
Onirym se réveille doucement.
Il est porté par le doux mouvement du carrosse, le grincement des essieux et le “clip clop” des sabots des chevaux sur le chemin.
Il ouvre doucement les yeux. Onirym est assis sur un banc tapissé de velours rouge. Au travers des fenêtres de l'équipage, il aperçoit une forêt. Des arbres décharnés, tordus, les branches nues comme des griffes essayant de déchirer le ciel. Au-dessus de la cime des arbres, la voûte céleste nocturne est baignée d’étoiles brillante et la lune, majestueuse, inonde le paysage fantasmagorique d’une lueur claire et laiteuse.
Histoire d’ajouter encore un peu plus de mystère à cette scène irréelle, un épais brouillard enveloppe la forêt, transformant l'ombre des arbres en spectres torturés.
Une voix douce et féminine sort Onirym de sa torpeur : Alors ? Bien dormi ?
Assise face à lui dans le carrosse, une jeune femme aux longs cheveux noirs, vêtue d’un épais manteau de soie le regarde en souriant.
Elle tient blotti sur ses cuisses un gros chat noir qui le fixe également.
La scène a quelque chose d’irréel, de troublant.
Onirym n'a aucune idée d'où il est et de comment il est arrivé là …
Onirym : heu … Bonjour. Qui êtes-vous ? Où sommes-nous ?
Le jeune femme sourit légèrement, et c’est le chat qui répond : Si vous êtes ici c’est que vous êtes mal barré !
Onirym : pardon ?
Chat : quoi ? Vous n’avez jamais vu de chat qui parle ?
Onirym : si, mais ça c'est plutôt mal passé (1).
Chat : rassurez vous je n’ai rien à voir avec mes congénères qui peuplent votre monde. Voyez moi plutôt comme un messager.
Onirym : où sommes-nous ?
Chat : ce n’est pas important. Ce qui compte c’est la destination de notre voyage …
Onirym : si vous le dites.
Chat : et il vaudrait mieux pour vous ne pas y arriver …
Onirym : génial !
Onirym cherche dans ses poches le barzougalpahium. Il commence à paniquer quand il se rend compte que ses poches sont vides ! La sphère magique a disparu !
Chat : vous cherchez quelque chose ?
Onirym : oui j’ai perdu un truc important !
Chat : c’est peut être que cet objet n’était pas si important que cela au fond …
Onirym : vous rigolez ? C’est le seul moyen que je connaisse pour rentrer chez moi !
Chat : et c’est vraiment ce que vous voulez ?
Onirym : mais bien sûr ! Je veux revoir mes amis, ma douce Sinara et …
Chat : et ?
Onirym : et je vais être papa ! Je ne peux pas les abandonner.
Chat : N'est-ce pas pourtant ce que vous faites ?
Onirym : oui … non ! Je n’ai rien voulu de tout cela !
Chat : vous le pensez vraiment ?
Onirym : Oh hé ça suffit avec vos questions à deux balles ! Bien sûr que je veux rentrer !
Le chat fait un grand sourire énigmatique et révèle une large rangée de dents hérissées.. Ses yeux se mettent à luire autant que la lune au-dessus d’eux.
Un sentiment de crainte et de malaise s'empare d’Onirym.
Il essaye de changer de sujet de conversation en s’adressant à la jeune femme : et vous ? Que pensez-vous de la situation ? Vous avez vu ma sphère magique ? Comment faire pour rentrer chez moi ? Qui êtes-vous ? Vous trouvez pas que votre greffier est un peu étrange ?
Le jeune femme tourne délicatement la tête vers Onirym, plongeant ses grands yeux dans le regard perdu d’Onirym. Onirym se rend alors compte que la jeune femme a exactement les mêmes yeux que son chat !
La scène commence à se brouiller, la brume envahit l'intérieur du carrosse et Onirym se sent partir.
La voix lointaine du chat parvient à ses oreilles avant que l'obscurité n'envahisse tout : on dirait que vous avez déjà trouvé un élément de réponse, c’est pas mal, vous n’êtes peut être pas aussi désespéré que vous en avez l’air !