoureux de toi !
Oui mais je ne peux pas faire autrement ! Si je veux qu’il me remarque ! Et puis si je fais pas ça … Il va voir … il va remarquer que je suis amoureuse de lui ! Et je veux pas qu’il m’aime par dépit ou par pitié ! Je veux un vrai amour sincère, puissant, inconditionnel !!!
Ma fille déjà faudrait arrêter de parler toute seule parce là ca va pas faire fleur bleue ca va faire vielle folle !!!
Bon c’est entendu, demain matin elle va essayer … juste un petit sourire … en coin, discret, léger, fugace … Les yeux rivés sur lui, à capter sa réaction ! Peut-être qu’il se décidera …
On a vraiment pas des métiers faciles les filles je vous dis …
La roue grince légèrement et se met à bouger.
Destinée (une sorte de Sphinx bleu, tenant une épée) : Arrête de gesticuler Malchance, tu vas nous faire tomber !
Malchance (une sorte de singe au pelage fauve et portant une jupette ridicule) : non mais attend ! Ça devient vachement drôle toute cette histoire, vous trouvez pas ?
Bonne étoile (une sorte de chien tout jaune) : si je suis d’accord, mais en profite pas pour essayer d’influencer le cours des choses !
Malchance : bin si justement ! On est pas là pour ça ?
Destinée : il a pas tord … Enfin en ce qui vous concerne, pour moi c’est différent …
Malchance : pour moi c’est différent gnagnagna … Parce que “Madame” elle entend des voix et que soit disant les dieux lui parle, elle se croit au dessus de nous !
Bonne étoile : c’est peut être aussi parce qu’elle est assise au-dessus de nous …
Malchance : oui et bien continue à lui regarder le troufion si ça te chante, moi je préfère jouer avec les humains ! C’est tellement drôle de les voir se débattre avec leurs problèmes !
Bonne étoile : sachant que la plupart des ennuis qu’ils ont c’est toi qui les provoque !
Malchance : oui et si toi tu ne faisais pas le rabageois en leur donnant des coups de pouces ce serait encore plus drôle ! Un vrai festival de mauvaise fortune ! Une avalanche de malheurs ! Le chaos ! La débâcle ! La détresse ! Ahhhh je vois le spectacle d’ici ce serait tellement bien !
Bonne étoile : mais non pas du tout ! Je suis pas d’accord ! Et puis à ce petit jeu il te resterait très vite plus personne avec qui jouer !
Malchance : de toute façon tu comprends rien …
Destinée : allez ! On arrête de se disputer et on se concentre un peu ! Je sens que de grandes choses approchent … Elles comptent sur vous pour savoir si ça va tourner en bien ou en mal …