Roi des rats : ne prenez pas cet air offusqué ! Vous voulez que je vous rappelle comment vous êtes arrivé ici ? Dans cette cité ?
Onirym : Non … évidemment …
Roi des rats : bien maintenant que les cartes sont posées, prenez votre main …
Le roi des rats allume sa pipe et aspire une longue bouffée.
Onirym : je pose de suite mes limites. Pas de meurtre, pas de torture, pas de violence …
Roi des rats : un idéaliste ! Dans quel monde vivez vous ? Sachez que notre réponse est toujours proportionnelle au niveau de stupidité de nos victimes. Nous ne sommes pas des psychopathes. Juste des redistributeurs de richesse… Si le gras marchand se laisse dépouiller sans rien dire, il repart avec juste quelques pièces d’or en moins et à la rigueur son amour propre un peu amoché mais rien de plus … Par contre ceux qui nous résistent ne récoltent que se qu’ils sèment …
Onirym : Mouais … C’est un peu facile comme discours …
Roi des rats : et si on parlait de la violence de vos miliciens ? Lorsqu’ils tabassent pour le plaisir un mendiant dans la rue … Ou qu’ils envoient au cachot un homme qui vole une miche de pain pour nourrir sa famille … La liste des exemples est aussi longue que désagréable …
Onirym ne trouve rien à répondre …
Roi des rats : je vois que nous commençons à être sur la même longueur d’onde … Le monde est cruel. C’est un fait et pas nouveau …
Les horreurs indicibles qui s’approchent et menacent la vie sur toute terre en est une facette. Cruelle, menaçante, certaine !
Mais la méchanceté des hommes, les petits gestes égoïstes, l’injustice de votre société à ses racines profondément ancrées. Elle est moins visible, plus diffuse mais tout aussi redoutable, surtout pour les petites gens …
Onirym : racine … ?
Roi des rats : oui j’ai bien employé ce terme. Ce n’est pas innocent. Je sais qu’il évoque quelque chose pour vous (1) …
Onirym : en effet.
Roi des rats : nous sommes donc faits pour nous entendre ?
Onirym : il me semble bien …
Roi des rats : alors c’est parfait ! A bon entendeur salut !
Le Roi des rats fait une pirouette, grimpe sur la table, levant bien haut sa pipe fumante : passons à la suite ! Une bonne alliance ne se discute qu’autour d’un bon repas ! Vous verrez qu’ici nous avons aussi un chef qui n’a rien à envier à votre Cuistot … D’ailleurs vous ne serez pas dépaysé puisque toute notre nourriture provient des celliers de votre palais !
Onirym : tient donc ! Vous avez des complices dans mes murs ?
Roi des rats : vous comprendrez bien que pour une question d’efficacité je ne répondrai pas à cette question … Je préfère vous laisser douter de tout le monde … C’est plus marrant.
Une petite souris blanche arrive en trottinant dans la pièce. Elle grimpe sur la table et vient s’installer sur le bras du roi des rats. Il la caresse puis l’installe devant un gros morceau de fromage.
Onirym : pouvez vous me dire pourquoi vous avez choisi cette vie ?
Roi des rats ; ohhhh ce serait très long à expliquer et pas vraiment intéressant … Peut être suis je un idéaliste moi aussi … Ou simplement un opportuniste ! Qui sait … Je vous laisse juger.
Les heures qui suivent sont un mélange de fête, de danse, et de discussions diplomatiques …
Nous n’en ferons pas le détail ici … Ça risque d’être long et fastidieux.
Ce qu’il faut retenir c’est qu’Onirym et le roi des rats finissent pas tomber d’accord.
Les deux souverains de la cité, celui de la surface et celui des bas fonds sont maintenant les deux faces d’une même pièce. UN même destin.
Bien plus tard … Onirym et le roi des rats sont assis dans un canapé à cuver et digérer tranquillement …
Onirym rompt le silence : dis moi l’ami, j’espère que tu n’as pas prévu de me fracasser le crâne à nouveau pour me renvoyer à la surface ?
Roi des rats : non pas besoin, on te mettra juste une cagoule.
Onirym : ça me va plutôt bien … Et pour la suite ? Comment faire si j’ai besoin de vous parler ?
Roi des rats : tout est déjà prévu ! Vous n’aurez qu’à demander à Perroquet ! Il sera notre messager.
Onirym : Bien sûr … J’aurai dû m'en douter …