Sorell finit sa bière d’un trait et se lance dans une longue explication, parlant à voix basse pour ne pas trop attirer l’attention des gaillards de l’auberge.
Sorell : L’empire est le dernier rempart pour protéger le Vieux Monde. Au nord, par delà les terres gelées de Kislev se trouve les royaumes du Chaos. Ils ont déjà déferlé sur le monde pour tout massacrer. Cela va recommencer, un jour, c’est sûr. Ils tenteront encore une fois de ravager les terres et de tuer les hommes …
Heureusement, Sigmar veille sur nous. Il a défié le Chaos quand il était un homme. Maintenant qu’il est un Dieu, il nous protège … Mais personne ne sait si cela suffira …
Mais pour en revenir au mutants, beaucoup de gens font l'amalgame, pensant que ces traces du Chaos pourrissent l’âme autant que le corps … Ils ont surtout peur d’être infectés. Mais tu ne crains rien, le Chaos ne se propage pas de la sorte, c’est plus insidieux … Les gens de ce village ne risquent rien, tant que des chevaliers ou des inquisiteurs ne déboulent pas dans le coin ! S’ils se rendent compte de la situation, il ne chercheront pas à comprendre, ils tueront tout le monde et bruleront les maisons ! C’est le prix à payer pour lutter contre le Chaos …
Onirym : et bien, c’est super dangereux tout çà … Et les assassins qui nous ont attaqué dans les ruines, c’est des agents du Chaos ?
Sorell : aucune idée. Je ne les avais jamais vu avant.
Onirym : d’ailleurs, qu’est ce que tu faisais là bas ? Et on était où ? Tu le sais ?
Sorell : dis donc tu as l’air vachement à la ramasse toi …
Onirym : c’est à dire que je ne suis absolument pas d’ici, je viens d’ailleurs, un autre endroit, un autre monde peut être même …
Sorell : Ah oui ? Rien que ça ? J’ai déjà entendu des histoires pareilles, mais c’était toujours avec de puissants mages ou sorciers, et excuse moi tu n’as pas trop la tête de l’emploi !
Onirym : en effet j’y connais rien à la magie moi, c’est pas mon truc. C’est plus à cause d’une breloque et peut être une vengeance des Dieux qui se jouent de moi !
Sorell : tu es maudit ?
Onirym : ça se peut oui.
Sorell : et bien t’es un peu comme ces mutants alors …
Onirym : D'une certaine manière, oui, je penses.
Sorell : bon ! Allons nous coucher, on verra bien ce que demain nous réserve !
Après une bonne nuit de sommeil, Onirym retrouve Sorell dans la grande salle de l’auberge, alors qu’à l’extérieur le soleil tente de percer un épais voile de nuages et que la brume humide de la nuit se dissipe peu à peu.
Après un solide repas fait de choux, de saucisses et de bière brune et épaisse, les deux compères digèrent en discutant.
Onirym : dis donc mon cher, tu n’as pas répondu à mes questions hier soir …
Sorell : ah oui ? lesquelles ?
Onirym : quand je te demandais ce que tu faisais dans les ruines ?
Sorell : je cherchais des trésors, des reliques, des trucs à vendre …
Onirym : tu es une sorte de pilleur de tombes ?
Sorell : je me vois plus comme un collectionneur du passé, qui sort de l’oubli des reliques anciennes pour les offrir au monde …
Onirym : contre de l’or …
Sorell : il faut bien vivre …
Onirym : c’est pas faux. Et les assassins ?
Sorell : sûrement des concurrents pas contents.
Onirym : il faut que je retourne aux ruines, tu peux m’aider ?
Sorell : pourquoi veux tu retourner là bas ?
Onirym : disons que j’ai une relique en ma possession, une sorte de clé qui peut me permettre de rentrer chez moi. Mais elle semble ne pas fonctionner ici. Je suis donc coincé. Je penses que si je retourne dans les ruines, je pourrai l’activer.
Sorell : tu parles du truc qui nous a permis de nous échapper des ruines ?
Onirym : c’est çà oui.
Sorell : ça ne va pas être simple. Mais je connais quelqu’un qui pourra nous aider ! De toute façon j’avais pas fini de fouiller l’endroit … On va se rendre à Middenheim, là bas il y a un nain cartographe qui me doit un service.
Sous un ciel brumeux et une pluie fine et froide nos deux amis quittent l’étrange village et prennent la route pour Middenheim.
La petite route de terre serpente dans la profonde et sinistre forêt du Drakward. Au loin, vers l'est, ils peuvent apercevoir de temps en temps la silhouette des Monts du milieu.
Le voyage se passe dans un silence relatif, tous les sens en alertes, car Sorell a indiqué que ces forêts grouillent d’hommes bêtes ou de gobelins en maraude.
Après plusieurs heures de marche, ils entendent un cri s’élever dans les sous bois !
Onirym et Sorell se mettent à courir dans la direction du cri de détresse.
Ils arrivent dans une petite clairière où stationne une diligence tirée par quatre chevaux.
Devant la diligence, plusieurs personnes sont regroupées.
Un jeune homme aux cheveux bruns, vêtu d’un grand chapeau et d’une redingote de cuir.
Un autre homme, guère plus vieux, avec des habits colorés et chamarrés. Plutôt beau gosse, il porte un luth à la main.
Une jeune femme, visiblement apeurée est là également. Elle porte une robe plutôt distinguée, et une lourde cape de fourrure sur les épaules.
Le quatrième individu est un guerrier, vêtu d’une armure de cuir lourd et un tabard blanc frappé du symbole d’un loup. Il tient son épée à la main.
Au sol, entre les quatre personnages gît le corps visiblement sans vie d'un homme d’âge mûr richement vêtu.
Sorell s’avance, les bras écartés, et dit : et bien que ce passe t-il ici ? C’est quoi tout ce raffut, vous voulez attirer tous les loups et bêtes féroces des environs ou quoi ?
L’homme armé se tourne vers lui, le pointant de son épée : n'approchez pas étranger, il se passe ici de biens sinistres choses, je dois confondre l’assassin de ce pauvre homme !
Sorell : vous êtes sûr qu’il est mort ?
L’homme d’arme pointe de son épée la dague plantée dans la poitrine du mort : il n’y a pas de doute là-dessus … Nous voyageons dans cette diligence en direction de Middenheim. Nous nous sommes arrêtés ici pour laisser reposer les chevaux. Chacun vaquait à ses occupations, pour se dégourdir les jambes, quand Her Rafgar a été assassiné ! Il s’agit forcément de l’une de ces personnes ! Je me fait un honneur en tant que futur chevalier de découvrir le coupable et le livret à la milice de la Cité du Loup Blanc !
Sorell fait un large sourire et déclare : et bien vous avez beaucoup de chance, vous avez croisé la route de l’inspecteur Onirym ! Mon compagnon est un fin limier, spécialiste pour éclairer les affaires les plus ténébreuses et résoudre des mystères ! Laissez nous trouver le coupable et acceptez que nous voyageons avec vous dans la diligence jusqu’à la cité ! Ne faisant pas partis des suspects, notre enquête sera donc neutre et impartiale !
Onirym se penche vers lui et murmure : mais qu’est ce que tu fiches ?
Sorell lui répond : j’ai déjà des ampoules aux pieds ! Il reste plusieurs jours de marche jusqu’à la cité ! Voilà une belle occasion de voyager plus vite et plus confortablement !
Onirym : je ne suis pas trop fan des diligences ces derniers temps …
Sorell : en plus ca va être rigolo de résoudre cette enquête !
Sorell se tourne vers le groupe et dit : bien, nous allons vous interroger, les uns après les autres et nous découvrirons la vérité !
Il désigne le jeune homme brun du doigt : on va commencer par toi, viens avec nous !
Les trois hommes s’éloignent au pied d’un arbre.
Sorell : bien dit nous qui tu es et pourquoi tu as tué ce marchand ?
L’homme brun prend un air surpris : hein ? Quoi ? Mais pas du tout ! Moi je suis le cocher. Je m’appelle Rick et je conduis la diligence. Je ne connais pas du tout ces individus ! Je n’ai aucune raison de tuer ce marchand, même s’il était, il faut bien l’avouer, plutôt énervant et exaspérant ! Toujours en train de se plaindre et râler ! Il critiquait sans cesse ma conduite, un coup j’allais pas assez vite, un autre je le secouais trop dans la diligence ! C’est pas ma faute si les routes sont en si mauvais état … Mais c’est pas une raison pour occire un client … J’y suis pour rien promis, par Sigmar !
Sorell prend un air sombre et concentré : bien bien … Votre histoire se tient … Ou étiez vous au moment du meurtre ?
Rick : je me suis occupé des chevaux, puis je me suis éloigné dans les bois pour soulager un besoin naturel, quand j’ai entendu Dame Catharina crier ! Je suis revenu et j’ai vu le corps du marchand …
L’autre, le chevalier, il a sorti son épée et a commencé à nous accuser ! Puis vous êtes arrivé.
Sorell : avez vous remarquer ou entendu quelque chose d’étrange au moment du meurtre ?
Rick : non rien de spécial, faut dire que j’étais plus concentré à me soulagé qu’à écouter ce qui pouvait bien se passer dans cette forêt.
Sorell : bien, c’est clair comme tout. Vous pouvez y aller, dites à Dame Catharina de venir …
Rick le cocher retourne prêt de la diligence et la jeune femme s’approche.
Elle semble encore toute apeurée et visiblement choquée par ce qui vient de se passer.
Dame Catharina : merci messieurs de m’aider à résoudre le meurtre de mon mari ! C’est horrible, c’est atroce !
Sorell : ainsi donc la victime était votre époux ?
Dame Catharina : absolument.
Sorell : vous êtes beaucoup plus jeune que lui ?
Dame Catharina : vous savez, l’amour n’attend pas le nombre des années.
Sorell : oui, surtout quand l’élu de votre coeur à une belle situation …
Dame Catharina : mon mari est drapier, il a travaillé dur pour arriver à monter son affaire. Et le sort s'est acharné contre lui. Sa précédente épouse est morte il y a quelque temps déjà, emportée par la maladie. Je me faisais un devoir de le réconforter et lui apporter du bonheur … Avant qu’une main maléfique ne vienne emporter sa vie ! Je réclame vengeance et justice ! Soyez mes champions et résolvez le meurtre de mon mari, je vous en supplie !
Sorell : bien madame, nous nous y efforçons … Pouvez vous me dire ou vous étiez au moment ou votre marie fut assassiné ?
Dame Catharina : il est descendu de la carriole pour vérifier les coffres et la cargaison. Moi je suis restée à l’intérieur car il faisait froid.
Sorell : avez vous remarquer ou entendu quelque chose d’étrange au moment du meurtre ?
Dame Catharina : je n’ai rien remarqué. J’ai entendu mon mari pousser un cri et lorsque j’ai regardé par la fenêtre je l’ai trouvé étendu mort ! Alors j’ai criée …
Sorell : Bien, retournez vous reposer, et faites venir le beau gosse !
Dame Catharina retourne s’installer dans la diligence et le jeune homme aux vêtements criards et colorés s’approche : bonjours les amis je suis Chanterelle, le ménestrel ! Je ne pense pas que ma musique soit de circonstance pour vous divertir, mais je peux vous aider dans votre enquête ! Mes oreilles sont particulièrement affutés, et j’entends tout ce que les gens ne veulent pas divulguer …
Je peux vous dire par exemple que Her Rafgar et sa femme Catharina ne s’entendaient pas si bien que cela ! Ils se disputaient, tous les soirs, une fois dans leur chambre d’auberge … Notre cocher est un peu spécial aussi … La folie le guette ! Il lui arrive de parler tout seul, comme si quelqu’un lui répondait … C’est inquiétant … Et pour finir Alaric, le “chevalier” n’en est pas un, j’en suis sûr ! Déjà il ne porte pas la tenue officielle des chevaliers du loup blanc, ensuite il ne connait même pas par coeur les prières rituelles à Ulric ! C’est louche tout çà …
Sorell : merci pour votre contribution. Mais vous, pourquoi êtes vous dans cette diligence ?
Chanterelle : j’ai croisé le marchand et sa femme dans une auberge ou je me produisais. J’ai tout de suite flairé le pigeon ! Je voulais me faire embaucher par ce marchand, qu’il devienne mon mécène. J’ai pris la même diligence qu’eux pour tenter de la convaincre pendant le voyage … Et puis sa femme est plutôt mignonne !
Sorell : vous ne manquez pas de culot vous !
Onirym : je reconnais bien là la mentalité des ménestrels …
Chanterelle : et je vous dis la vérité, j’ai rien à cacher ! Et surtout maintenant qu’il est mort, mon plan tombe à l’eau … J’avais aucun intérêt à le tuer !
Sorell : très bien, ou étiez vous au moment du meurtre ?
Chanterelle : je me suis un peu éloigné pour prendre l’air et je me suis assis sur une souche et j’ai sorti mon luth pour parfaire une ballade que je suis en train d’écrire.
Sorell : avez vous remarquer ou entendu quelque chose d’étrange au moment du meurtre ?
Chanterelle : il n’y avait pas de bruit particulier dans la forêt à part le bruit du vent dans les feuilles. J’ai cru entendre à un moment des éclats de voix, deux hommes. Puis Dame Catharina a criée alors je suis venu voir ce qui se passe …
Sorell : parfait, retournez prêt des autres et envoyez moi le chevalier.
Le chevalier Alaric à l’air surpris quand Chanterelle lui annonce que c’est son tour : quoi ? vous voulez me voir moi ? Mais c’est moi qui ai voulu faire le jour sur cette affaire ! Je ne l’ai pas tué, mon honneur me l’interdit ! Alors pourquoi me suspecter ?
Sorell : parce que vous étiez avec les autres, vous êtes tous suspects, jusqu’à preuve du contraire ! Venez par ici !
Alaric s’avance en bougonnant. Bien me voilà, par Ulric ! Suspecter un chevalier, vous ne manquez pas d’air !
Sorell : justement, parlons en … Votre accoutrement ne fait pas très chevalier !
Alaric : c’est que je voyage léger.
Sorell : vous êtes sûr ?
Alaric : absolument !
Sorell : mais les chevaliers d’Ulric n’utilisent pas d’épée normalement … Leur arme de prédilection n’est elle pas le marteau de guerre ?
Alaric devient tout rouge et murmure tout bas : bien ne le répétez pas mais je me suis fait détroussé au cours de ma mission. c’est un terrible déshonneur ! Ils m’ont pris mon arme, mon armure et mon cheval !
Onirym : tient, ça me rappelle une histoire ca ! (1)
Sorell : c’est fâcheux en effet …
Alaric : et fort mal venu ! Je termine ma période d'apprentissage dans deux lunes. C’est une mauvaise chose pour moi. C’est pour cela que si j’arrive à résoudre cette affaire, j’aurai plus de chance d’être nommé chevalier officiel, c’est sûr ! Et Ulric ne peut tolérer une telle injustice, ce pauvre homme mérite d’être vengé et sa mort résolue.
Sorell : et que faisiez vous au moment du meurtre ?
Alaric : dès que nous nous sommes arrêtés, je suis allé faire une ronde dans les environs pour vérifier qu’il n’y avait aucun danger dans le coin.
Sorell : et la dague qui est dans le corps du malheureux marchand, savez vous à qui elle est ?
Alaric : malheureusement non, cela aurait grandement simplifié les choses, je ne l'avais jamais vue avant.
Sorell : avez vous remarquer ou entendu quelque chose d’étrange au moment du meurtre ?
Alaric : j’étais assez éloigné de la diligence, je n’ai rien entendu de particulier. Je suis sûr qu’il n’y avait personne d’autre aux environs, je n’ai trouvé aucune trace.
Sorell : bien, c’est parfait ! Merci pour votre témoignage, nous allons maintenant pouvoir démasquer le coupable !
Pendant ce temps-là, au palais d’Onirym, dans la salle du conseil des ministres.
Thondurm : excusez moi chère Sinara
Sinara : Dame Sinara s’il vous plaît
Thondurm : ha ok donc on passe en mode super protocolaire … Je vois … Je disais donc, pourquoi se serait vous la régente ? On est tous d’accord pour dire qu’Onirym reste le seigneur des lieux, jusqu’à ce qu’il revienne ou qu’on est une preuve de sa mort. Ah bin oui je sais c’est pas super rigolo tout ça mais à un moment faut regarder la vérité en face ! Il y a un royaume à gérer ! Il faut prendre nos responsabilités !
Maitre Thuringwethil : nous sommes tous d’accord avec vous maître nain, même si j’en suis sûr, personne autour de cette table ne souhaite la mort de Sir Onirym.
Thondurm : mais bien sûr ! Donc je disais, votre rôle de première dame n’est même pas officiel, chère Sinara. Et dans les lois c’est très clair, c’est au chancelier de prendre la régence ! Donc MOI !
Sinara : il y a la loi et l’esprit de la loi, tout le monde le sait. Le chancelier assure la régence quand il n’y a pas de membre de la famille royale capable d’occuper ce poste. Hors, je suis là !
Thondurm : vous êtes là, on l’entend bien … Mais je répète que vous n’avez pas de statut officiel ! C’est pas ma faute à moi si Onirym a prit la poudre d’escampette avant de vous épouser ! Il faut penser au peuple, aux paysans, aux gardes, aux domestiques ! Ils n’ont pas envie d’être perturbés ces petits chéris. Si le royaume est dirigé par une personne non légitime, c’est une source d’instabilité, de chaos, de révolte !
Sinara : ha oui ? Rien que çà ! Vous dites cela parce que je suis une femme ?
Thondurm : pas du tout ! C’est factuel !
Maitre Thuringwethil : mes amis, je sens que la discussion s'échauffe. Nous sommes entre gens raisonnables et civilisés. Tous ensemble nous assurons la pérennité du royaume. Il ne faut pas que des dissensions internes viennent jeter un voile trouble sur ces contrées. Aussi je vous propose une solution. Votons pour déterminer le régent
Sinara : ou LA régente !
Maitre Thuringwethil : ou la régente … Jurez tous que vous voterez avec votre coeur, avec impartialité, et les perdants se soumettrons à la décision de la majorité. Cela vous convient-il ?
Un silence traverse l’assemblée, tout le monde se regarde en coin.
Sinara est la première à réagir, elle se lève, pose fermement les poings sur la lourde table de chêne et déclare : je suis d’accord, faisons comme cela !
Tout le monde autour de la table acquiesce tour à tour.
Tous les regards se tournent vers le nain, qui n’a pas encore répondu.
Thondurm : laissez moi le temps de réfléchir … C’est un truc d'elfe, ça, le vote ? Drôle de manière de prendre des décisions … Chez nous les nains on ne fait pas comme cela !
Maître Thuringwethil : je suis persuadé que ce procédé a un grand avenir devant lui …
Thondurm : permettez moi d’en douter. M’enfin, bon … Qui aura le droit de voter pour choisir le régent ?
Maître Thuringwethil : je pensais à tous les membres du conseil.
Thondurm : donc pas vous ? Puis vous rappeler que vous ne faites pas partie du conseil restreint ?
Maître Thuringwethil : En effet. J’ai été convié ce jour en tant que conseiller et ami proche et sincère de Sir Onirym. Je me propose donc d’être le garant de cette élection, de porter un regard neutre et bienveillant sur le procédé et de garantir sur mon honneur l’intégrité du vote. Et celui qui osera remettre en doute mon impartialité ou la manière dont s'est déroulée cette élection, ou si l’un d’entre vous tente de tricher ou d’influencer les autres, il se prendra une série de bonnes grosses boules de feu dans la tronche !
Sir Gaelfen : maître ! Enfin !
Maître Thuringwethil : oui vous avez raison, excusez moi … Je me laisse emporter par mes sentiments … Cela ne se reproduira plus.
Thondurm : donc comptons, le conseil est constitué de moi même, de Sinara, de Sir Gaelfen, du chevalier Beornbryn …
Sinara : et il y a également Pépette, même si elle n’a participé à aucun conseil depuis très longtemps, elle est toujours membre de cette assemblée.
Beornbryn : et il y a également Marion, en tant que représentante des Orcs de la cité. Elle n’est jamais venue non plus, mais elle a le droit de vote.
Mestre Igdul : et il y a moi aussi, ne m’oubliez pas … D’ailleurs je pense que pour plus d’impartialité et pour faire adhérer un maximum de personnes à notre décision, il serait sage d’élargir le collèges des votants, aux personnes influentes de la cité …
Thondurm : et vous pensez à qui là ?
Mestre Igdul : je pense à votre confrère nain, Mestre Nain’bus. Il est très sage.
Thondurm : vendu !
Sir Gaelfen : dans ce cas, élargissons aux représentants des principales guildes de la cité : Baric, le maitre bâtisseur, Boris le représentant de la guilde des herboristes, et Cuistot, le représentant de la puissante guilde des taverniers et aubergistes. Et bien sûr Maître Thuringwethil maître de la guilde des mages …
Thondurm : je suis plus d’accord !
Beornbryn : arrêtez de changer d’avis toutes les cinq minutes, sinon on ne va pas s’en sortir !
Sinara : donc cela fait douze personnes.
Mestre Igdul : ça ne va pas. Douze n’est pas un bon chiffre, c’est un signe de mauvais présage et de division. Il y a un risque de vote égalitaires, il faudrait un nombre impair comme cela il n’y aurait aucun souci concernant les résultats éventuels.
Thondurm : on peut virer quelqu’un de la liste ?
Sir Gaelfen : vous pensez à quelqu’un en particulier ?
Thondurm : ça se pourrait mon petit elfe ! Mais il ne sera pas dit que Maître Thondurm créera la polémique, alors je le garde pour moi !
Mestre Igdul : déontologiquement on ne peut pas exclure quelqu’un. Cela fragiliserait le processus démocratique.
Thondurm : de toute façon Pépette ne viendra pas …
Beornbryn : on ne peut pas compter la dessus. Qui intégrer au processus ?
Thondurm : je propose Khalag Irongrip, le roi sous la montagne, sauveur du royaume !
Sir Gaelfen : le roi des nains ? pas très impartial tout cela …
Thondurm : je ne vous permet pas de douter de l’intégrité de mon roi !
Sir Gaelfen : je ne remets pas en cause son intégrité, plutôt ses intérêts …
Sinara : cela suffit, arrêtez. Et pourquoi ne pas demander à Sir Fribon de revenir ? Il connaît bien le royaume, Onirym et tout ça …
L’assemblée acquiesce à cette idée. Thondurm finit par se ranger à l’avis général en bougonnant.
Le vote est prévu dans une semaine. Des corbeaux sont envoyés aux différents participants, insistant sur l’urgence et l’importance de cette réunion extraordinaire.
Comme maître Thuringwethil participe au vote, il a été décidé que ce sera Alounis, le chef de la compagnie donjon & carton qui dirigera le vote.
Le jour du vote est arrivé.
Tous les protagonistes sont réunis dans la salle du conseil. La porte est refermée derrière eux.
Seuls Pépette et Fribon n’ont pas répondu à l’appel …
Maître Alounis, prenant son rôle très à coeur prend la parole.
Alounis : mes amis, l’heure est grave et l’instant solennel. L’avenir de notre cité et de notre royaume est entre vos mains. Vous allez procéder au vote. Chacun à votre tour vous vous rendrez derrière ce paravent et vous noterez sur un parchemin le nom de la personne que vous désirez élire. Vous glisserez votre papier dans ce coffre ou une ouverture a été aménagée. Puis je procéderai au dépouillement, devant vous.
Un à un, les participants, l’air grave, vont voter.
Une fois tout le monde passé, Maître Alounis va chercher le coffre, l’ouvre et place les papiers sur la grande table. Il prend le premier papier, le lit et déclare “Thondurm”.
Puis il prend un second papier et déclare à nouveau “Thondurm”.
Thondurm affiche un large sourire.
Alounis prend le troisième parchemin et lit : “Sinara”.
Puis le quatrième, et déclare : “Graffard petitbon”
Thondurm : hein ? Quoi ? C’est quoi cette histoire ? C’est qui celui-là ?
Toute l’assemblée à l’air perplexe.
Thondurm : qui a voté pour ce gars qu’on connait même pas ? C’est n’importe quoi cette histoire !
Sir Gaelfen : aussi étrange que cela puisse paraître, rien n’interdit en effet de voter pour la personne de son choix.
Thondurm : c’est vous qui avez voté pour ce gus ?
Maître Alounis : je vous arrête là ! Le principe d’un vote secret c’est que justement on ne sait pas qui a voté pour qui ! Donc ne cherchez pas à savoir, ce serait anti démocratique.
Sir Gaelfen : je ne faisais qu’évoquer une vérité, pour répondre à votre interrogation. Continuons à procéder au dépouillement.
Maître Alounis saisit un nouveau papier et déclare : “Sinara”.
Thondurm ronchonne dans sa barbe : ça fait deux partout …
Un nouveau papier est révélé et Maître Alounis déclare : “Petitbon”.
Thondurm devient tout rouge, agite sa chope de bière vivement et hurlement : quoi encore lui ? Ca fait deux partout pour tout le monde, c’est vraiment le bordel cette élection !!!
Maître Thuringwethil : calmez vous, il reste encore des parchemins, le vote n’est pas terminé.
Maître Alounis enchaîne le dépouillement : “Thondurm”.
Thondurm : ha !!!!
Maître Alounis : “Sinara”.
Thondurm : ho …
Maître Alounis : “Thondurm”.
Thondurm : HAAAAAA !!!!
Beornbryn : dites donc, vous allez nous faire grâce de toutes vos onomatopées à chaque fois ???
Thondurm : je fais ce que je veux ! Il est pas interdit de s’exprimer non ? Ou tout le monde doit tirer une tronche de balais à chiottes pour la circonstance ?
Maître Alounis : je vous demande moins d’enthousiasme maître nain. On est pas à une kermesse, mais à un moment officiel qui demande une certaine retenue …
Donc, vote suivant : “Sinara”. Nous avons donc quatre votes pour Thondurm, quatre pour Sinara et deux pour cet inconnu, Graffard Petitbon. Il reste un dernier vote. Je vais procéder à cet ultime dépouillement.
Dans la salle, la tension est à son comble. Tous les regards, crispés, sont tournés vers le maître de cérémonie qui prend le dernier papier dans le coffre d’un air magistral, le déplie lentement et en prend lecture, sans que son visage ne trahisse quoi que se soit.
Les secondes sont interminables, puis il finit par déclarer : “Sinara”.
Un brouhaha de soulagement envahit l’assemblée.
La jeune princesse affiche un large sourire alors que Thondurm s’arrache les poils de sa barbe …
Marion vient mettre une grande claque dans le dos de Sinara : bravo princesse ! Vous allez assurer, j’en suis sûre !
Un à un les membres du conseil viennent saluer et féliciter la princesse.
Une fois remis de ces émotions, Thondurm s’avance vers elle également d’un pas assuré. IL se plante devant elle la toisant d’un regard sombre et puissant.
Sinara soutient son regard, impassible.
D’un geste vif, Thondurm attrape un verre sur la table, le remplit de vin et le tend à Sinara.
Thondurm : bravo princesse, même si tout cela me confirme que votre histoire de vote est une grosse foutaise, je m’incline, vous avez gagné ! Vous êtes la nouvelle régente du royaume ! On va faire du bon boulot ensemble, tant que vous me fichez la paix et laissez assurer mon rôle de chambellan comme il se doit !
Sinara accepte la coupe tendue, et le regard bienveillant et légèrement amusé répond : mais bien sûr Maître nain. Votre compétence n’est plus à démontrer. Onirym vous fait confiance pour assurer le quotidien est je ne compte pas remettre cela en cause. Tous ici nous allons faire du bon travail, en attendant le retour de mon cher Onirym !
Tout le monde prend un verre et porte un toast. L’ambiance est plus détendue et plus légère. Tout le monde semble soulagé de la manière dont toute cette histoire se termine …
D’un seul coup, la porte s’ouvre violemment et un garde paniqué, fait irruption !
Garde : général ! Général !
Beornbryn : Que se passe t-il ?
Garde : une troupe armée et conséquence s’avance vers le palais !
Beornbryn : quoi ? Mais de qui s'agit- il ?
Garde : ils portent des oriflammes avec un dragon de sable sur fond d’or !
D’un coup Sinara devient blême et murmure : il s’agit des armoiries de mon père, le Sir de BlackWood. Ainsi il m’a retrouvé …
Sorell prend Onirym un peu à l’écart du groupe et lui murmure : alors ? Tu sais qui a fait le coup ?
Onirym : franchement, j’en suis pas très sûr. Ils sont tous les quatre étranges … Le cocher est fou, le chevalier pas très net, le ménestrel … Et bien je me suis toujours méfié des ménestrels ! Et Dame Catharina … Le coup de la jeune est belle femme qui épouse un vieux marchand pour son argent, c’est un grand classique !
Sorell : je suis d’accord avec toi, mais il n’y a pas un détail qui te met la puce à l’oreille ?
Onirym : franchement ? Non. Mais faut dire que j’ai pas trop la tête à çà, je suis plus préoccupé par la manière dont je vais m’y prendre pour rentrer chez moi que par la résolution de ce meurtre, aussi tragique soit il …
Sorell : t’inquiète mon poulet, on va te renvoyer chez toi ! Mais moi je m’amuse comme un petit fou ! J’adore ça !
Onirym : alors d’après toi, qui est l’assassin ?
Sorell : il y en a un qui a menti et c’est forcément pour se couvrir !
Onirym : qui ? Tu vas me le dire à la fin ???
Sorell : oui, c’est le ménestrel.
Onirym : je sais pas pourquoi mais je le savais !
Sorell : je pense qu’en fait c’est pas un ménestrel, mais un assassin. Il va falloir se méfier quand on va le confondre …
Onirym : un assassin ? Mais pourquoi ? Qui l’a payé ?
Sorell : peut-être Dame Catharina … Mais ça j’en sais rien …
Onirym : et qu’est ce qui te fait dire que c’est lui ?
Sorell : quand on l’a interrogé, il a déclaré s’être éloigné du groupe pour s'entraîner, jouer de son instrument et chanter.
Onirym : oui ok mais ?
Sorell : aucun des autres protagonistes n’a déclaré avoir entendu de la musique ou chanter … Ils l’auraient forcément entendu ! Il a donc menti !
Onirym : haaaaaa … T’es doué ! Qu’est ce qu’on fait maintenant ?
Sorell n'a pas le temps de répondre, qu’ils entendent du bruit dans la forêt tout autour …
Les cheveux, nerveux, se mettent à hennir.
Puis Dame Catharina pousse un long cri apeuré !
Onirym et Sorell se précipitent vers la diligence.
Alaric est au sol, en sang. Rick semble mal au point aussi, du sang s’écoule d’une profonde blessure au côté. Il se tient comme il peut, blême et tremblant au chambranle de la diligence.
Dame Catharina pousse un nouveau cri, terrifiée.
Chanterelle a sorti deux épées courtes, une dans chaque main et se tient prêt, tous les sens en alerte.
Des ombres sortent des buissons et entourent la diligence. Longues redingotes en cuir sombre, visages masqués, dagues courbes … Les mêmes que ceux qui ont attaqué Onirym et Sorell dans les ruines !
Sorell pousse un juron : merde comment est ce qu’ils nous ont retrouvé ceux là ???
Onirym sort sa lame valyrienne : oui je pense qu’ils t’en veulent énormément !
Alors qu’Onirym et Sorell s’approchent, les assassins se tournent vers eux. L’un d’eux fait un signe dans leur direction, et ils se jettent à leur poursuite !
Voyant la dizaine d'assassins fondre sur eux, Onirym et Sorell font demi-tour et se précipitent dans la forêt !
Les deux compères courent aussi vite qu’ils le peuvent. Les ombres-assassins progressent rapidement, silencieusement, entre les arbres, tout autour d’eux. De temps à autre des dagues ou des traits de métal viennent s’écraser au sol ou sur les arbres à proximité des fuyards.
Sorell : la vache, ils nous filent le train, ils ont pas l’air de vouloir lâcher l’affaire !
Onirym : ouais, et on saura jamais avec certitude qui a tué le gras marchand …
Sorell : ça t'intéresse maintenant ? Tu crois pas qu’on a mieux à faire ?
Onirym : si bien sûr, mais tu m’as bien vendu le truc, j’ai envie de savoir !
Sorell : et bien promis si on s’en sort vivant, on ira leur demander !
Onirym : s’ils ont pas fuit avec la diligence … Au moins les assassins vont les laisser tranquille puisqu’ils sont à nos trousses !
Sorell : ils sont en train d’essayer de nous encercler et de nous couper la route, il faut trouver un endroit où nous protéger !
Onirym : là !
Il pointe du doigt l’entrée d’une caverne au milieu des arbres.
Sorell : ce sera parfait, les Dieux sont avec nous !